Toujours se défier de qui l'on estime [pv Latika :33]

M

inati n'en revenait toujours pas. Elle avait voulu croire, de toutes ses forces, que Clifford le menait en bateau, cherchait à la déstabiliser, et ne disait pour autant rien de vrai, malheureusement, sa volonté se heurter à la plus stricte et éprouvante réalité. Elle s'était confrontée à Gorav, et il avait bien fallu qu'elle se fasse une raison à ce sujet. Il était loin de lui avoir tout dit, il ne s'était pas vraiment comportée comme le chevalier servant qu'il l'avait convaincue être. Il en fallait peu, bien sûr, pour qu'elle lui attribue ce rôle, elle qui n'avait d'yeux que pour lui et ne demandait qu'à faire de lui, son fantasme d'adolescente, son héros. Mais si elle avait été une princesse à sauver et à protéger, lui n'était pas le prince charmant descendu de son fier destriller pour la libérer de son criminel oppresseur. Il s'était joué d'elle, tout ça, ce n'étaient que manigances de toutes natures, au mépris total de son propre sort. Gorav pourrait bien se défendre en affirmant qu'il tenait à elle, qu'il aurait cherché à l'aider dans tous les cas s'il avait su d'une autre manière ce qu'elle endurait, cette situation avait brisé quelque chose en elle, quelque chose qui prendrait du temps à être restauré : sa confiance. Elle qui pensait ne pas l'accorder si facilement s'était visiblement fourvoyée, et à présent, elle se voyait en proie à son premier chagrin sentimental.

Non, bien sûr, elle n'avait pas la bêtise de penser que Gorav, du jour au lendemain, ferait fi de leur différence d'âge et de rang social pour lui déclarer une flamme qu'il n'éprouvait pas, et elle n'attendait absolument pas cela de lui d'ailleurs, mais elle avait voulu garder l'illusion et croire qu'il l'estimait, qu'il l'appréciait. C'était peut-être le cas, mais elle n'arrivait plus à s'en convaincre totalement. Pour la peine, elle n'allait pas très bien, elle avait besoin de se confier. Mais à qui ? A son père ? Il ferait exécuter Gorav sur le champ et sans chercher plus loin ? A sa mère ? Elle s'épargnerait bien ses sermons, comme elle l'avait toujours fait jusqu'alors... A ses frères et soeurs ? Pour les avoir toujours regardés de haut, aucun d'eux ne la tenait dans leur coeur, bizarrement. Alors au final, il n'y avait qu'un nom pour lui venir à l'esprit, et c'était bien évidemment celui de la belle Latika, que Minati considérait davantage comme une grande soeur que comme une future belle-mère. Profitant de sa visite au palais, et la découvrant seule, elle vint la trouver, bien décidée à lui ouvrir son coeur.

-Latika, est-ce que je pourrais te parler ? demanda-t-elle dans une esquisse de sourire.

En vérité elle ne lui laissait pas spécialement le choix.

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atika, chaleureuse et souriante, lui promettait d'être à l'écoute, sans réserve, de ses problèmes, et c'était exactement la réponse que la princesse avait voulu entendre de sa part. La demoiselle adorait la prétendante de son père en partie pour cela, parce qu'elle avait toujours pu voir en elle une grande soeur et une confidente, une personne capable d'écouter ses problèmes, et surtout de la conseiller du mieux possible. Elle ne l'imaginait pas capable de lui mentir ou de mal l'aiguiller, elle était loin de se douter de ses réelles intentions, mais en attendant, elle n'avait jamais eu à se plaindre de ses conseils ou de ses recommandations, elle lui avait souvent été d'une aide précieuse, et elle voulait que cela continue. Minati avait donc bien l'intention de tout lui dire de ce qui lui était arrivé, avec l'espoir qu'elle s'en fasse une bonne opinion et puisse la guider dans les méandres de ses pensées, parce qu'elle se sentait totalement perdue, de son côté. Elle avait juste du mal à savoir par quoi commencer, notamment parce qu'elle gardait un souvenir cuisant de l'humiliation que lui avait fait subir Clifford dans les geôles, même si ça avait sûrement été une bonne leçon pour elle, d'autant qu'elle commençait à le croire... mais pas au point de ne pas se demander s'il n'était pas en train de lui retourner subtilement le cerveau. Elle était convaincue que c'était le genre de choses qu'il devait bien souvent faire, et, qu'elle le veuille ou non, elle était influençable. Ce n'était en tout cas pas la confiance qu'elle plaçait en Latika ou qu'elle voulait placer en Gorav (même si cette dernière faiblissait) qui donneraient l'illusion du contraire.

-L'autre jour, j'étais dans les geôles, au sous-sol, elle préférait taire les circonstances qui l'y avaient menée, c'était prouver qu'elle avait cédé à l'ordre de Clifford sans savoir que c'en était un quand les hommes de son père lui avaient demandé de se rendre au sous-sol. C'était elle qui donnait les ordres et qui exigeait, normalement, pas les autres. Mon père y a fait enfermer Clifford, l'homme qui m'a enlevée. Mais qui ne devait plus y être à l'heure actuelle, apparemment, il savait sortir de cette cellule comme d'un moulin, et Minati, quelque part, par son attitude et son silence, y avait contribué. A tort ou à raison, elle avait encore bien du mal à se décider à ce sujet. Il m'a dit des choses, au sujet de Gorav... Je sais qu'il m'a peut-être mené en bateau, mais je crois pas...

Elle préférait le préciser car elle ne voulait pas passer pour la grande ingénue qui ne savait pas faire la différence entre les bobards qu'on lui sert et la vérité pure... Sauf qu'entre les deux, la frontière était parfois bien trop ténue.

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inati se sentit soulagée de constater que si son interlocutrice se posait des questions quand à la manière dont elle s'était retrouvée dans les geôles, à faire la conversation avec l'homme qui l'avait séquestrée il n'y a pas si longtemps que cela, elle n'en montrait rien. Oh, elle se doutait qu'elle devait sen poser, des questions, mais elle avait la décence de ne pas les articuler à voix haute, et cela arrangeait très largement la jeune princesse qui n'avait pas forcément envie d'entrer dans ce genre de détails, qui ne la mettaient pas forcément en valeur (comme le fait qu'elle s'était retrouvée recouverte de pied en cap de détritus et autres... déjections dont elle ne voulait plus penser à l'origine)... ce qui comptait pour le moment, ce n'était même pas tant Gorav que Clifford et ce qu'elle avait découvert à son sujet. Il fallait qu'elle démêle le vrai du faux, qu'elle comprenne qui était cet homme qu'elle avait ainsi placé sur un piédestal pendant si longtemps, pour qui elle nourrissait des sentiments où l'admiration se mêlait très clairement à d'autres impressions d'un ordre plus important encore (même si elle savait faire la distinction entre fantasme et réalité, même si ses fantasmes étaient peu nombreux étant donné que son père exauçait le moindre de ses désirs sans se poser la moindre question). C'était là-dessus qu'elle voulait se concentrer, et c'était à cela que Latika s'intéressait. Parfait, elles étaient donc sur la même longueur d'ondes. Et puisque la prétendante de son père ne tournait pas autour du pot, Minati allait faire de même et lui expliquer les choses exactement comme on les lui avait apprises.

-Apparemment, ils se connaissent bien, dit-elle en grimaçant, incapable malgré les faits d'imaginer la moindre connivence entre ces deux-là. Ils étaient aux antipodes, tous les deux, comment était-ce seulement possible ? Et pourtant, il fallait bel et bien qu'elle l'envisage. C'est Clifford qui aurait appris à Gorav que j'étais chez lui pour qu'il me récupère.

Ce qui semblait aussi signifier qu'elle s'était fait un océan de son enlèvement alors que Clifford n'aurait finalement cherché qu'à se débarrasser d'elle après l'avoir trouvée... Elle n'aimait pas l'idée que le cauchemar qu'elle avait eu le sentiment de vivre soit réduit dans l'esprit de son entourage, et plus encore de Latika, à une bagatelle. Pour elle, ça avait été un vrai traumatisme, et il fallait maintenant qu'elle accepte que ce traumatisme soit également patiné d'une bonne dose d'un insupportable mensonge. Elle avait du mal à démêler le vrai du faux, entre ses convictions et les faits bruts, qui rentraient malheureusement en contradiction. Elle espérait que Latika, forte de sa propre expérience, lui permettrait d'y voir plus clair de son côté.

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inati hocha la tête quand Latika déduisit de la situation ce qu'il y avait à en déduire, à savoir le fait que Gorav lui avait menti. Tant qu'elle ne lui en aurait pas parlé, elle aurait envie de lui laisser le bénéfice du doute, mais en même temps, contrairement au serviteur de son père, Clifford, lui, n'avait pas vraiment de raisons de lui mentir... enfin si, peut-être parce qu'il espérait qu'elle lui accorderait sa liberté, mais dans ce cas, il aurait sans doute brodé un autre mensonge, parce que celui-ci n'avait pas l'impact suffisant pour qu'elle prenne la décision de le libérer. La jeune femme pensait vraiment que le bandit avait été honnête, et donc, il fallait qu'elle remette ses certitudes en question, même si c'était déplaisant. Peut-être qu'elle faisait des histoires pour rien, mais c'était difficile d'accepter que l'homme qu'elle considérait comme son chevalier servant, qui représentait un peu pour elle un idéal certes inaccessible, mais digne, droit, exceptionnel avait ses failles, et surtout, qui s'était permis de fausser son image à ses yeux. Peut-être qu'il avait fait ça pour ne pas la blesser. Mais peut-être aussi qu'il s'était servi d'elle, depuis le début, pour retrouver sa place auprès du sultan. Qui sait, si elle n'avait rien pu faire pour lui, peut-être qu'il n'aurait pas levé le petit doigt pour elle. Elle n'aimait pas considérer les choses ainsi, mais ne pas le faire serait naïf, non ? A ses yeux oui, en tout cas. Dans tous les cas, elle avait besoin d'en parler, et que Latika lui prête une oreille attentive et concernée.

-Apparemment, il cherchait un moyen de se débarrasser de moi. Quelque part, c'était presque vexant. Parce qu'il savait pas que j'étais la princesse ou je sais pas quoi. Si ça se trouve, il a même payé Gorav pour qu'il accepte de me libérer.

On pouvait se dire que seul le résultat importait et que le reste n'avait pas d'importance, mais il était impossible pour la jeune princesse de se cantonner à cette simple interprétation, à cette simple réflexion. C'était peut-être une preuve d'immaturité de sa part - en même temps, il était clair et évident que la maturité manquait plus que sensiblement à la jeune fille -, mais dans tous les cas, ce n'était pas très agréable que de s'être senti un temps importante au regard d'une personne qu'elle estimait énormément, pour qui elle avait un vrai coup de coeur, et de finalement devoir admettre qu'n était peut-être jamais qu'un boulet, aimé et estimé de personne. Pour elle et son égo, ce n'était vraiment pas agréable... et au-delà de ça, le sentiment de trahison était bien présent, et il n'y avait pas grand-chose qu'ils puissent y faire.

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inati fit doucement "non" de la tête quand son interlocutrice lui demanda si elle en avait parlé à son père. Non, elle ne l'avait pas fait, elle n'en avait pas eu l'envie ni n'en avait ressenti le besoin. Elle y avait songé, bien sûr, mais flairant les conséquences, elle s'était ravisée. Est-ce qu'elle devait le regretter ? Peut-être. Vu les circonstances, et étant donné le peu de foi qu'elle savait maintenant devoir accorder au discours de Gorav, elle ne pouvait négliger cette possibilité, celle d'être dupée, celle d'être trahie. Le garder dans son sillage après cela, c'était courire un risque volontaire, et elle ne l'assumait pas tout à fait. Pourtant, elle était bien incapable de se résigner à le dénoncer au sultan... Quant à en parler à Gorav directement... Là, elle savait bien que la conversation allait être proprement inévitable. Elle comptait bien faire ce qu'il faut pour la peine, mais elle ne se sentait pas sereine à la perspective de lui parler. Elle savait que cette conversation promettait d'être longue et houleuse, et plus encore douloureuse. Mais elle savait aussi qu'il fallait en passer par là, que c'était nécessaire si ce n'est indispensable. Elle espérait quand même que son interlocutrice serait capable de l'éclairer, de la guider dans ses choix, car à l'heure actuelle, il est clair qu'elle était un peu perdue. Elle n'avait pas forcément envie de l'admettre complètement, mais elle avait peur.

-J'ai pas voulu en parler à papa, admit-elle, je sais ce qu'il va faire s'il doit apprendre tout ça.

Ou en tout cas, elle en avait une très bonne idée. Son père était colérique, tranché, impulsif (il n'y avait pas à se demander longtemps de qui elle tenait, exactement)... Il avait fait renvoyer Gorav pour avoir simplement cassé un vase, alors s'il devait apprendre qu'il était de connivence avec l'homme qui l'avait enlevée, il voudrait en finir avec lui de manière radicale, c'est plus qu'évident.

-Mais je vais parler à Gorav, même si je m'attends pas à grand-chose.

Surtout, elle essayait de minmiser ses attentes. Elle n'osait pas le dire (mais Latika l'avait sans doute deviné de toute manière), une part d'elle avait encore envie de croire que Gorav était encore et toujours son chevalier servant. Ce n'était pas pour rien qu'elle refusait de le dénoncer à son père. Peut-être que Gorav s'en moquait de son côté. Mais en ce qui la concernait, s'il devait arriver malheur à cet homme par sa faute... elle se le reprocherait éternellement.

-Tu crois que je devrais mettre papa au courant ? demanda-t-elle alors, qui avait désespérément besoin des conseils de la prétendante de son père.

Elle était sûr qu'elle saurait bien l'orienter. Elle la connaissait, et elle connaissait aussi le sultan. Elle pourrait lui être d'un soutien précieux.

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inati se sentait rassurée d'entendre son interlocutrice approuver son intention de ne pas parler de tout cela à son père. L'opinion de Latika comptait vraiment pour elle, et si elle avait exprimé une pensée contraire à la sienne, elle se serait sentie obligée de l'écouter, voire de la respecter. Oui, la princesse était assez influençable, elle pouvait difficilement le nier, mais en même temps, elle ne s'adressait pas à n'importe qui non plus : Latika avait bien assez fréquenté le sultan pour pouvoir comprendre et analyser son comportement, pour présumer de son attitude en fonction de telle ou telle situation. Alors Latika approuvait, parler au sultan n'était pas une bonne idée, et donc, elle allait s'abstenir... au moins jusqu'à ce qu'elle ait parlé à Gorav. Ce qui ne serait pas un moindre luxe, bien au contraire. Elle ne pensait pas que cette conversation changerait les choses, parce que la jeune femme se méfierait de tout ce que l'homme pourrait dire et faire à présent. Maintenant, si elle devait comprendre que Gorav représentait bel et bien une menace envers le trône, alors il était évident qu'elle prendrait les mesures qui s'imposaient au moment propice. Tout restait encore à déterminer, donc, mais en attendant, les risques qu'encourait Gorav étaient bien trop importants pour agir à la légère. Ce n'était pas d'un simple renvoi qu'il s'agirait, si Minati choisissait de l'accuser du pire. Le sultan ne supporterait pas qu'on se soit ainsi joué de la chair de sa chair. Ce qui attendait sûrement Latika, c'était un aller express jusqu'au monde des morts. La réaction d'Adarsh Raddhal serait terrible et grandiloquente. Elles l'étaient toujours, et pour bien moins que ça, d'ailleurs.

-D'accord, répondit Minati en hochant la tête. Je te dirais comment ça s'est passé, affirma-t-elle en souriant alors, même si à la seule évocation de l'inévitable conversation qu'elle aurait avec son chevalier servant tombé de son piédestal, elle sentait son estomac se serrer terriblement.

Elle savait qu'il faudrait qu'elle prenne sur elle et rassemble beaucoup de courage pour ne pas se laisser dévorer par ses angoisses et garder la tête froide avec Gorav. Elle n'avait aucun mal, généralement, à tenir tête à autrui, peu importe l'âge et la situation sociale de la personne, mais avec Gorav, c'était différent. Elle était convaincue qu'il n'aurait pas la moindre difficulté à lui retourner le cerveau s'il le décidait, et bien évidemment c'était tout sauf pour la rassurer. Elle savait qu'elle était un peu trop faible face à lui, mais elle comptait bien concentrer toute sa rage et toute sa déception dans cet échange. Le fait de promettre à Latika de faire le rapport de cette situation, ça l'encouragerait à agir e la bonne manière, sans faire de concession.

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inati appréciait la gentillesse et la compréhensivité dont faisait preuve Latika (sans se rendre compte du fait qu'elle se faisait quelque peu manipuler par la même occasion). A l'heure actuelle, alors qu'elle était encore complètement retournée et émue par cette situation, elle avait le plus grand mal à dissimuler ses angoisses, et ça lui faisait du bien d'avoir le soutien de la prétendante de son père, qu'elle considérait véritablement comme une grande soeur. Elle savait à quoi s'attendre, et en même temps, elle avait peur que ce soit pire que ce qu'elle appréhendait. Oui, elle avait vraiment peur de sa prochaine conversation avec Gorav et elle doutait fort que les choses se passent réellement bien, comme la jeune femme essayait de l'en convaincre. Elle pourrait la contredire, comme elle avait tendance à le faire avec tous ceux qui lui faisaient l'offense de ne pas se ranger à son opinion. Mais ce n'était pas pareil quand il était question de Latika. Parce qu'elle était convaincue de pouvoir se fier à son jugement. Et même si en cet instant, elle ne voulait sans doute que l'apaiser, Minati acceptait de prétendre y croire... Parce que, en effet, elle avait le plus grand besoin d'être bel et bien rassurée.

-On verra bien, dit-elle pour bien lui faire comprendre qu'elle n'était pas réellement de cet avis mais qu'elle n'avait pas pour autant de débattre avec elle à ce sujet.

Bien au contraire, même. Minati ne pouvait rien faire d'autre de toute manière que d'attendre le moment fatidique, quoi qu'il en soit. Alors oui, elle verrait bien, mais elle ne s'attendait clairement pas à un résultat... agréable.

-Qu'est-ce que tu dirais de parler d'autre chose ? ajouta-t-elle sans aucune transition. A présent qu'elle s'était épanchée sur ses problèmes, elle n'avait aucune intention d'en rajouter. Elle pensait en avoir suffisamment fait comme cela dans tous les cas. Maintenant que tout était dit, elle avait seulement besoin qu'on lui change les idées, et elle ne connaissait personne qui puisse être plus à même de réellement lui parler de choses qui l'intéressent ainsi pour qu'elle sache l'espace d'un instant, si ce n'est oublier, du moins occulter les problèmes qu'elle voyait poindre et qui lui gâchaient l'existence. Raconte-moi quelque chose, n'importe quoi, qui me fasse oublier toutes ces histoires sordides.

Ce n'était pas un ordre, mais pas loin. Même avec les personnes dont elle se sentait proche, la princesse était tout à fait capable de se montrer diablement exigeante. Elle qui était habituée à obtenir tout ce qu'elle voulait venait de subir un coup dur, elle n'en supporterait clairement pas davantage, c'était même évident. En tout cas, si quelqu'un était susceptible de lui sortir les derniers potins et altérer sa morosité, c'était bien elle.

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inati aimerait pouvoir, en un claquement de doigt, oublier cette situation désagréable, pouvoir passer outre le sentiment de trahison qu'elle ressentait vis-à-vis de Gorav, mais il allait lui falloir bien plus de temps que cela pour se remettre de cette situation et pour en acceptant les conséquences. En attendant, elle ne pouvait qu'essayer de mettre ces considérations dans un coin de sa tête en essayant tant bien que mal de se focaliser sur autre chose. Ce n'était pas une mince affaire, et elle n'était pas certaine d'y réussir si bien que cela, mais elle y tenait quoi qu'il en soit, et le mieux pour ce faire était, très clairement, incontestablement, de changer de sujet et de ne plus y revenir. C'était comme ça, maintenant, il allait bien falloir faire avec pour la peine, et il y avait sans doute quelque potin, quelque anecdote croustillante que la prétendante de son père avait en réserve, qui sauraient la sortir de cette impasse émotionnelle même temporairement et l'aider à se sentir mieux. Elle laissa donc à Latika le soin de leur trouver un sujet de conversation moins déprimant, plus distrayant, et il ne fallut en effet pas longtemps à la jeune femme (qui en réalité ne l'était pas tant) pour trouver de quoi la détourner de ses sombres pensées.

Elle avait surpris une conversation de la part de l'une des femmes de son père. Cela commençait bien, d'autant que la princesse les détestait tous... Enfin, c'était exagéré, elle aimait sa mère, qui faisait exception. Mais elle passait trop de temps à prétendre qu'elle la haïssait, en bonne adolescente en crise, pour qu'elle puisse faire la différence à l'heure actuelle. Cette épouse qui n'avait pas besoin d'être nommée avait donc aperçu la robe que Latika porterait, et elle en était, semble-t-il, terriblement jalouse. Pas étonnant, cette dernière devait être magnifique. De toute façon, même dans la pire robe jamais portée, Latika aurait plus d'allure que n'importe laquelle des femmes de son père. Elle rivalisait, et de très loin, en beauté et en élégance avec n'importe laquelle d'entre elles, ça ne faisait pas le début du moindre doute.

-Il n'y a pas que de ta robe qu'elle est jalouse, si tu veux mon avis, répondit Minati. Elles rêveraient toutes de te ressembler, elles te détestent, ajouta-t-il sur le ton de la confidence, prononçant ces mots comme un compliment, bien sûr, parce que c'en était réellement un à ses yeux, et non des moindres, qui plus est. Elle ressemble à quoi ? ajouta-t-elle, les yeux pétillants, parvenant d'autant mieux à faire en sorte de laisser derrière elle ses plus terribles considérations pour se focaliser sur quelque chose de certes plus trivial, mais surtout plus plaisant. Je peux la voir ?

Si l'une des femmes de son père avait eu droit à voir la robe de cérémonie de Latika, il n'était que justice que Minati le puisse aussi, non ?

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M

inati affichait un sourire en coin tandis que son interlocutrice ne niait pas détester cordialement toutes les épouses du sultan. Minati ne s'offusquait pas une seule seconde de ce propos. La jeune femme n'avait d'estime pour aucune des femmes de son père... bon, exception faite de sa mère, bien sûr, qu'elle aimait sincèrement même si elle prenait toujours soin de le montrer le moins possible. Pour les autres, la princesse les détestait définitivement, et sans vouloir y regarder une seconde fois. Latika était bien la seule à avoir accompli l'exploit de s'attirer ses faveurs, et elle resterait la seule, c'était clair et net. Rien ne rapprochait mieux deux individus qu'un ennemi commun, alors évidemment, quand elles s'en prenaient verbalement à ces femmes pour qui elles n'avaient pas l'ombre de la moindre estime, forcément, ça plaisait très largement à Minati.

Elle pourrait s'épancher sur ce sujet plus que longuement, mais ça lui convenait très bien aussi de passer à autre chose, en l'occurrence pour discuter de la robe que la jeune femme porterait à son mariage, et qu'elle avait hâte de découvrir. Latika la prévint que la robe en question n'était pas finie. Minati n'était pas étonnée, elle se doutait qu'il resterait des finitions à fournir jusqu'au dernier jour, mais elle voulait déjà se faire une idée d'à combien prestigieuse la jeune femme serait... sachant qu'elle se révélait dans tous les cas sublime peu importe la tenue qu'elle choisissait de porter. La beauté de Latika irradiait et ne manquait pas de faire pâlir Minati de jalousie de temps à autre. Même si elle réussissait pour le moment à faire abstraction de cela pour se concentrer seulement sur l'enthousiasme qu'elle ressentait à l'idée de découvrir la tenue cérémonielle que son interlocutrice porterait le grand jour venu (grand jour qui n'oubliait pas d'approcher à grand pas d'ailleurs).

Elle se laissa entraîner, un grand sourire aux lèvres, jusqu'aux appartements de Latika. Elle aimait le sentiment de complicité qui s'était instauré entre elles et continuait de lui laisser penser que Latika était comme une grande soeur pour elle. Elle adorait l'idée de découvrir cette tenue en avant-première. Et elle espérait que ce serait à la hauteur de leurs attentes respectives. Et alors, elle lui montra la fameuse robe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle était tout simplement sublime. Elle n'était pas achevée, mais qu'est-ce que ça donnerait quand ce serait le cas ! Déjà comme ça, de nombreuses femmes se battraient pour une telle tenue. C'était définitif, elle serait encore plus détestée qu'elle ne l'était déjà, et ça, c'était plaisant... même si Minati commençait à se dire qu'elle ne ressemblerait définitivement à rien de son côté, en comparaison.

-Elle est incroyable !! Je la trouve magnifique. Papa va pas en revenir.

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M

inati hocha vivement la tête. Bien évidemment, qu'elle le pensait vraiment ! Comment pourrait-elle penser autrement, d'ailleurs ? Il était impossible de ne pas constater combien cette tenue lui allait à ravir. A ce stade, ce n'était même pas la robe qui sublimait Latika, c'était Latika qui sublimait cette robe, comme tout ce qu'elle portait. La princesse était intimement convaincue du fait que, même s'il avait dû être d'usage dans leurs mariages de porter des sacs en patate lors de la cérémonie, elle serait tout de même la femme la plus élégante du royaume du bout de l'océan. C'était comme ça, c'est tout, elle irradiait.

C'était à la fois impressionnant et un peu rageant il est vrai, car face à une telle beauté, il était plus que difficile de soutenir la comparaison. Ceci dit, pour l'heure, Minati était plus fébrile et réjouie qu'amère. Le grand moment approchait, et elle brûlait singulièrement d'impatience. Ce mariage-là, il comptait véritablement, et Minati était convaincu que l'on se souviendrait longtemps de cet événement majeur. Et plus encore de la si jolie mariée qui avait fait oublier à tous et à tous que d'autres femmes et d'autres sortes de beauté pouvaient bel et bien exister.

-Je suis sûre qu'il s'attend pas à ça, observa Minati, il va être subjugué.

Elle était sûre pourtant que son sultan de père plaçait la barre haut concernant Latika, et pourtant, elle restait certaine qu'il serait surpris malgré tout, mais dans le bon sens du terme, cela va sans dire.

-Et papa est déjà comblé, avec toi, ça se voit.

Mais Minati avait encore l'innocence de ne pas s'imaginer que l'intérêt que le sultan portait à sa nouvelle femme puisse être avant tout sexuel. Elle n'était pas née dans un chou, elle l'avait bien compris, et elle savait bien ce que les hommes et les femmes faisaient dans leur intimité et qu'il avait bien fallu que Adarsh Raddhal soit un minimum porté sur la chose pour lui pondre autant de frères et de soeurs. Mais bien évidemment, ce n'était pas un sujet qu'elle appréciait de se figurer. Donc bref, elle s'exprimait en toute innocence. et sans aucune intention par ailleurs de s'attarder plus longuement sur la question. Elle n'estimait pas que Latika puisse avoir réellement besoin d'être rassurée sur la question. La jeune femme était magnifique et il était incapable qu'elle l'ignore, d'autant que des centaines d'hommes avaient dû se charger de le lui dire.

-J'ai pas la moindre idée de ce que je vais porter, moi, enchaîna-t-elle, la mine légèrement déconfite.

Ce n'est pas qu'elle cherchait toujours à rabattre la couverture sur elle, loin d'elle cette idée mais... bref, elle se posait inocemment la question, disons. Et il allait devenir urgent d'y répondre.

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M

inati afficha un large sourire quand Latika lui assura être certaine qu’elle trouverait la plus merveilleuse des tenues. Pour le coup, la princesse n’en avait pas réellement douté. La jeune fille était gâtée à plus d’un titre, et cela passait notamment par sa tenue. Elle portait toujours les vêtements les plus expansifs, les plus chers et les plus somptueux, brodés de perles et de pierrerries qui suffiraient à elle seule à nourrir tout une famille pour plusieurs années (sans qu’elle éprouve le moindre scrupule à ce constat).

Oui, forcément, elle aurait une tenue exceptionnelle, mais elle voulait surtout qu’elle soit encore plus exceptionnelle que d’habitude. Tâche impossible ? Non, elle ne le pensait pas. Minati ne connaissait pas vraiment la notion d’impossible de toute manière. Elle voulait quelque chose, elle battait des cils et elle l’obtenait, c’était comme ça que ça fonctionnait pour elle. Comme ça que ça avait toujours fonctionné. Et elle n’avait pas l’intention que ça change. Elle n’attendait pas de Latika qu’elle la rassure, juste qu’elle la conforte dans ses petits caprices d’enfant pourrie gâtée, et puisque c’était ce qu’elle faisait, elle était franchement ravie.

-Oui, c’est pas comme si j’avais l’intention de lui laisser le choix, confirma-t-elle d’un ton qui en disait long sur la relation qu’elle entretenait avec son père, et qui ne pouvait évidemment pas être saine, partant du principe que tout ce que la jeune fille désirait, elle l’obtenait en bénéficiant de l’influence, de l’amour et du pouvoir d’un père qui ne réussissait pas à lui refuser quoi que ce soit. Et après tout, où était le mal. Elle était une princesse, elle estimait qu’elle se comportait comme telle, ni plus ni moins. Mais il y connaît rien, je vais certainement pas compter sur lui pour trouver ma robe de rêve. Elle la jaugea de haut en bas, ne dissimulant rien de ce qu’elle avait l’intention de lui apprendre à présent. C’est toi qui va m’aider à trouver ma tenue.

Ce n’était pas une suggestion, ce n’était pas une proposition, c’était presque un ordre. Oui, elle l’aiderait à trouver sa tenue, elle n’avait pas le choix, point final. Et elle espérait bien, qui plus est, que Latika en serait sincèrement ravie et qu'elle l'aiderait au mieux, qu'elle ne manigancerait pas pour la rendre ridicule. Minati ne connaissait pas femme plus belle et élégante que Latika. Si quelqu'un savait quoi faire pour se mettre en valeur, c'était bien elle, et Minati escomptait bien bénéficier de tout son talent et de toute son expertise pour à son tour en profiter comme il se doit et briller aux yeux de la gente masculine. Son père lui arguerait peut-être qu'elle était trop jeune pour cela, mais Minati était certaine qu'il la trouverait toujours trop jeune quoi qu'il en soit. Alors qu'elle, eh bien c'était comme ça, elle avait envie de plaire et de ne pas passer inaperçue, et elle n'avait certainement pas l'intention de s'en priver.

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inati afficha un air réjoui quand Latika lui assura qu'elle acceptait en effet de l'aider à choisir sa tenue. Bon, dans tous les cas, la jeune princesse n'aurait pas toléré le moindre refus, mais elle appréciait tout de même de ne pas avoir besoin d'insister et de ne pas jouer les gamines capricieuses (enfin, ce n'était pas vraiment un jeu, c'était plutôt son état naturel, mais passons). C'était toujours plus agréable d'obtenir directement ce qu'on voulait sans avoir spécialement besoin d'insister pour l'obtenir. Elle avait vraiment envie de briller par son élégance, elle avait envie d'attirer les regards... d'attirer tout court, en fait. Eh quoi, c'était de son âge, après tout. Alors, c'est vrai, Minati agissait bien souvent comme une petite fille... et elle l'était par certains aspects, surtout dans son comportement, et son père ne la traitait pas forcément différemment, mais elle devenait une jeune femme, malgré tout. Et elle voudrait, parfois, que les hommes la regardent comme ils ne manquaient pas de toiser Latika chaque fois qu'elle se rendait quelque part, sans presqu'aucune exception.

Minati s'y voyait déjà, dans une robe qui la mettrait parfaitement en valeur, elle et ses formes naissantes. Elle pourrait peut-être même se maquiller, qui sait ? Enfin, on l'y autorisait déjà, à se maquiller et à s'habiller des plus belles robes. Mais à ses yeux, ça avait, disons, tendance à ne pas être suffisamment outrancier. Elle n'avait pas non lus envie de provoquer pour le seul plaisir de provoquer, il ne s'agissait pas exactement de cela. Elle voulait juste, l'espace d'une soirée... plaire, voilà tout.

-J'aimerais bien, reconnut Minati. Généralement, personne ne me remarque.

Et quand Latika était dans les parages, c'était encore pire. Bon, elle était bien jeune, en même temps, et ce n'était pas forcément un mal si des hommes plus âgés ne l'observaient pas avec convoitise, mais bon, les adolescents de son âge ne semblaient aussi voir en elle qu'une gamine agaçante dans tous les cas (encore une fois, ce n'était pas pour rien, certes). Alors, à Latika, elle osait confier sa frustration. Elle n'oserait en parler avec personne d'autre, en même temps. Si elle en parlait à son père, il serait sans doute ravie que les choses restent ainsi, et sa mère... bref, c'était sa mère, quoi. Mais Latika, elle, était comme une grande soeur pour elle, elle la connaissait bien, et aussi, elle savait séduire, ça ne faisait pas un pli. Alors elle bénéficierait avec grand plaisir des conseils avisés de Latika.

-Tu pourrais m'aider, pas vrai ? J'en ai marre d'être transparente.

Pourtant, elle le serait sans doute déjà moins, contradictoirement, en se la fermant. Mais ce serait définitivement trop lui en demander, très clairement. Il ne fallait pas s'attendre à des miracles.

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inati rayonna quand Latika lui assura qu'elle allait effectivement l'aider. C'était tout ce qu'elle avait eu envie d'entendre, et elle se sentait rassurée de ne pas essuyer simplement un refus moqueur comme elle l'avait appréhendé. Même si la princesse était habituée à obtenir tout ce qu'elle voulait, elle savait tout de même que, par moments, ce n'était pas si évident, et en l'occurrence, Latika aurait pu décider de garder tous ses secrets pour elle. Mais non. Elle était définitivement une amie précieuse, et la jeune femme ne savait définitivement pas ce qu'elle ferait sans elle. Elle bénissait le jour où elle était rentrée dans la vie de son père et dans saz vie à elle. Car ce n'était définitivement pas à ses parents qu'elle pouvait demander conseil et espérer qu'ils lui répondent honnêtement s'il devait s'agir du sexe opposé et de son potentiel de séduction. Pourtant, c'étaient des questions qu'il était normal qu'elle se pose à son âge, pas vrai ?

Elle voulait croire Latika sur parole quand elle lui assurait qu'elle ferait des émules, et elle comptait bien faire ce qu'il fallait pour ça, elle écouterait assidument tous les conseils de son interlocutrice. Et cette dernière pourrait s'en sentir flattée, car ce n'était pas tous les jours que la jeune femme écoutait les conseils d'autrui. Elle était plus habituée à les snober qu'à les écouter religieusement. Même si elle avait certainement beaucoup de choses à apprendre, ça ne lui faisait pas peur. Elle n'était pas du genre élève assidue, ses précepteurs (et elle en avait eu beaucoup car elle estimait souvent très vite qu'ils n'étaient pas assez bien pour elle) pouvaient en témoigner, mais pour une leçon pareille, ce n'était pas la même chose.

Le sourire de Minati s'agrandit quand Latika lui assura qu'elle était magnifique. De la part de la plus belle entre toutes, ça la touchait sincèrement. Elle ne se trouvait pas si belle, mais elle aimait se laisser complimenter. Ca faisait du bien à l'ego, incontestablement.

-D'accord, dit-elle quand son interlocutrice lui fit comprendre que pour commencer, elle allait devoir percer les mystères qui entouraient la gent masculine. Elle le croyait sans mal en effet. Elle ne savait rien des hommes, et c'était une grande frustration pour elle, vraiment. Au-delà d'une frustration, c'était une source d'agacement, presque. Dis-moi tout ce que je dois savoir alors. En quoi les hommes sont particuliers ? Tu en a connus beaucoup avant papa ?

Minati se posait honnêtement la question. Latika était si belle, elle avait sûrement connu d'autres hommes. Comment était-ce ? Est-ce qu'elle avait déjà été amoureuse ? Elle se posait un bon milliard de questions. Est-ce que Latika saurait lui donner une réponse à la hauteur de ses attentes ? Au moins, Minati pensait qu'elle ne lui mentirait pas.

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