L'amour ça se vit ou ça se créé. (Odelle)

L'amour ça se vit ou ça se crée.
   

Odelle avait du mal à savoir comment les choses allaient évoluer dans un futur proche, mais il était certain que cela allait évoluer. En bien ou en mal, ça c’était une interrogation qui restait en suspens. Mais ce dont il était certain, c’était qu’une nouvelle époque se préparait. Odelle n’en était pas forcément heureuse, parce qu’elle devait bien admettre que ces dernières décennies à Féerie avaient été faites de paix et de calme, ce qui n’était pas négligeable. Edgar était un bon roi, elle n’en avait jamais douté, elle avait également un grand respect pour lui. Et elle ne pensait pas cela de tout le monde. Elle avait tout de même quelques remords à avoir abaissé la barrière entre les deux royaumes, mais elle était restée tellement frustrée d’avoir perdu Daphnée qu’elle n’avait pu résister à la tentation de la tenir à nouveau sous sa coupe pour pouvoir la manger comme elle avait mangé son frère. Si elle avait su, elle aurait envoyé balader Nathaniel. Mais elle avait été faible et n’avait écouté que sa gourmandise, elle aurait au moins du lui demandé de lui refiler la gamine avant de faire quoique ce soit. Mais c’était une erreur qui lui avait servi de leçon au moins, maintenant, elle demandait toujours le butin d’abord avant de rendre le service. On ne la roulerait pas deux fois, ça jamais.

C’était une des raisons pour lesquelles elle regrettait d’avoir aidé ce saligaud. Elle n’avait pas eu ce qu’on lui avait promis. La deuxième, c’était qu’avec tout ça, elle avait trahi le roi, même si elle n’avait pas agi contre lui, le bilan était bien celui-là. Et on ne pouvait pas dire que cela lui faisait spécialement plaisir, car comme dit auparavant, Edgar était un bon roi et quelqu’un pour qui elle avait beaucoup de respect et d’admiration. Définitivement, elle avait vraiment tout raté dans cette histoire. Oh, ce cher Nathaniel ne perdait rien pour attendre, elle finirait par lui mettre la main dessus, et ce jour-là, il n’en ressortirait pas vainqueur et en ayant entourloupé tout le monde comme il avait l’habitude de faire. Car Nathaniel était bien la personne la plus égocentrique et indigne de confiance qui devait exister en cette ère. Elle n’en doutait pas une seule seconde. Quoiqu’il en soit, il y avait plusieurs personnes dont elle voulait se venger, mais celle qui s’approchait en ce moment de chez elle n’en faisait pas parti. Et d’ailleurs, sa venue l’intriguait beaucoup. Qu’est-ce que Abygaëlle Odien pouvait bien lui vouloir ? Odelle commençait déjà à chercher, les devinettes cela l’amusait toujours beaucoup. Mais elle devait bien avouer que ce n’était pas une cliente assidue, cette Abygaëlle. Donc cela la rendait que plus intrigante. Mais elle était prête à parier qu’elle venait ici pour une de ses filles. L’une ou l’autre, les deux avaient besoin d’aide de toute façon. Les pauvres enfants… mais bon, c’était comme ça. Tout le monde avait ses problèmes après tout, et tout le monde était à plaindre dans la globalité des choses. Elle sourit en entendant frapper à la porte. Elle avança tranquillement et l’ouvrit, considérant son invité pendant un petit moment.

« Madame Odien, c’est une surprise de vous trouver ici. Entrez, je vous en prie. »

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Odelle était de nature curieuse, même si elle vivait de façon recluse dans les bois- surtout pour ne pas être embêtée- elle aimait être au courant des choses qui se passaient à Féerie. Il fallait bien trouver des occupations après tout non ? Et puis ce n’était pas comme si cela causait de la peine ou du mal à quelqu’un. Enfin bref, Odelle était curieuse de savoir ce qui amenait Abygaëlle Odien ici. Ce n’était pas une visiteuse assidue, loin de là, et elle se demandait ce qu’une femme comme elle pouvait bien avoir à lui demander. Elle était toute ouïe. Oh, ce n’est pas pour autant qu’elle allait lui accorder ce qu’elle voulait. Ce n’est pas parce qu’elle était la mère de la princesse qu’elle aurait tout ce qu’elle voudrait. Odelle ne fonctionnait pas avec la hiérarchie, bon sauf avec Edgar, mais pour le reste, eh bien, elle acceptait d’aider en échange de paiement. Et pas n’importe quoi, elle se contentait rarement d’argent. Mais pour le moment, il n’était pas question d’argent, elle voulait d’abord savoir de quoi il en retournait.

« Bonsoir Odelle. J’ai besoin d’un service. »

Eh bien, elle commençait mal en tout cas. Odelle ne rendait pas de service, rien n’était gratuit chez elle. Quand ce l’était, c’est qu’elle s’était faire avoir, comme avec Nathaniel. Mais depuis ce jour, elle faisait en sorte que cela ne se reproduise plus jamais, aucune chance. Une fois, c’était déjà bien trop. Mais bon, elle allait d’abord la laisser lui dire ce qu’elle voulait, avant de faire fondre ses espoirs, si elle espérait de la charité de sa part, elle ne connaissait même pas ce terme de toute façon.

« Je suppose que… Je suppose que vous êtes capables de préparer une potion permettant à un jeune couple marié de pérenniser leur famille. »

Une potion permettant à un jeune couple marié de pérenniser leur famille ? Voulait-elle une potion de fertilité ? Et si oui… pour qui. Pas pour elle, elle avait déjà eu deux filles, et vu l’âge des parents, c’était peut-être un peu tard pour penser à un garçon, quoique… elle pourrait faire quelque chose. Mais non, ça ne devait pas être ça. Pour sa fille peut-être, la princesse était-elle inapte à concevoir ? Ou alors le prince ? Tout cela commençait à devenir fort intéressant, elle avait hâte d’en apprendre plus sur cette histoire. Mais quoiqu’il en soit, Odelle avait besoin de plus de précisions que ça, parce que mine de rien, c’était un peu confus et brumeux, ces explications.

« Me parlez-vous d’un couple stérile ? Dans ce cas, je peux effectivement concocter une potion pour le rendre fécond, mais chère madame, je crains devoir vous informer que je ne rends pas de services. »

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Odelle était curieuse de savoir ce que voulait exactement cette femme. Rien ne garantissait qu’elle l’aide, vraiment rien. Odelle n’avait plus très envie d’aider les gens, déjà elle ne le faisait pas gratuitement, et depuis que certains s’amusaient à la rouler dans la farine, elle avait bien augmenté ses tarifs (bien qu’elle n’acceptait que rarement de l’argent). Elle choisissait ses prix selon la tâche à accomplir, estimant si cela était compliqué ou non, et surtout, elle faisait attention aux répercussions que cela pourrait avoir. En clair, elle ne laissait rien au hasard. Si elle avait été aussi consciencieuse lorsque Nathaniel lui avait demandé de détruire la barrière, elle ne l’aurait pas fait. Mais on apprend de ses erreurs, c’était une certitude.

Quoiqu’il en soit, pour que la mère de la princesse vienne quémander pour que le couple princier ait un enfant, c’est que cela devait être intéressant. Elle se doutait bien que ce n’était pas pour elle, elle avait déjà eu des enfants, et sans vouloir lui manquer de respect, elle n’était plus dans la fleur de l’âge non plus. Ils étaient mariés depuis quelques temps maintenant, les deux Basiel, et encore aucun héritier n’avait pointé le bout de son nez. Mais cela n’étonnait pas Odelle. Gabriel n’avait pas la bonne sœur dans sa couche, mais bon, au moins, il avait sa sœur jumelle, c’était déjà pas mal. M’enfin, elle pouvait tout de même comprendre que le jeune homme ait du mal. Elles étaient sans doute différentes au-delà de l’aspect général pour ceux qui les connaissaient bien. De toute façon, le jeune homme était coincée dans ses histoires de cœur, Valérianne s’en était donné à cœur joie pour que cela soit ainsi. Mais elle était toute ouïe pour en savoir de quoi il en retournait vraiment, Odelle était toujours friande de tout savoir. Elle appréciait être mise au courant.

« Je m’en doute et votre prix sera le mien. »

Oui, enfin, elle était peut-être de bonne volonté, mais elle doutait fort qu’elle ait vraiment ce qu’elle voulait. Si à tout hasard elle lui fournissait Daphnée, elle lui ferait toutes les fioles qu’elle voulait, mais elle était convaincu que ce n’était pas le cas, et il y avait de fortes chances pour qu’elle ne connaisse même pas la gamine et n’en ait jamais entendu parler.

« Mais je me dois de me montrer plus précise avec vous. Il s’agit du couple princier. Et ce n’est pas un couple stérile. Le prince ne touche pas sa femme, jamais. Ils ne risquent pas d’apporter un héritier au roi de cette manière. Ce que j’aimerais, c’est un moyen de pousser le jeune prince à remplir son devoir. »

Odelle n’était pas surprise par sa demande, du moins, elle était déjà plus ou moins au courant de cette situation. Et elle trouvait ça amusant qu’elle mentionne le roi comme si cette information allait valoir une mine d’or pour Odelle. Elle se doutait qu’Edgar ne devait pas être au courant de sa démarche, surtout qu’ils étaient en froid avec Odelle, alors il n’aurait pas vraiment envoyé Abygaëlle lui demander quoique ce soit. Ce qu’elle retenait, c’était surtout une mère qui désespérait de ne pas avoir de petits-enfants.

« Dîtes clairement que vous voulez le droguer, cela ira plus vite. Quoiqu’il en soit, je peux faire quelque chose, mais je ne pense pas que cela soit une bonne idée si vous voulez mon avis. Ou bien ce sera temporaire, et Gabriel aura une réaction très imprévisible lorsqu’il se rendra compte de la supercherie, ou bien c’est sur le long-terme et tout le monde se rendra compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans son comportement. Après, vous faîtes comme vous voulez. Et dans les deux cas, sachez qu’il y a de fortes chances pour que je ne sois pas solidaire avec vous si on vient me poser des questions, mais cela n’a rien de personne, bien entendu. »

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Odelle était dans une position assez délicate. Pas en présence d’Abygaëlle, mais c’était surtout vis-à-vis du roi. Edgar ne l’avait plus dans ses bonnes grâces depuis qu’elle avait détruit la barrière qui séparait les deux royaumes, et mine de rien, elle était peinée de cette situation. Edgar était tout de même un excellent roi, et Odelle l’avait sincèrement en sympathie, et elle ne voulait pas risquer de l’énerver encore plus à son sujet, si cela était possible. Peut-être que la femme disait vrai, que le roi serait enchanté que Gabriel enfante, mais Odelle n’était sûre de rien. Pourtant, elle n’avait pas vraiment de scrupules, que ce soit le prince ou la princesse, elle se fichait autant de l’un que de l’autre. Quoiqu’elle se rangeait peut-être un peu plus du côté de Gabriel, juste parce qu’il était le fils d’Edgar. Et puis, il est vrai qu’elle aimait mettre le bazar, créer le chaos c’était toujours amusant, mais elle ne devait pas agir dans la précipitation. La gourmandise l’avait déjà perdue, il ne fallait pas que cela continue ainsi.

Il est vrai, qu’il ne serait pas plus mal que la lignée des Basiel continue, elle était pour. Même si elle voulait surtout que le règne d’Edgar se poursuive. Le prince n’était pas vraiment sin digne représentant, les fois où elle l’avait vu, c’était décevant. Est-ce qu’il fallait vraiment que cela soit son fils qui gouverne ? Il ferait mieux de choisir un autre héritier, ou même d’en faire un autre. Mais bon. Quoiqu’il en soit, Odelle ne savait pas encore où se positionner, ni même quelle réponse elle devait donner à la femme en face d’elle. Si cela venait directement du roi, elle aurait accepté sans hésiter, mais là, elle n’avait aucune certitude, juste la parole de cette femme qui ne lui inspirait pas spécialement confiance. Non pas qu’Odelle craigne quoique ce soit, ou qui que ce soit, mise à part le roi peut-être, mais elle n’acceptait que de servir les intérêts d’Edgar, même si cela n’était peut-être pas flagrant.

« Je comprends parfaitement. Concernant le jeune prince, je suis d’avis que son comportement à suffisamment changé ces derniers temps pour qu’on se pose déjà des questions. Cela dit, je ne souhaite pas quelque chose sur un trop long terme. »

Elle avait parfaitement compris ce qu’elle voulait. Odelle était en mesure de lui fournir, évidemment, elle n’était pas n’importe quelle sorcière. Si elle était capable de détruire des barrières magiques, ce genre de filtre était un jeu d’enfants pour elle. Elle n’était pas la sorcière la plus puissante de Féerie pour rien. Et elle méritait bel et bien son titre, ce dont elle était très fière au passage.

« Je ne vous demande de me couvrir. Et ne vous en faites pas, je n’ai pas l’intention de faire quoi que ce soit sans l’accord du roi. »

Eh bien justement si, elle s’en faisait. Parce qu’encore une fois, elle n’avait que la parole de cette femme. Quoiqu’il en soit, Odelle ne l’aurait jamais couverte, même si elle le lui avait demandé. Elle n’était pas du genre à couvrir qui que ce soit. Encore une fois, Odelle ne se souciait que de sa propre personne, et du roi, tout le reste, elle s’en moquait éperdument. Et elle ne s’en cachait pas.

« Je vois tout à fait ce dont vous avez besoin. Mais je n’ai que votre parole, et sans vouloir vous vexer, elle ne vaut pas grand-chose à mes yeux. »

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En soit, il était totalement probable qu’Edgar désire que son fils ait un fils à son tour, perpétuant ainsi la lignée de Basiel, elle n’avait jamais eu cette conversation avec le roi, et depuis que la barrière était tombée elle n’avait eu aucune conversation avec lui-même lorsqu’il n’était pas encore au courant, alors elle était incapable d’affirmer ce que voulait ou non le roi à ce sujet-là. Et à bien d’autres aussi. Elle ne connaissait pas cette femme, si ce n’est qu’elle était la mère de la princesse, Odelle n’avait jamais discuté avec elle, et elle ne connaissait que peu de choses d’elle, alors elle ne pouvait pas vraiment lui faire confiance. Cependant, elle ne rejetait pas non plus totalement sa proposition, parce qu’il fallait bien qu’elle gagne tout de même de quoi se sustenter, même si elle n’était pas dans le besoin, et qu’elle savait très bien se débrouiller seule de ce côté-là, mais un peu d’aide était toujours la bienvenue.

Et Odelle n’était pas du genre à rechigner lorsqu’on lui faisait une commande, tant que cela restait dans les intérêts du royaume, elle n’était pas vraiment réfractaire à ce qu’on lui demandait. Mais là, cela touchait directement la famille royale, même si aucun mal ne serait fait à ses membres, elle n’était pas certaines que ce serait une bonne chose pour la psychologie du prince, déjà que cet enfant était perturbé… était-il la peine d’en rajouter ? Elle n’en savait trop rien. En tout cas, le dernier mot ne serait probablement pas donné aujourd’hui. Il y avait beaucoup trop d’incertitudes pour cela. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles ne pourraient pas faire affaire, et que la femme en question ne repartirait pas avec ce qu’elle voulait. Enfin dans tous les cas, elle n’aurait pas sa potion aujourd’hui, Odelle n’en avait pas en stock, et il allait falloir qu’elle en prépare, mais pour cela, elle devait être certaine qu’elle puisse faire affaire avec elle sans craindre de répercussions de la part d’Edgar, et il allait falloir qu’Abygaëlle lui fournisse cette preuve avant toute chose.

« Je comprends parfaitement. Qu'est-ce que je peux vous offrir en échange ? »

Il y a beaucoup de choses qui pourraient plaire à Odelle, et qui pourraient lui être utiles. L’argent était toujours bénéfique, ne serait-ce que pour trouver parfois certains ingrédients pour des potions, ou juste pour qu’elle puisse s’acheter ce dont elle avait envie. Mais elle hésitait avec autre chose. Car si Odelle était un pêché, ce serait la gourmandise. La dernière fois qu’on lui avait promis un enfant (et pas n’importe lequel) elle n’en avait jamais vu la couleur, mais Abygaëlle, serait peut-être plus honnête. En tout cas, elle était encore indécise sur la question, mais elle allait devoir se décider pourtant.

« Tout d’abord, je veux une preuve de l’accord du roi. Un mot me suffira. Pour le paiement, je fixerai un prix une fois le problème bien analysé. Cependant, si vous êtes prête à m’apporter un enfant, je peux peut-être faire un effort sur l’accord du roi. »

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Odelle se doutait bien qu’il y avait peu de chances pour que cette femme lui apporte un enfant. Oh elle les connaissait, les gens en général. Ils affirmaient qu’ils allaient donner tout ce qu’elle demanderait en échange de leur requête, mais quand il était question de passer au paiement, il n’y avait plus personne. Parce que cela blessait leurs mœurs ou leur sensibilité. Pourtant, manger un enfant ce n’était pas pire que forcer un garçon à faire l’amour avec une femme qu’il ne voulait absolument pas. Pourquoi le cannibalisme serait pire que le viol ? Oui, il fallait appeler un chat un chat, et cette Abygaëlle ne valait certainement pas mieux qu’elle.

On ne demandait pas l’avis de la sorcière, mais elle en avait tout de même un. Et elle pensait qu’un enfant entre Gabriel et son épouse serait totalement stupide. Déjà parce que lui n’était pas très dégourdi, et qu’il n’avait presque rien pris de son père, et ensuite parce qu’elle, eh bien elle ne servait pas plus. Alors oui, elle était d’accord qu’il fallait un héritier, mais un héritier entre ces deux-là ne servirait à rien. Surtout que Gabriel ne voudrait certainement pas d’un enfant qu’on l’avait forcé à avoir (au pire cela ne la gênerait pas de l’en débarrasser évidemment). Mais tout de même, ce n’était pas une bonne idée.

Le mieux serait encore de remplacer l’épouse de Gabriel par quelqu’un qui en avait un peu plus dans la cervelle, et qui serait capable de suivre le chemin tracé par Edgar. Là, on en était très loin. Et Odelle pouvait aussi servir à évincer la princesse actuelle. Evidemment, ce n’était pas la femme en face d’elle qui en ferait la demande, c’était sa fille, mais au pire… si jamais Edgar avait besoin, elle pourrait se montrer à nouveau. Quand bien même pour l’heure elle était très loin d’être dans ses bonnes grâces. Pour l’heure, elle ferait mieux de se concentrée sur son interlocutrice.

« J’aurais l’accord du roi. Vous pouvez compter sur moi pour ça. »

Bah tiens. Elle n’était pas surprise. Qu’elle lui ramène l’accord du roi ne garantirait pas qu’elle s’exécuterait. Elle verrait bien, en fonction des mots exacts du roi. Et qu’elle n’essaye pas de lui faire parvenir un faux document, Odelle le saurait. Quoiqu’il en soit, si elle avait à faire cette potion, elle ne la ferait pas de gaieté de cœur, elle n’aimait pas ce projet. Et elle ne manquerait pas de lui faire payer le prix maximum, et pas forcément qu’en pièces d’or. Qu’elle s’y attende, Odelle était une femme d’affaires redoutable quand il le fallait.

« Oh, mais je ne compte sur vous pour rien très chère. Je n’approuve absolument pas votre procédé. Je ne m’exécuterai que sur demande du roi, je tiens à ce que vous le sachiez. Mais ce sera tout de même vous qui devrez payer. C’est votre initiative après tout. »

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Odelle n’avait aucune ambition de devenir amie avec tout le gratin. Ça ne l’intéressait pas. Mis à part le roi, tout le monde pouvait bien la détester, quelle importance. Ce qu’elle aimait surtout, c’était qu’on la craigne, qu’on sache qu’il ne fallait pas la prendre à la légère et qu’elle n’était en rien l’alliée de tout le monde. Ses services se méritaient, elle ne faisait pas ça comme ça, et elle devait toujours y trouver son compte. Plus que ses clients. Alors elle se fichait bien d’être désagréable à Abygaëlle, elle ne l’aimait pas bien non plus, elle aimait peu de monde, dans tous les cas. Mis à part elle, ses affections se donnaient sur les doigts d’une seule main. Et cela lui convenait bien comme ça, elle était une sorcière, pas une bonne fée. Quoique les fées pouvaient se montrer très rancunières, cela avait été démontré sur la personne de Gabriel justement.  

On pourrait lui rétorquer qu’elle pourrait faire un effort, parce qu’il s’agissait du prince et de la princesse, et qu’en temps de soutien d’Edgar, elle ne devrait pas être aussi regardante. Mais elle n’en avait rien à faire, qu’ils pondent un lardon ou non. Ils étaient aussi insignifiants l’un que l’autre, ne contribuaient à rien dans le royaume si ce n’est faire beau. Alors honnêtement, cela ne la branchait pas plus que ça de les aider à concevoir. Enfin non pardon, de forcer Gabriel à concevoir, parce qu’il n’avait aucune envie de son épouse. Finalement, elle avait beau manger des enfants, elle n’était pas la pire âme vivante non plus.  


« Je paierais. Cela m’étonnerait que vous soyez apte à juger mon procédé. »

Odelle ne pouvait peut-être pas se permettre ce genre de choses, mais justement, elle se le permettait. C’était comme ça. Si ça ne plaisait pas à cette femme, eh bien c’était tant mieux en sorte. Elle la trouvait antipathique, et elle n’avait aucune envie de lui faire plaisir. Elle traiterait avec elle si le roi donnait son accord, elle ferait l’effort et elle lui fournirait ce qu’elle avait demandé, mais ça ne l’empêcherait pas d’avoir un négatif sur elle. Pas au point de se montre naturellement méchante avec elle, ou d’user de ses pouvoirs pour la tourmenter, après tout, elle ne lui avait rien fait du tout, mais elle fixerait un prix bien plus élevé qu’elle ne l’aurait fait avec quelqu’un d’autre, qu’importe ce qu’elle lui demanderait, juste comme ça, pour le plaisir. Elle faisait payer plus cher quand ça ne l’enchantait pas de faire une tâche.  

"Pourtant je le juge. Et je ne pense pas que ce soit sage de votre part de vous permettre des remarques sur moi.”

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