Même le vide est indispensable (Jocaste)

Prendre de la hauteur, tenter de s'élever au-dessus des choses. Depuis cette tour du château, le monde semblait minuscute. L'infinité verte de la forêt, l'immensité bleuâtre de l'océan. Tout un univers s'étendait sous ses pieds, dont il ne devinait pas, avant, toute la complexité. Il se demandait si, en prenant ces hauteurs, son père en éprouvait un sentiment de puissance, l'impression de dominer son monde. Ce n'était pas le cas de Gabriel. Lui, de son côté, se sentait plus petit qu'il ne l'avait jamais été... 

Il était venu ici pour s'isoler, pour respirer, mais il se sentait maintenant saisi de vertige, et il réalisait d'autant plus combien il était minuscule dans un monde aussi dense. Il avait envie de jouer sa part dans ce monde, que la beauté qui s'en dégageait ne dissimule pas une laideur immense... Mais la tâche lui semblait si complexe... et lui se sentait submergé. Surtout qu'il n'avait de pouvoir auprès de personne. Certainement pas auprès de son père, qui ne le considérait que comme une entité négligeable, au pire un gêneur ô combien agaçant. Quant aux rebelles... Il savait bien qu'Eleonore était entièrement sous la coupe de ce Nathaniel... et il n'avait plus de nouvelles depuis une éternité.

Et il ne se rendait pas compte que pour obtenir certaines réponses à ses questions, il lui suffirait de descendre de quelques étages. Il n'aurait besoin de faire qu'une seule et unique chose : se rendre dans des geôles dont il ne soupçonnait pas l'existence, et découvrir que l'ennemi de son père y avait été enfermé. Preuve, donc, que la situation était plus désespérée que jamais. Le rôle qu'il pourrait jouer, c'était peut-être ici, c'était peut-être maintenant.

Mais pour le moment, il n'en savait rien. Dans l'ignorance la plus totale, les pieds, attiré et inquiété à la fois par le vide qui s'étendait sous son regard. Parfois, il se disait qu'il suffirait d'un geste pour s'échapper à la fois de ce nouveau refuge, et de ce monde... Mais non, le prince n'était pas suicidaire. Non, c'était tout l'inverse. Lui, ce qu'il voulait, c'était vivre. Il aspirait à cela plus qu'à n'importe quoi d'autre. Il voulait vivre, et il voulait le faire comme il le voulait, sans crainte et sans contrainte. Mais pour cela, il faudrait qu'il ne se sente plus si impuissant. 

Le jeune homme entendit du bruit, il sursauta légèrement, et son regard tomba sur la nouvelle venue.

"Bonsoir, Jocaste."

Gabriel se sentait mal à l'aise, comme si on l'avait pris sur le fait de quelque chose de totalement impardonnable, alors qu'en vérité, il n'avait rien fait de mal ou de particulier.

Il se trouvait juste au sommet de l'une des tours du château, qui lui était complètement accessible, et où il pouvait se rendre comme bon lui semblait (contrairement à dautres pièces du château qu'il avait d'autant plus envie de découvrir, à présent, désireux de percer tous les secrets qu'on lui faisait, même s'il savait par avance que certains seraient très difficiles à encaisser.

-Bonsoir mon prince. Je suis étonnée de vous trouver ici.

C'était compréhensible. Dans l'idéal, Gabriel aurait préféré que Jocaste ne le trouve pas ici, dans cette situation précise et dans ce contexte. Malheureusement, c'était le cas, et il n'avait pas d'autre choix que de faire avec. Il n'avait pas envie de s'excuser d'être là, ou de s'inventer un prétexte. Il choisit donc de se montrer évasif, en espérant qu'on ne lui en demanderait pas davantage. Il avait le sentiment que Jocaste était très curieuse, et il était possible aussi que sa mère lui ait parlé. Mais il pensait pouvoir retourner cette curiosité contre elle si besoin lui était de se défendre.

"J'avais juste envie de prendre un peu l'air", répondit-il alors en ayant l'air le plus détaché possible. C'était une façon comme une autre de se justifier, même si pour prendre l'air, il avait plutôt l'habitude de se balader dans les jardins du château, par exemple, ce qui était tout aussi agréable et surtout efficace. "J'aime bien la vue, d'ici."

Ce qui était vrai, il aimait la vue, la hauteur que l'on pouvait oprendre d'ici. Tout avait l'air plus petit, et parfois, il se disait qu'en plissant les yeux, il pourrait entrapercevoir la silhouette d'Eleonore, qui progresserait à travers bois.

"Je ne pensais pas non plus vous croiser ici."

Lui retourner la question était une bonne manière de se détourner de sa personne, ou en tout cas, il l'espérait. Il n'avait aucune envie de parler de lui, et ça sous aucun prétexte. Il préférait se faire oublier de ses parents et de la cour, en tout cas pour le moment, jusqu'à être capable d'y voir plus clair.

-La vue est superbe, je le reconnais.

Allaient-ils se contenter d'admirer et de commenter le panorama ? Le jeune prince le voudrait bien. Il n'avait aucune envie ou intention d'aborder le moindre sujet un tant soit peu personnel. C'était même la dernière chose qu'il puisse vouloir. Ce qu'il désirait, lui, c'était pouvoir garder pour lui les secrets que renfermait son coeur et ne le confier qu'à ceux qu'il estimait digne de les recueillir. Et Jocaste n'en faisait pas partie.

Il n'avait rien contre elle, vraiment. Bien au contraire, même, il avait plutôt tendance à l'apprécier et à le considérer comme une seconde figure maternelle. Il n'avait rien contre elle, non, mais il savait qu'elle était proche de sa mère. La loyauté de Jocaste envers la Couronne de Féerie n'était absolument plus à prouver. Et Gabriel ne voulait courir aucun risque. 

Il aurait pu, à une époque, se montrer bavard à son égard et ne laisser passer aucun sujet de conversation, mais en l'occurrence, il ne se voyait pas faire un tel effort. Ou plutôt prendre un tel risque. Il avait déjà l'impression d'être scruté, constamment, il avait déjà le sentiment que ses intentions et ses "manigances" pourraient être découverts s'il n'y prenait pas garde. Il ne voulait laisser aucun espace de déduction à Jocaste.

-Mais si je suis ici, c'est parce que je vous ai aperçu plus bas. J'ai le sentiment que quelque chose ne va pas.

Voilà bien ce qu'il craignait effectivement d'entendre. Il ne serait pas surpris que ce soit Aurore qui soit directement venu mandater Jocaste afin de lui demander d'aller lui parler, dans l'espoir qu'il soit moins renfermé qu'il ne l'était avec elle. Peine perdue. Gabriel n'avait pas l'intention de faire plus de concessions en présence de Jocaste qu'il n'en avait faites avec sa mère. Il se fermait comme une huître, auprès de tous. C'est ainsi.

"J'apprécie votre considération", répondit le prince dans un fin sourire. Il pesait ses mots, il faisait de son mieux pour avoir l'air naturel, mais il n'était pas sûr de bien réussir à dissimuler le fond de sa pensée. Il n'avait définitivement pas hérité du talent d'acteur de son père. "Mais votre inquiétude est infondée. Je n'ai jamais été mieux." Impossible de le croire. "Je regrette que vous me consacriez inutilement un temps que vous préféreriez rattraper auprès de votre époux", ajouta-t-il, dans l'espoir que la mention de l'époux en question les éloignerait du sujet initial.

-Le temps que je vous consacre n'est jamais inutile.

Le jeune homme esquissa un sourire, mais qui n'était pas totalement sincère, en réalité. Il n'avait jamais remis en cause le comportement de Jocaste ni sa considération envers lui, mais à présent, il ne pouvait s'empêcher de douter... Il doutait de tout le monde. Au sein du château, il n'y avait plus que la parole d'Anthony qu'il ne remettait pas en question... et c'est parce qu'il avait mis cette parole à l'épreuve. 

Malgré tout, il avait presqu'envie de s'y laisser prendre. Il considérait un peu Jocaste comme une deuxième maman, et il n'avait pas envie de découvrir que elle aussi lui mentait depuis presque toujours. Il n'était vraiment pas simple de rester sur la situation comme elle était, de ne pas se questionner sur absolument tout.

-Êtes-vous certain qu'il n'y a rien qui vous tourmente ? Je connais la douleur, mais je sais aussi qu'il y a toujours de l'espoir.

Là-dessus, Gabriel savait qu'elle ne mentait pas. Elle avait effectivement connu la douleur, il le savait très bien. Elle avait souffert du départ de son époux, c'était une chose sur laquelle il était évident qu'elle n'avait pas menti. Mais en même temps, elle avait découvert que l'espoir était permis, puisque son mari était revenu alors que personne ne s'y attendait. 

Est-ce que pour autant il devait parler à Jocaste de ce qui le tourmentait ? Il ne le pensait pas réellement. Il n'avait pas l'intention de trop en dire dans tous les cas. Il se doutait que le tout serait forcément répété au roi et à la reine. Il ne voulait prendre aucun risque. Déjà qu'il avait l'impression que Jocaste jouer les espionnes pour le compte de sa mère.

"J'ai rencontré votre mari", dit-il, changeant presque de sujet. Il m'a parlé de la guerre qui vous a séparés. Oui, il pouvait bien admettre certaines choses en en occultant d'autres. "Peut-être que si vous me pensez tous morose, c'est simplement que j'ai du mal à accepter que l'on m'ait menti au sujet de l'histoire de mon propre royaume."

Ce n'était évidemment pas le seul problème, mais c'en était un malgré tout. Et on ne pourra pas lui reprocher d'être contrarié à ce sujet.

-Mentir n'est pas toujours une mauvaise chose. Tout ce que vos parents ont tu, cela n'a jamais été que dans le but de vous protéger.

Leur dialogue ne déboucherait nulle part, Gabriel en était sûr. Il n'avait que besoin d'entendre son interlocutrice pour comprendre qu'elle était totalement assujettie aux idées de son roi et qu'il n'obtiendrait rien d'elle. Il aurait pu vaguement envisager qu'elle lui apporterait son soutien, parce que la guerre l'avait privé de son mari pendant des décennies, et c'était finalement la rébellion et donc la destruction de la barrière entre les deux mondes qui le lui avaient rendu. 

Elle paraissait refuser, avec obstination, d'ouvrir les yeux. Ou plutôt, ses yeux étaient déjà grand ouverts, et elle décidait de s'en accomoder, elle avait choisi de penser que c'était un mal pour un bien, constat intolérable aux yeux du jeune prince.

Il n'était pas d'accord. Mentir était une mauvaise chose. On pourrait lui répéter, encore et encore, qu'on lui avait menti pour le préserver, qu'il avait pu être plus simplement heureux de cette manière, mais il ne l'entendait pas de cette oreille. On lui avait menti pour le protéger. Mais il ne se sentait ni heureux, ni protégé, en l'occurrence. Non, il se sentait au contraire terriblement malheureux, et en danger plus que jamais, mis en danger par les personnes en qui il croyait le plus au monde, en lesquelles il faisait le plus confiance.

-Je comprends que tout ceci soit un choc pour vous, mais le roi a agi en son âme et conscience, pour le bien de ce royaume, et il n'a jamais été aussi prospère qu'à présent. Croyez-moi, vous avez de la chance d'avoir grandi à Féerie telle qu'elle est à présent.

Il afficha un sourire amer alors que son interlocutrice ajoutait que Féerie n'avait jamais été aussi prospère, que le roi avait fait ce qu'il fallait dans l'intérêt de son royaume, qu'il était chanceux d'évoluer dans ce monde tel qu'il était aujourd'hui. Impossible pour lui de s'en sentir satisfait en quoi que ce soit. 

La chance n'était absolument pas de son côté, il n'était pas du tout de cet avis. Sa chance, ça avait été de rencontrer Eleonore, pas parce qu'il l'avait aimée et parce qu'elle lui avait brisé le coeur, mais parce que grâce à elle, il avait commencé à voir ses illusions se disloquer, et ça lui faisait du bien.

"Où je tourne le regard, je ne vois que de l'hypocrisie, de la manipulation, des non-dits... Si c'est cela la condition à un monde prospère selon vos propos, alors nous n'avons pas la même vision de ce qu'un peuple bien gouverné doit être."

Et Gabriel, qui ne s'était jamais senti l'âme d'un roi, voudrait bien prendre la place de son père, pour enfin appliquer ses propres notions de justice.

-Vous êtes jeunes, vous n'avez pas la moindre idée d'à quoi ressemblait ce monde avant votre naissance.

Gabriel serra les dents. Il n'aimait pas du tout qu'on lui répète encore et toujours la même chose. Il avait l'impression de l'avoir entendu des centaines de fois. Il était trop jeune, il n'avait pas idée de ce qu'était le monde avant... Oui, d'accord, il était jeune, oui, c'est vrai, il n'avait pas idée de ce qu'était le monde avant la guerre puisqu'on lui avait caché la vérité durant tant d'années. Mais ça ne changeait rien à ce qu'il voyait ici et maintenant. 

Il n'avait pas envie qu'on lui répète que c'était pire avant et que la situation était mieux maintenant. Parce que pour lui, ça ne changeait rien au fait que la situation était entièrement catastrophique. Ce n'était pas parce qu'on déposait un joli voile, tout doux et tout charmant sur une situation misérable que cette situation disparaissait une bonne fois pour toutes.

-Votre père a rendu Féerie belle, prospère, pacifique... alors que plus aucun d'entre nous ne le croyait possible. En montant sur le trône, il a accompli de vrais miracles pour son peuple. Je ne saurais que vous souhaiter d'être aussi sage et avisé quand viendra votre tour de porter sa couronne.

Belle, prospère et pacifique... C'était ce que Gabriel avait pensé pendant très longtemps. La désillusion n'avait été que plus grande, la déception avait été d'autant plus profonde. 

Il n'avait pas envie qu'on lui fasse l'apologie d'Edgar Basiel. Il savait ce que le commun des mortels pensait de son père. C'était ce que lui-même avait cru pendant bien longtemps. Il n'avait pas envie d'entendre encore et encore ce discours totalement consensuel alors qu'il savait très précisément ce qu'il en était. Il n'avait aucune envie de ressembler à son père, il n'avait aucune envie de suivre son exemple, surtout pas. Il espérait bien réussir à s'émanciper de cet exemple, justement.

"Quand je regarde le territoire que je gouvernerai un jour, je ne vois ni paix, ni prospérité, je ne vois qu'une beauté de façade et une guerre en devenir. Vous devez bien le voir, vous aussi, non ?" dit-il alors.

Il était beaucoup trop sincère, c'était évident, et ça allait forcément lui retomber dessus, mais il était las de se taire.

-Je ne comprends pas d'où vous vient tant de ressentiment.

Le pire, c'est que Gabriel sentait bien que le désarroi de son interlocutrice était complètement sincère, qu''elle ne jouait pas les ignorantes et ne réussissait honnêtement pas à comprendre ce qui le tourmentait. Cela n'aurait tendance qu'à le rendre plus cynique sur la situation, pour tout dire. Parce que si les principaux acteurs de ce monde malade n'était pas capable de réaliser qu'il avait besoin d'être guéri, de toute évidence, ils n'iraient jamais nulle part.

Elle ne connaissait pas toute l'histoire, mais elle pouvait deviner, non ? Il y avait des éléments qu'il ne cachait pas vraiment, après tout. Par exemple, Gabriel ne dissimulait à personne son agacement à l'encontre de ses parents, ou son absence d'affection pour une princesse à qui il s'était techniquement empressé de demander la main. Il manquait à Jocaste des éléments de l'histoire, c'est vrai. Ou non, et elle faisait semblant comme tous les autres. Est-ce qu'elle savait qu'Eleonore n'était pas réellement Eleonore ? Que son vrai nom était Anna... Il ne parierait pas là-dessus. Il ne savait tout bonnement pas quoi en penser.

Qu'est-ce qui se passe, Gabriel ?

Il en avait assez de se faire passer pour le seul clairvoyant dans un royaume d'aveugles. Il ne sous-estimait pas l'intelligence de tous ces gens de cours. Pour lui, ils étaient tous dans la confidence, et ils jouaient tous le jeu de bon coeur et sans aucun scrupule. Il trouvait cela décadent, dégradant, mais c'était une réalité. Une réalité qui ne devrait échapper à personne mais à laquelletout le monde s'appliquait à se montrer sourd. Pourtant, le prince ne voyait pas ce qu'ils avaient à y gagner. Cela le dépassait totalement.

"Vous n'êtes pas idiote, vous le voyez bien." Il marqua une pause. "J'ai donné ma confiance et mon amour à un roi qui trahit son peuple et lui ment sans cesse. Je ne me sens plus à ma place ici."

Il avait conscience d'en dire trop à Jocaste. Et il se doutait que tout serait immédiatement répété à la reine. Mais il avait vraiment besoin de vider son sac, tant pis s'il devait, en retour, en accuser des conséquences qu'il aurait largement préféré s'épargner. Il avait besoin d'être entendu, de pousser ses parents à bout. Pour voir ce qu'ils seraient capables de lui faire, peut-être.

-Je pense que vous ne prenez pas la pleine mesure de la situation.

Gabriel serra les dents... C'était vraiment la dernière chose dont il avait besoin, à l'heure actuelle, qu'on minimise le fil de ses réflexions, qu'on le taxe de naïf ou d'ignorant alors que ce qu'il tâchait de faire, justement, c'était de n'être plus naïf, plus ignorant, se contenter de faits concrets, qui s'accumulaient progressivement, et qui étaient particulièrement révélateurs.

Personne ne pouvait nier cela, ou alors seulement avec une immense mauvaise foi, et c'était cette mauvaise foi, de la part de tous ceux qu'il avait érigés en exemple par le passé, qu'il ne supportait juste plus. Il n'était plus capable de faire cet effort. C'était insupportable.

Oui, il prenait la pleine mesure de la situation, et c'est parce qu'il en prenait la pleine mesure qu'il voulait tirer le signal d'alarme, une bonne fois pour toutes. Mais tout le monde s'en moquait, personne n'écoutait. Parce qu'ils ne disaient ien qu'ils ne sachent déjà. Ils s'arrangeaient tous avec la vérité, c'est tout. Alors que lui la trouvait insupportable, cette vérité.

-Votre père a tout fait pour vous protéger, vous préserver. Une grande part de ses décisions, les mensonges qu'il a pu vous adresser compris, ont été prise dans votre intérêt.

Oui, on le lui avait déjà dit, il l'avait bien compris, et quelque part, il avait envie de penser que c'était effectivement l'intention première de ses parents, de le préserver ainsi que tous ceux de sa génération, mais ce n'était pas parce que l'attention avait été bonne que Gabriel devait pardonner. L'initiative partait peut-être d'une bonne intention. Mais en attendant, les conséquences en étaient inacceptables. Il n'avait certainement pas le sentiment que l'on veillait à son intérêt à l'heure actuelle.

Si vous ne vous sentez pas à votre place, alors retrouvez cette place. Je suis certaine qu'en parlant plus longuement avec le roi, vous comprendrez que tout ceci n'est qu'un regrettable malentendu.

"Je lui ai déjà parlé, et tout ceci n'a rien d'un malentendu", rétorqua-t-il. "Ma place, c'est maintenant que je la prends. Si elle ne convient à personne, ça m'est égal."

Au moins, lui, serait en phase avec lui-même. Même s'il en venait à se demander s'il ne devrait pas tout simplement partir. Et se rendre quelque part où il pourrait réellement être utile.

"Ecoutez, dites bien à ma mère que vous avez fait de votre mieux, mais je ne vais pas vous faire perdre votre temps. Vous ne me raisonnerez pas. Je n'ai pas besoin d'être raisonné."

Il ne voulait pas attendre qu'elle lui réponde quoi que ce soit, il la toisa d'un regard sévère avant de tourner les talons en direction de la sortie. Il ne voulait plus soutenir plus longtemps cette conversation.