Les amis de mes amis, je m'en méfie [pv Achab]

S

in parlait très souvent de ce vieux loup de mer, Achab, ce Féerien pas comme les autres, pas comme les autres Féeriens, qui lui avait appris les rudiments de la navigation, qui lui avait communiqué sa passion du grand large, celle qui faisait qu'il rêvait à présent de partir, toutes voiles dehors, pour sillonner l'océan. Depuis que la nouvelle de la destruction de la barrière s'était répandue, Sin parlait de plus en plus de cette période pourtant lointaine de son existence, son désir de fuir s'en était retrouvé profondément aiguisé, il ne parlait plus que de ça.

Guiti le retenait, elle savait que ça ne durerait pas. Elle avait accepté de le suivre où qu'il aille, même à travers les mers, et elle le pensait, mais elle estimait aussi qu'il était trop tôt. Si elle devait quitter les terres de sable qui l'avaient vue naître, elle voulait s'assurer qu'elle le fasse sans avoir sur la conscience la culpabilité de ne laisser derrière elle qu'un territoire meurtri, et qui jamais ne se remettrait de ses nombreuses blessures. Les récents événements annonçaient une guerre imminente, et elle voulait apporter sa pierre à l'édifice, rendre à ses terres ce qui leur avaient été volé. Alors les velléités d'évasion de son mari devraient attendre.

Mais n'attendrait pas longtemps, elle le sentait. Ce matin comme beaucoup d'autres matin, Sin n'était pas chez eux, il retapait son avenir, plus que prêt pour le départ. Il le bichonnait autant qu'il la bichonnait elle, et elle comprenait. Elle, en attendant, menait sa propre entreprise, même si depuis le matin, personne n'avait frappé à sa porte pour réclamer ses services... Jusqu'à maintenant.

Quand elle entendit des coups répétés à la porte, elle crut que c'était un nouveau patient qui attendait d'elle qu'elle mette sa magie à sa disposition. Sa surprise n'en fut que plus grande en découvrant un homme d'un âge avancé, à la peau pâle et au cheveu blanc, de l'autre côté de la porte. Oui, elle avait beaucoup entendu parler d'Achab, mais à l'instant de le voir sur son palier, elle fut bien incapable de comprendre qu'il s'agissait de lui. Elle le jaugea de haut en bas. Un Féerien. Encore un. Qui ne devait pas recevoir, par conséquent, le plus chaleureux des accueils.

-Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'un ton défiant.

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chab Silmar... Guiti considéra son interlocuteur avec un mélange de défiance et de curiosité neuve. Ce nom, elle le connaissait. Parce que Sin lui avait souvent parlé de cet homme, de ce Féerien, un marin qui lui avait enseigné le b.a.-ba de la navigation et avait été contraint de s'en aller après la guerre, comme tous les autres Féeriens (bon débarras). Sin le citait souvent en exemple quand il était question de convaincre que certains Féeriens méritaient qu'on leur laisse une chance. Mais c'était un argument qui ne suffisait pas.

Aux yeux de Guiti, cet Achab était un homme adulte qui avait abusé de la crédulité et de la naïveté d'un enfant. Et aujourd'hui, il était de retour... s'il s'agissait seulement de lui ? Rien n'était moins sûr, en réalité, car il pourrait tout autant s'agir d'un homme sans le moindre rapport, qui tenterait sa chance en donnant ce nom pour mettre un pied dans ce monde dans lequel il n'était pas le bienvenu ? Elle n'en savait rien. Seul Sin serait apte à en juger. Mais elle, tout du moins, comptait bien se permettre de jauger le caractère de son interlocuteur et ses intentions. S'il tenait à parler à Sin, il allait devoir en passer par elle, et elle ne comptait rien laisser passer à son interlocuteur.

-C'est le cas, je suis son épouse, répondit-elle très froidement sans pour autant inviter son interlocuteur à entrer. Elle le jaugeait de bas en haut, de haut en bas, avec un évident mélange de froideur et de sévérité. Je vous imaginais autrement.

Elle laissa passer un temps de silence. En vérité, elle l'imaginait plus jeune, ce qui était logique, puisqu'une vingtaine d'années s'était écoulée depuis les récits de Sin, et forcément, l'homme avait pris de l'âge - s'il s'agissait bien de lui, évidemment, ce dont elle continuait de douter.

-Il est absent. Qu'est-ce que vous lui voulez ?

Le voir ? Lui parler ? Elle s'en fichait, il était le lien le plus pérenne qui, même après des décennies, rattachait encore Sin au folklore de Féerie quand Guiti voudrait ne rien avoir à faire avec eux... si ce n'est dans une intention tout sauf amicale. Au fond, elle pourrait le tuer, là, tout de suite. Sin n'en saurait rien, et il ne serait pas une menace pour lui. Oui, mais ce qu'elle se sentait capable de faire avec d'autres, elle serait incapable de le faire avec Sin... Elle l'aimait et le respectait trop pour cela. En ce sens, Achab était un chanceux qui s'ignorait, clairement.

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uiti ne fit aucun commentaire au sujet de ce qui n'était à ses yeux qu'une flagrante tentative de politesse, et qui lui passait par-dessus la jambe. Elle se fichait bien, pour sa part, d'entendre le marin lui assurer être heureux de savoir que Sin s'était marié, elle était à peu près convaincu qu'il se fichait en réalité du bonheur conjugal de Sin autant que s'il s'était agi d'une très vieille chaussette qui ne serait plus susceptible d'être mise depuis bien longtemps. Aucune remarque, pas même un petit rictus, rien du tout, elle se montrait aussi froide et distante qu'une cellule de l'île des soupirs.

Et ce n'étaient certainement pas les justifications de son interlocuteur qui allaient vraiment suffire à lui donner confiance. Il avait envie de le revoir et de lui parler, c'étaient là des explications bien trop vagues pour qu'elle accepte de s'en contenter, de s'en satisfaire.

Certes, il n'avait peut-être pas grand-chose de plus à dire, parce qu'il se contentait de vouloir revoir un vieil ami, rien de plus, mais il avait traversé tout un océan pour se rendre dans un pays qui ne pouvait que lui être franchement hostile, alors si c'était juste pour tailler une bavette avec un gamin qu'il n'avait pas revu depuis près de vingt ans, l'explication lui paraissait relativement bancale, à dire vrai.

-Tout dépend, répliqua Guiti en croisant les bras.

En vérité, elle savait à peu près à quelle heure son mari rentrerait, mais elle n'était pas encore entièrement décidée quant au fait de mettre son interlocuteur à la porte ou non avant l'arrivée de Sin... Cela dit, la balance penchait tout de même sacrément et assez clairement du côté de la première option.

Mais avant de le mettre à la porte (et de sa part, c'était une bien tendre attention, car elle était véritablement capable du pire envers les Féeriens), elle avait envie d'en apprendre plus sur les intentions de cet homme. Il était peut-être complètement honnête envers lui, mais elle refusait de lui faire confiance si facilement, il ne fallait pas exagérer non plus.

-De quoi est-ce que vous comptez lui parler ?

Non, non, elle n'avait pas l'intention de lâcher le morceau, certainement pas. De toute manière, si Achab voulait parler à son mari, il allait devoir en passer par elle, c'était une condition sine qua non. Alors autant qu'il se fasse une raison tout de suite.

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Guiti serra les dents à la réponse de son interlocuteur. Bien sûr que ça la concernait. Tout ce qui concernait son époux la concernait aussi, et surtout quand cela avait un rapport avec les Féeriens. C’était trop intrusif ? Sans doute, mais elle ne s’en excuserait pas. La distance qu’elle prenait avec son interlocuteur, le jugement qu’elle lui opposait, étaient là pour protéger l’homme qu’elle aimait, et qu’elle savait un peu trop sujet à certaines influences. Elle, pour sa part, faisait seulement ce qu’il fallait, ce qu’elle pouvait afin de s’assurer qu’il ne rencontre pas de nouveaux problèmes alors que le passé refaisait surface. Alors oui, ça la concernait, et n’en déplaise à son interlocuteur, elle avait bien l’intention de s’imposer et de dire ce qu’elle pensait, sans jamais se retenir.

-Il va bien, répliqua Guiti avec froideur, pas pour faire la conversation avec son interlocuteur ou lui donner ce qu’il voulait, uniquement pour qu’il se contente de ses dires et finisse par s’en aller, même si elle se doutait que ça n’allait pas être aussi simple que cela, en vérité. Dans la mesure où on peut bien se porter dans un monde en ruines, ajouta-t-elle avec amertume.

Fallait-il qu’elle précise que ce monde était en ruines par la faute d’hommes tels que lui ? Elle ne le pensait pas, non. La jeune femme était absolument convaincue du fait qu’il comprenait parfaitement, même si, à l’évidence, il ne s’en sentait pas suffisamment affecté ou honteux pour admettre qu’il ne devrait pas être ici, ce qui aux yeux de la sorcière vindicative, tombait sous le sens. Il n’avait absolument rien à faire ici.

-Il parle très peu de vous, pour ne pas dire jamais, il s’est totalement fait à votre absence et il n’attend pas votre retour. Vous savoir là lui ferait sans doute plus de mal que de bien.

Elle mentait… Bien sûr qu’elle mentait. Pas que Sin lui parlait d’Achab tous les jours, mais suffisamment pour que la jeune femme sache qu’il pensait souvent à lui. Ce n’est pas pour autant qu’elle estimait sain de s’appesantir sur le passé, ça non. Ça ne les mènerait nulle part de se revoir, et elle n’estimait pas que la curiosité du vieux marin méritait que Sin remette en question ses habitudes, sa perception de la situation ou quoi que ce soit du même ordre. Sin valait mieux que ça et méritait, bien évidemment, mieux que cela également.

-Si vous tenez un tant soit peu à lui, vous partirez sans chercher à le revoir, ajouta-t-elle d’un ton ferme.

-D

onc vous décidez de troubler son équilibre mental pour le seul plaisir de satisfaire votre ego ? Je viens de vous dire que votre présence ne lui ferait aucun bien et vous me répliquez qu'il devrait vous le dire en personne, au mépris du mal que cela pourrait lui faire ? Les Féeriens sont définitivement tous d'immenses égoïstes, cracha Guiti avec toute la rancoeur qui la caractérisait si bien et dont elle faisait constamment preuve.

Bien sûr, elle était de mauvaise foi, Sin serait très probablement heureux de revoir Achab, et il lui en voudrait très certainement de ne pas l'avoir informé de sa présence. Etait-ce pour autant qu'elle voulait agir différemment ? Non, parce que la présence de cet homme ne lui disait clairement qui vaille, et cela, elle ne se l'ôtait définitivement pas de la tête. Ils allaient se revoir et ensuite quoi ? Il allait le conforter dans ses désirs d'évasion, l'éloigner d'elle ? D'accord... elle était paranoïaque, mais en cet instant, sa crainte de perdre Sin et sa haine des Féeriens se mélangeaient tous deux, et cela ne faisait clairement pas bon ménage.

-Et je ne vous autorise en aucun cas à remettre en question l'affection que je porte à mon mari. Vous n'êtes plus qu'un inconnu pour lui et je ne vous laisse en aucun cas le droit d'en juger.

Surtout, s'il était bien une certitude dans la vie de Guiti, et peut-être la seule et unique certitude, au demeurant, c'était l'amour profond qu'elle portait à l'homme qu'elle avait épousé. Il était le seul à véritablement trouver pleinement grâce à ses yeux. Pour lui, elle était prête à sacrifier beaucoup, y compris son honneur s'il le fallait, mais elle apprécierait de ne pas en arriver là si elle le pouvait.

-Vous ne le connaissez plus, et vous ne me connaissez pas.

Et il était sans doute préférable qu'il ne la connaisse pas davantage, car il ne faisait qu'effleurer la surface, il n'en voyait pas encore assez pour savoir comment elle était réellement, mais il finirait par s'en rendre compte s'il se montrait insistant. Et oui, Guiti pouvait être aussi affectueuse qu'elle pouvait être d'une cruauté sans borne. Elle l'était, étonnamment, moins qu'elle pourrait l'être envers son interlocuteur... mais il s'agirait de ne pas tirer sur la corde.

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uiti pouvait admettre au moins une chose concernant son interlocuteur, si elle acceptait de mettre sa mauvaise foi de côté (mais c'était exiger d'elle un effort proche de surnaturel, donc il ne fallait pas espérer de miracles non plus), c'était qu'il avait du répondant. Et de manière générale, la sorcière aimait cela, les personnes qui n'avaient pas la langue dans leur poche et exprimaient toujours le fond de leur pensée. C'est une chose qui n'avait absolument pas changé, à la différence près que les personnes féeriennes pouvaient avoir autant de mordant qu'elle le voulait, ce n'était pas pour autant qu'elle lâchait du lest.

Ceci dit, via ce bref échange, elle savait reconnaître dans le vieux marin un peu des traits de caractère que lui avait rapportés Sin et elle comprenait sans franchement de difficultés pourquoi son mari l'appréciait et pour quelles raisons il était devenu une sorte de figure paternelle à ses yeux. Pour cela, elle devrait lui être reconnaissante, et peut-être qu'elle finirait par l'être un jour, mais c'était encore loin d'être gagné : Guiti avait beaucoup de rancoeur à revendre (au cas où ça ne se verrait pas), et celle-ci n'allait certainement pas disparaître en un claquement de doigt.

-Bravo, vous n'êtes pas encore sourd malgré votre grand âge, répliqua-t-elle quand son interlocuteur lui fit remarquer - à juste titre - l'incohérence de ses propos.

Elle avait bien affirmé, oui, que Sin serait troublé de le revoir - ce qui serait forcément le cas, elle y mettrait sa main à couper. Elle avait également affirmé qu'il était un inconnu pour lui, ce qui était le cas, quelque part, car tous les deux avaient forcément beaucoup changé en près de vingt années. Les deux pouvaient sembler incompatibles mais si Achab s'y connaissait en matière de tours de passe-passe rhétoriques, Guiti n'étaitp as en reste non plus, et elle entendait bien le prouver.

-On peut être troublé mentalement par un inconnu, bien plus que par une personne que l'on connaît. Et c'est d'ailleurs parce que vous êtes devenu un inconnu que vous risquerez de le troubler. Il se persuadera savoir encore tout de vous alors que ce n'est pas le cas, vous le ferez souffrir et je n'accepterai pas ça, ajouta-t-elle d'un ton des plus catégoriques.

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uiti afficha une légère grimace quand son interlocuteur lui fit remarquer qu'il n'avait certainement pas attendu d'entendre le fond de sa pensée. Et il avait bien raison, au fond, agir en fonction de l'opinion des autres était une erreur... Mais Guiti estimait tout autant que s'empêcher d'exprimer la sienne, d'opinion, était une erreur tout autant dommageable, et pour cette raison, il ne fallait certainement pas s'attendre à ce qu'elle daigne la mettre en veilleuse. Non, surtout pas. Guiti avait bien l'intention d'exprimer son opinion haut et clair, n'en déplaise à son interlocuteur.

-J'ai toujours trouvé idiotes les personnes qui attendaient qu'on leur demande leur avis pour le donner... Je ne pensais pas que vous apparteniez à cette catégorie. Vous accumulez déjà suffisamment de tares pour ne pas ajouter celle-ci en plus du reste... Guiti poussa un soupir exagéré. Toute occasion qui lui était donnée d'être désagréable était bonne à prendre à ses yeux, vraiment. Enfin, à quoi devrais-je m'attendre... vous êtes un Féerien, après tout.

Elle le disait avec détachement, mais elle le disait en le pensant, surtout, et en le pensant très franchement et sans le moindre détour... oui, elle se fichait qu'il ne lui demande pas son avis, ça ne l'empêcherait pas de la donner. Ce vieux marin avait clairement de quoi s'attendre à être incommodé par elle... Car elle n'avait pas la moindre intention de s'en empêcher.

-Sin est libre de ses faits et gestes, je ne lui ai jamais interdit quoi que ce soit, tout comme je ne m'interdirais jamais de dire très précisément ce que je pense, ne vous en déplaise. Quant au fait que vous n'ayez pas changé... si vraiment ce n'est pas le cas en plus de vingt ans, alors vous serez bien le premier à ne pas avoir changé en près de deux décennies. Elle poussa un soupir. Je n'empêcherai jamais Sin de faire quoi que ce soit, quoi que vous puissiez vous imaginer.

Et c'était le cas. Elle avait peur que certains de ses choix l'éloignent de celui qu'elle considérait comme l'homme de sa vie, mais elle avait conscience de cela.

-Mais je ne vous ferai jamais confiance, quoi qu'il arrive.

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uiti leva les yeux au ciel. Elle passerait pour une garce, elle l'avait bien compris - et elle l'était probablement -, mais elle estimait que le comportement de son interlocuteur n'était pas beaucoup plus louable alors qu'il l'envoyait promener et dévaluait son opinion alors qu'en l'occurrence, il n'était pas question que d'elle, il était également question de son époux.... Enfin, à quoi bon insister. Il ne voulait pas écouter ? Soit, Guiti espérait qu'il s'en mordrait les doigts à un moment ou à un autre... et une part d'elle avait envie de contribuer à ce qu'il s'en morde les doigts, même si elle ne le ferait pas... Elle sait que Sin ne le lui pardonnerait pas, et elle l'aimait beaucoup trop pour aller aussi loin.

-Merveilleux, nous sommes d'accord sur un point, rétorqua Guiti avec un grand sourire ironique.

Achab ne lui faisait pas confiance (et c'était à raison, il n'avait aucune raison de lui faire confiance, et Guiti n'avait pas l'intention, par ailleurs, de lui en donnait la moindre - définitivement pas).

-Je sais que vous n'attendez ni après mon autorisation, ni après mes conseils, c'est probablement ce qui vous tuera, d'ailleurs... Elle haussa les épaules, l'air parfaitement indifférent. Enfin, ça c'est votre problème, pas vrai ?

En réalité, et même si ça la tuait de le penser, il était très probable qu'elle en vienne à le protéger et à veiller sur sa vie à distance, pas du tout parce qu'elle le souhaitait, évidemment, mais parce que si Sin devait retrouver Achab après l'avoir perdu, ce dernier serait à coup sûr effondré, et elle ne pouvait pas envisager cela. Non, Guiti, même si elle devait avoir l'air fondamentalement égoïste - et elle l'était la plupart du temps -, était capable de faire passer l'intérêt des autres avant elle-même. Elle était capable de faire passer l'intérêt de Sin avant elle-même. Il éveillait en elle sa plus grande part d'humanité, et cette part d'humanité la rendait quelque peu fragile, selon ses propres standards. Sa fragilité assumée quand il était question de son couple était de celles dont elle ne reviendrait pas. C'était ainsi... et sans doute fallait-il l'accepter sans discuter.

-Puisque nous nous sommes tout dit et que vous ne me servez à rien tout comme vous n'attendez rien de moi, j'aimerais que vous ayez l'obligeance de quitter ma maison, maintenant.