But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les choses étaient tendues à Féerie. C’était palpable dans l’air, la tension était présente. Et pour cause, la destruction de la barrière était une nouvelle qui s’était répandue comme une traînée de poudre. Même si pour Joseph, cela annonçait deux mauvaises nouvelles, puisque cela avait permis à Geoffroy Wincane de revenir… S’il avait pu mourir là-bas, il en aurait très heureux. Enfin bon, il fallait faire avec, et Joseph n’avait pas le temps de se lamenter. Il faisait partie de la garde royale après tout, il ne pouvait donc pas se permettre de lambiner, et de perdre inutilement du temps, surtout que le roi comptait sur lui. Peut-être pas directement, mais il comptait sur son peuple pour le soutenir, et c’était ce que Joseph faisait, et allait continuer à faire.
Et d’ailleurs, il avait été chargé de se rendre à Piquiel, afin de mener une petite enquête. Il y avait eu des vents que des individus étranges avaient été aperçus aux abords du village, et Joseph devait vérifier ou non ces dires, en posant quelques questions. Cela ne lui faisait pas particulièrement plaisir, mais il était conscient qu’il s’agissait d’une mission importante, et qui pourrait peut-être grandement aider le roi et le royaume, et il allait donc faire les choses de manière méthodique.
Il aurait aimé pouvoir passer un peu de temps avec Jocaste, mais ce n’était pas possible. Il devait travailler, sans compter que la femme avait retrouvé son époux à présent. Ce qui l’agaçait au plus au point. Il allait devoir y remédier, mais chaque chose en son temps, le roi était prioritaire, bien évidemment. Joseph lui était fidèle et dévoué, et il ne voudrait pas que l’ordre et l’équilibre du royaume soit menacée par quoi que ce soit. La paix était maintenue depuis plusieurs décennies, et ce grâce à Edgar. Il était vraiment un bon roi, il ne fallait pas le nier, et il ne le niait pas d’ailleurs.
Arrivé au village, Joseph entreprit tout de suite de frapper à plusieurs maisons, afin de recueillir plusieurs témoignages, fructueux ou non. Il arriva ensuite devant une nouvelle porte. Il toqua quelques coups et attendit patiemment qu’on vienne lui ouvrir. Il découvrit une jeune femme blonde, et il la salua poliment.
« Bonjour madame. Joseph Ells, garde royal. J’aurai quelques questions à vous poser, si vous le permettez. »
rouver lieu où loger n'avait pas été bien difficile pour Bertille, et pour cause, la jeune femme était débrouillarde. Il avait bien fallu... Elle devait faire avec ses propres moyens depuis l'évasion de la tour, et si dans un premier temps, elle avait surtout compté sur quelques mains tendues et autres coups du sort pour se faire une place, un nouveau nom et une certaine contenance, elle avait depuis pris du galon. Elle avait su frapper aux bonnes portes, compter sur les bonnes personnes, et elle était à nouveau là, à présent, dans cette ville dont elle avait tant et tant exploré les rues dans son enfance, à proximité de ce haut château qui l'avait vue naître et grandir. Elle appartenait à ces lieux, pourtant, elle s'y sentait résolument étrangère. Elle n'avait pas l'intention d'y rester très longtemps. Elle voulait libérer Nathaniel (comme si c'était la chose la plus facile du monde), retrouver Victoria, et s'en aller le plus loin possible, sans jamais se retourner. Elle ne voulait même pas se confronter à Edgar, elle n'en demandait pas tant. Elle voulait juste vivre au lieu de vivoter, et puis s'en aller.
Mais elle devait prendre son mal en patience. Pour le moment, elle n'avait pas de plan d'action véritablement établi, et il n'était pas nécessaire de mettre la charrue avant les boeufs. Elle avait attendu plus de dix ans, elle pouvait encore attendre davantage, même si c'était difficile, même si ces dernières semaines avaient été les plus insoutenables.
Elle sortait le moins possible, elle faisait au mieux pour ne pas se faire remarquer. Même si elle ne pensait pas qu'on parviendrait à la reconnaître après tout ce temps, elle voulait éviter de prendre le moindre risque... Elle voulait qu'on fasse fi de sa présence, oui, mais peut-être que ce ne fut pas totalement efficace, puisque finalement l'on vint frapper à sa porte.
Le coeur de Bertille manqua un battement quand elle entendit les coups portés à sa porte. Elle hésita à aller ouvrir. Et si on venait la chercher ? Et si quelqu'un savait... ? Ce fut à contrecoeur et l'angoisse au ventre qu'elle se décida à ouvrir la porte. Pour trouver un homme. Un membre de la garde royale, sur le pas de sa porte. Bertille sentit l'angoisse monter d'un cran. Malgré tout, elle fit de son mieux pour se garder une contenance. Si elle n'était pas trahie encore, ce n'était pas le moment d'y remédier.
-Oui, bien sûr... Entrez, je vous prie, dit-elle en s'écartant pour le laisser passer. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph n’était pas particulièrement enchanté à l’idée de passer de maison en maison et de rencontrer la basse population de Féerie. Evidemment, il était au-dessus de tout cela, ce n’était pas bien compliqué. Il venait de la haute société, évoluait à la cour du roi et faisait partie de sa garde, ce n’était pas rien. Et puis même sans cela, il avait toujours été élevé en se disant qu’il faisait partie d’une certaine élite, et qu’il valait bien mieux que la plupart des gens. Alors évidemment, se mêler au bas peuple, cela ne l’enchantait pas plus que cela. Mais bon, il n’avait pas vraiment le choix dans tous les cas, c’était un ordre du roi, et Joseph avait toujours été très fidèle à Edgar Basiel, alors ce n’était pas maintenant que les choses allaient changer, loin de là. Surtout vu le climat et le contexte actuel, avec la destruction de la barrière. Joseph ne savait pas encore si une guerre se préparait ou non, mais dans tous les cas, il resterait fidèle au roi, c’était une certitude, et il n’y avait nul besoin de se poser la question.
Il aurait d’ailleurs aimé avoir des affectations un peu plus importantes, mais on avait demandé sa présence ici. Quoique, à tout bien y réfléchir, peut-être qu’il allait pouvoir apprendre des choses intéressantes sur les rebelles qu’Edgar cherchait à attraper, ceux qui s’étaient évadés de la prison, et qui étaient sous les ordres de Nathaniel. D’ailleurs, celui-là c’était fait attraper, et ce n’était pas plus mal.
Joseph avait connu Nathaniel il y a longtemps. Et ils avaient même été amis, mais Nathaniel avait plus que mal tourné, c’était évident. Il n’avait aucun doute qu’Edgar avait fait ce qu’il fallait, et que Nathaniel avait mérité son sort. Et il méritait d’être enfermé par les soins d’Edgar, il ignorait le sort qu’il allait lui être réservé, mais il serait mérité dans tous les cas.
Enfin bref, ce n’était pas le moment de penser à tout cela, il était en plein travail. Il ne savait pas vraiment à qui il allait avoir à faire, il ne connaissait pas la jeune femme qui lui avait ouvert la porte, mais c’était sans importance. Il espérait juste qu’elle se montrerait coopérative, ce n’était pas du tout le moment de faire des cachotteries, des faux témoignages ou des complots. Ce serait même totalement l’inverse. Alors il espérait qu’elle allait être coopérative, elle y avait tout à gagner dans tous les cas.
-Oui, bien sûr... Entrez, je vous prie. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
Joseph ne se fit pas prier plus longtemps et entra dans la… très modeste demeure. Son regard fit le tour de l’habitation par réflexe avant de regarder la jeune femme qui lui avait ouvert. Il lui adressa tout de même un léger sourire, parce que l’intimider ne servirait pas et parce qu’il ne lui reprochait rien. Du moins pour le moment.
« Merci, vous êtes bien aimable Madame. Nous avons eu des signalements très récemment d’individus louches, qui n’étaient pas du village. Est-ce que vous avez vu quelque chose à ce sujet ? »
e coeur de Bertille cognait si fort contre sa poitrine qu'elle espérait vraiment très sincèrement que son interlocuteur n'était pas capable de l'entendre sans se sentir plus à l'aise malgré tout. Du regard, il faisait le tour du propriétaire (il n'y avait pas grand-chose à voir, en effet, et il simple coup d'oeil circulaire suffisait). Elle savait bien que rien de ce qui se trouvait là ne pouvait trahir quoi que ce soit de qui elle était et de ce qu'étaient ses intentions, malgré tout, elle n'autorisa sa tension à redescendre quelque peu (et encore, tout était bien sûr relatif) quand l'homme lui adressa un fin sourire qui semblait lui signifier que cette entrevue était définitivement informelle et qu'elle n'avait pas à s'en inquiéter.
Elle le savait, au fond, elle avait plutôt intérêt à observer la situation avec philosophie et contentement. Après tout, peut-être que c'était elle qui parviendrait à glaner l'une ou l'autre information par l'intermédiaire de son interlocuteur. Ou pas, il était vraiment difficile pour l'heure d'en savoir quoi que ce soit... puisqu'elle avait peine à savoir également ce que l'on attendait d'elle précisément. Mais l'homme se montra plus précis.
On leur avait signalé la présence d'individus suspect à Piquiel. Elle serra les poings. Une fois encore, il était évident qu'il ne parlait pas d'elle. Même si elle n'était de retour ici que depuis peu de temps, sa présence n'avait rien de suspecte malgré tout. Il parlait des fugitifs, évidemment, ceux qui étaient menés par Nathaniel, Nathaniel qui avait été arrêté et emprisonné, d'ailleurs (si c'était tout ce qu'il avait eu à subir... rien ne lui garantissait malheureusement qu'il s'en soit effectivement sorti indemne).
-J'ai entendu parler de ces personnes, mais je ne vais pas pouvoir vous être d'une grande aide, j'en ai bien peur...
C'était la vérité, mais quand bien même elle en avait su davantage, elle se serait tue dans tous les cas, par loyauté envers Nathaniel... ou plutôt envers son souvenir, car si elle s'évertuait à vouloir le retrouver au même titre que Victoria, elle n'avait pas le sentiment que ce soit là, en revanche, une intentions qui ait ne serait-ce qu'effleuré le prisonnier.
-Moi-même, je n'habite le village que depuis quelques semaines.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph n’avait pas de doutes ou quoique ce soit d’autre sur cette femme. Il ne la connaissait pas du tout. S’il savait qui elle était vraiment, il est évident qu’il ne laisserait pas les choses ainsi, mais pour l’heure, il cherchait juste à récolter quelques informations. S’ils pouvaient attraper le reste de la troupe de Nathaniel, ce ne serait pas plus mal. Même si évidemment, ils avaient la main sur l’individu le plus problématique du lot. Joseph espérait que le roi ne témoignerait pas de clémence envers lui, dans tous les cas. Il ne le méritait pas. Mais bon, seul leur bon souverain était juge de l’homme. Et il prendrait probablement la meilleure décision qui soit pour tous.
Joseph lui, se contentait de faire ce qu’on lui demandait, et en l’occurrence, collecter des informations. Il avait reçu quelques témoignages, rien de bien croustillant, ou qui pouvait leur donner une quelconque piste, mais il y avait tout de même eu quelques récits qui avaient quelque chose d’intéressant. Et il espérait bien pouvoir continuer sur sa lancée. Il ne savait pas ce que tout cela allait donner, mais il voulait vraiment qu’ils puissent avancer dans la bonne direction, et rétablir le calme et la paix à Féerie.
Il allait tout faire pour y aider dans tous les cas. Et ce serait bien si la femme en face de lui pouvait également y contribuer. Si elle dissimulait quoique ce soit, ou tentait de le fausser et que cela se découvrait par la suite, elle aurait beaucoup à perdre. Edgar n’était pas vraiment un roi clément, et du point de vue de Joseph, c’était une bonne chose. Il valait mieux qu’elle coopère. Il n’avait pas vraiment d’aprioris dans tous les cas. Encore une fois, il ignorait tout d’elle.
-J'ai entendu parler de ces personnes, mais je ne vais pas pouvoir vous être d'une grande aide, j'en ai bien peur... Moi-même, je n'habite le village que depuis quelques semaines.
Cela restait encore à déterminer. Il prenait n’importe quel renseignement. Parfois, cela pouvait paraître insignifiant, et sans importance, mais cela pouvait au final s’avérer être très important. Donc il allait voir. Elle n’était pas là depuis très longtemps, ce n’était pas un problème, elle pouvait tout de même avoir remarquer des comportements étranges.
« Ce n’est pas grave, commencez déjà par ce que vous avez entendu. »
lors que le garde royal interrogeait la jeune femme sur ce qu'elle avait bien pu entendre, cette dernière se disait qu'elle aurait peut-être mieux fait de prétendre être étrangère à la moindre rumeur... ceci dit, elle continuait de se dire que ça aurait forcément été suspect que de prétendre ne rien savoir. Elle n'avait pas eu à tendre l'oreille bien longtemps pour entendre parler de l'arrestation de Nathaniel, ou de ces fugitifs qui rôdaient dans la forêt. C'était ce qui lui avait mis la puce à l'oreille, c'était ce qui l'avait poussée à sortir de sa tannière pour regagner ce qu'elle avait perdu de longue date, et lui manquait terriblement. Seulement, comment répondre en étant sûre de ne pas trop en dire ?
Au fond, Bertille ne savait pas si elle avait vraiment raison de protéger ces rebelles. Elle ne les connaissait pas, elle ne savait pas quels étaient leurs plans et leurs intentions, elle savait seulement que Nathaniel avait été de leur côté. Alors, pour le moment, ça suffisait... même si rien ne garantissait qu'elle reste du même avis plus tard. Elle se moquait bien de toutes les circonvolutions politiques qui entouraient cette affaire. Ses motivations à elles étaient toutes personnelles. Et elles la poussaient à haïr le roi, et à vouloir sauver son prisonnier, même si ça n'avait rien de simple, évidemment.
-Qu'ils étaient moins d'une dizaine. Qu'ils se rapprochaient parfois du village pour voler des vivres... qu'ils venaient sans doute de la forêt..., répondit-elle... C'est peu, je sais, prétendit-elle s'excuser.
C'était peu, mais le fait est qu'en vérité, elle n'en savait pas réellement davantage. Elle se permettait de ne rien en cacher parce qu'elle se doutait que les villageois que son interlocuteur aurait pris le soin d'interroger auraient déjà pris la peine de lui confier la même chose. Inutile, par conséquent, de leur opposer un discours inverse qui pourrait potentiellement attirer l'attention sur elle. Dans tous les cas, la jeune femme espérait que cette réponse, même si elle était peu précise et laconique, suffirait à son interlocuteur et le pousserait à se rendre ailleurs, à aller interroger d'autres foyers. Elle gardait contenance du mieux qu'elle pouvait, mais elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme. Elle ne s'était pas sentie à ce point en danger depuis longtemps, et même si elle savait que c'était inévitable, ce n'était pas agréable pour autant.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Depuis le début de cette « expédition », on ne pouvait pas dire que Joseph avait récolté de quoi arrêter tous les rebelles. On lui disait de l’à peu près, on lui faisait des descriptions physiques qui n’avaient rien à voir les unes avec les autres. Il prenait tout en notes évidemment, mais pour savoir ce qui était vrai là-dedans, et ce qui ne l’était pas… ce n’était pas simple. Mais bon, il avait pour mission de collecter toutes les informations possibles sur les rebelles, et il allait le faire. Ils avaient Nathaniel, ce qui était une excellente chose, mais le roi les voulait tous, et Joseph était bien déterminé à exaucer sa volonté. Même si cela n’était pas des plus faciles, malheureusement.
Surtout que cela ne s’annonçait pas vraiment fructueux non plus avec cette jeune femme, mais bon, peut-être serait-il agréablement surpris, sait-on jamais. On pouvait faire beaucoup de choses parfois, avec un simple petit détail, et peut-être en était-elle détentrice. Ce serait bien que les chose puissent avancer, qu’ils puissent définitivement en finir avec ces rebelles et qu’ils puissent pleinement se concentrer sur la barrière qui n’existait plus entre les deux royaumes, et une possible guerre qui pouvait éclater. Pour le moment ils n’avaient pas d’informations là-dessus, mais cela ne saurait peut-être pas trop tarder.
-Qu'ils étaient moins d'une dizaine. Qu'ils se rapprochaient parfois du village pour voler des vivres... qu'ils venaient sans doute de la forêt...
En soit, c’est ce qu’il avait déjà entendu des autres villageois. Il était un peu déçu, mais ce n’était pas la faute de la jeune femme. Si elle n’avait rien vu, elle n’avait rien vu. A moins qu’elle ne cache des choses, mais il n’y avait normalement pas de raisons. Elle était ici depuis peu de temps après tout, du moins d’après elle, il n’avait pas été vérifié non plus. Et il ne passait pas sa vie à Piquiel.
-C'est peu, je sais.
Joseph l’observa durant quelques minutes, elle semblait nerveuse. Cela pouvait être tout et n’importe quoi, évidemment. Mais c’était tout de même un constat qu’il se faisait, elle était nerveuse. Et effectivement, elle lui donnait bien peu d’informations, ce qui ne lui plaisait pas vraiment, mais encore une fois, elle n’y était pour rien, ce n’était pas de son fait. Il hocha calmement la tête.
« C’est déjà ça, ne vous en faîtes pas. Au fait, j’ai oublié de vous demander votre nom. »
on, au moins, cet homme n'avait pas l'air de vouloir la harceler de questions non plus. Sans doute était-il habitué à ce genre de réponse. Elle se doutait que nombre de villageois ne devait pas avoir grand-chose de plus à lui dire de leur côté non plus. Malgré tout, et même si son interlocuteur lui demandait de ne pas s'en faire, elle s'en faisait tout de même, c'était malheureusement plus fort qu'elle.
Cette situation lui déplaisait à un point inimaginable, elle songeait qu'elle ne réussirait pas à respirer convenablement de nouveau tant qu'il n'aurait pas passé le pas de sa porte en lui donnant l'assurance de ne rien avoir remarqué de suspect la concernant. Bon, elle se sabordait toute seule, à se montrer à ce point nerveuse, mais elle n'y pouvait rien, c'était la première fois qu'elle avait affaire à un membre de la garde royale, et de toute évidence, elle y était bien moins préparée que ce qu'elle aurait cru. Ce qui ne présagrait absolument rien de bon pour le reste de ses plans. C'était définitivement une chose sur laquelle il allait falloir qu'elle travaille.
Quand il lui demanda son nom, elle se demanda un instant quelles conséquences pourrait avoir la vérité. A certaines occasions, elle se disait que ça la libèrerait d'un poids, mais les conséquences n'en seraient pas difficile à deviner, et même si Bertille avait décidé de s'engager sur une voix qui ne lui promettait pas forcément l'avenir le plus serein, calme et brillant, ce n'est pas pour autant que la jeune femme était complètement suicidaire non plus. Loin de là, même. Elle aspirait à vivre, plus que tout autre chose, et c'était justement cette rage de vivre qui la portait à l'heure actuelle.
-Margaux, répondit-elle, mentant, comme toujours effrontément. Margaux Desnet.
L'avantage de ce mensonge-ci, c'est qu'elle n'avait plus besoin de l'élaborer depuis bien longtemps. Cela faisait des années qu'elle se présentait sous cette identité qui n'était absolument pas la sienne, aussi lui était-ce devenu naturel, quand bien même elle ne parvenait à s'identifier totalement à ce nom d'emprunt. C'était un peu comme une seconde peau, mal ajustée pour la peine. Et dont elle avait hâte de se débarrasser, même si ce n'était absolument pas gagné, vraiment, vraiment pas gagné.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph ne s’occupait pas particulièrement des villageois. En fait, il se moquait totalement d’eux, il préférait de loin se concentrer sur lui, sa vie et la royauté. Il était plus proche de la famille royale que du peuple, après tout. Pas qu’en tant que garde royal, mais aussi par son sang. Il était de famille noble, alors il était normal qu’il ne fréquente pas le peuple plus que nécessaire. C’était bien trop… pauvre et plat pour lui. Il recherchait d’autres standings.
Mais il fallait bien qu’il fasse son travail, et il n’était pas homme à discuter les ordres de son roi. Qu’ils soient directs ou indirects, cela ne faisait pas la différence. Joseph était un homme des plus loyal aux Basiel, et cela ne risquait pas de changer de sitôt. Et il était plus que certain qu’il emmènerait tout de suite cette jeune femme devant le roi s’il savait qui elle était. Mais il n’en savait rien, et il était totalement impossible qu’il le devine. Pour l’heure, il pensait juste d’elle qu’elle ne lui était pas très utile, parce qu’elle n’avait rien eu à lui dire de très intéressant.
Mais il la trouvait tout de même assez agitée dans le sens où elle semblait tout sauf à l’aise en cet instant précis. Cela pouvait venir de nombreuses choses évidemment. Et probablement des choses dont Joseph se fichait éperdument. Mais sait-on jamais. Peut-être qu’elle tentait de cacher des choses sur les rebelles, va savoir. Même si elle était nouvelle à Piquiel, elle était peut-être de mèche avec eux. Ou alors, pas du tout. Mais il valait mieux explorer toutes les pistes, les remords étaient plus intéressants que les regrets après tout.
-Margaux. Margaux Desnet.
Le garde hocha la tête et inscrivit le nom de la jeune femme sur un carnet. Le même sur lequel il avait inscrit les témoignages reçus. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était toujours ça. Son nom ne lui disait rien, mais en même temps, ceux des autres villageois non plus. Il pouvait partir à présent, reprendre ses activités, aller frapper aux autres habitations pour poursuivre son enquête, mais cette jeune femme était tout de même un peu louche. Ou du moins, il voulait comprendre pourquoi elle semblait aussi peu à son aise.
« Vous êtes sûre que tout va bien ? Vous semblez peu assurée. »
homme prit note de sa fausse identité, la jeune femme le laissa faire, le souffle retenu, presqu'arrêté. S'il choisissait de se renseigner sur elle, parce qu'elle lui aurait semblé suspecte d'une manière ou d'une autre, il n'apprendrait à l'évidence pas grand-chose, et en tout cas rien qui soit digne d'intérêt. Ces nom et prénom factice lui tenaient compagnie depuis un moment à présent, et puisqu'elle avait jusqu'ici pris soin de se montrer aussi discrète que faire se pouvait, ils n'enseigneraient absolument rien de particulier.
La jeune femme avait toujours fait pour se faire oublier, et depuis qu'elle vivait à Piquiiel, elle gageait que ses voisins devaient à peine savoir qu'elle habitait la maison voisine. Quelque part, c'était sans doute suspect aussi... mais la trouvait louche pour cette raison, ce n'était pas pour autant s'imaginer qu'elle mentait, aussi bien sur son nom que sur ses origines, inavouables l'un comme l'autre.
Ce qui ne changeait rien au fait qu'elle était tout de même un rien fébrile, et qu'elle ne réussissait qu'à se sentir menacée, angoissée. L'on empiétait sur son espace, un homme qui avait toute la confiance d'Edgar et en voulait à ces rebelles au sujet desquels Bertille ne savait encore se positionner tout à fait. Elle aimerait savoir mieux contenir ses émotions, mais un homme observateur tel que Joseph Ells ne pouvait être complètement dupe. Au fond, elle se contenait bien, au sens où si elle se laissait vraiment submerger par les émotions qui l'assaillaient, le spectacle qu'elle donnerait à voir serait cent fois plus déplorable... mais c'était assez pour qu'il s'interroge sur son état, chose que la jeune femme aurait définitivement préféré éviter.
-C'est que... c'est pas tous les jours qu'un membre de la garde vient frapper à ma porte. Elle baissa le regard. Pour tout dire, vous m'impressionnez un peu.
Elle n'aimait pas s'entendre prononcer ces mots, mais ça valait toujours mieux que la vérité, après tout. Et dans le fond, ce n'était même pas vraiment un mensonge, d'ailleurs. Elle était effectivement impressionnée, mais cela n'avait aucun rapport avec une quelconque forme de respect qu'elle pourrait éventuellement ressentir pour cet homme qui, bien qu'aimable, l'effrayait malgré tout. Et pour cause, il était le bras armé de son pire cauchemar.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph était un homme consciencieux. Il aimait faire les choses bien, et le travail bâclé, ça ne l’intéressait pas. Après tout, il représentait l’autorité de Féerie, il ne pouvait pas se permettre de prendre les choses à la légère, surtout que ce n’était pas de cette manière qu’il rendrait le roi fier. S’il voulait que le règne d’Edgar Basiel continue à être prospère, il fallait qu’il se donne les moyens de garder l’ordre au maximum. Mais en soit, le peuple était plutôt content de leur roi, il avait mis fin à la guerre après tout, et le pays se portait on ne peut mieux.
Alors peut-être qu’on pouvait le blâmer de trop en faire, mais il valait mieux trop que pas assez. C’était sa façon de penser, cette jeune femme n’avait rien fait de suspect, et il n’avait aucune idée de qui elle était en réalité, mais il n’avait pas l’intention de la malmener. Il faisait juste remarquer qu’elle semblait nerveuse, et il se demandait à quoi cela était dû, il pouvait y avoir plusieurs raisons à cela.
Cela n’avait peut-être rien à voir avec l’enquête, mais elle avait peut-être un problème qu’elle n’osait pas aborder. Elle craignait peut-être quelqu’un au village, ou alors elle avait eu une mauvaise aventure, ou bien elle était simplement nerveuse de nature. Il n’en savait rien, mais il voulait juste s’assurer que tout allait bien, et aussi qu’elle ne lui cachait rien. Elle ne savait peut-être rien au sujet des rebelles, mais elle savait peut-être autre chose sur un autre sujet. Si elle avait quelque chose à dire ou à dénoncer, c’était le moment en tout cas. Parce que s’il s’apercevait par la suite qu’elle avait caché des choses, ce serait plus compliqué pour elle.
-C'est que... c'est pas tous les jours qu'un membre de la garde vient frapper à ma porte. Pour tout dire, vous m'impressionnez un peu.
Il haussa les sourcils, quelque peu surpris par sa réponse. C’était juste cela ? Elle était impressionnée ? C’était peut-être la vérité, ou pas. Il n’avait aucun moyen de vraiment le déterminer, il pouvait juste choisir de la croire ou non, mais il n’avait pas vraiment de raison de penser qu’elle mentait de toute façon. Alors autant la croire sincère pour le moment.
« Vous n’avez pas besoin de l’être, je ne vous veux aucun mal, au contraire. Avez-vous eu des mauvaises rencontres avec des gardes avant moi ? »
ertille afficha une esquisse de sourire quand son interlocuteur lui assura qu'elle n'avait rien à craindre de lui et qu'il ne lui voulait pas le moindre mal. Elle avait envie de penser qu'il était effectivement sincère, et donc qu'il ne la soupçonnait absolument pas de quoi que ce soit. Mais elle songeait aussi au fait que s'il découvrait qui elle était vraiment, son discours changerait du tout au tout, et cette pensée la mettait vraiment très mal à l'aise. Mais elle devait prendre sur elle, jouer la comédie, ne surtout pas donner de prétexte au garde royal à tout à coup se défier d'elle alors que, pour le moment, elle réussissait encore à garder l'illusion... un minimum en tout cas. Ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose, évidemment.
Quand il lui demanda si elle avait eu de mauvaises expériences avec des gardes royaux avant lui, elle dut mentir une fois de plus. Oui, elle en avait eu, de mauvaises expériences, quand ces gardes royaux l'avaient traînée de force jusque dans sa tour, quand ils avaient veillé sur son silence pendant des années. L'homme qui lui faisait face n'en faisait pas partie, dans le cas contraire, elle s'en souviendrait... Mais cela l'avait rendue forcément d'autant plus défiante envers les hommes de sa fonction, comme si leur dévotion naturelle envers le roi de Féerie ne devait pas y suffir non plus.
-Non, en fait, vous êtes le tout premier que je rencontre, répondit-elle donc, mentant vraiment effrontément. Je ne pensais pas en croiser un jour. Vous avez évidemment tant à faire pour notre royaume, vous êtes des héros, pour les petites gens comme moi.
Tant pis si elle en faisait un peu trop, elle pensait que sa sincérité feinte pouvait se révéler convaincante. La jeune femme voulait faire passer sa crainte pour de l'intimidation. Elle voulait prétendre être impressionnée, pas inquiète que l'on puisse s'en prendre à elle ou découvrir qui elle était, mais admirative face à un homme qui servait le roi et garantissait la sécurité de tous les citoyens du royaume de Féerie. Au fond, elle ne méprisait pas Joseph, elle ne pouvait pas lui reprocher des convictions fondées sur des mensonges, et elle était certaine qu'il prenait son travail à coeur et qu'il était bon dans ce qu'il faisait... mais malgré tout, il lui ferait toujours peur.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph avait ses raisons de poser plus de questions à la jeune femme. Elle avait un comportement un peu étrange. Cela ne la rendait pas coupable de quelque chose, mais il avait tout de même le droit, non, le devoir de demander plus de renseignements. Elle avait peut-être un problème qu’elle n’osait pas révéler, alors que c’était justement le moment de le faire. Elle pouvait lui faire confiance Il était un garde royal, il représentait la sécurité, et la protection, alors si elle pouvait se confier à quelqu’un, c’était lui. Bien sûr, s’il avait conscience de qui elle était vraiment, son discours serait tout autre, et il l’emmènerait au château tout de suite, pour la remettre au roi. Mais quand bien même elle aurait dit s’appeler Bertille, cela ne lui aurait pas du tout parlé.
Enfin bref, Joseph s’interrogeait sur cette jeune femme, et il avait l’impression que certaines choses n’étaient pas dites. Peut-être sans importances, ou qui ne concernaient ni les rebelles, ni Féerie, mais cela restait une impression qu’il avait. Vraie ou fausse, c’était autre chose. Il espérait pour elle qu’elle était honnête avec lui, depuis le début, parce qu’il serait regrettable qu’il se rende compte de sa malhonnêteté. Même si de toute évidence, il ne devrait pas y avoir de raison pour que ce soit le cas, la vie réservait bien des surprises et des rebondissements, il en savait quelque chose, avec le retour de Geoffroy, et il aurait bien besoin de dénouements plus heureux. Pour lui.
-Non, en fait, vous êtes le tout premier que je rencontre. Vous avez évidemment tant à faire pour notre royaume, vous êtes des héros, pour les petites gens comme moi.
Joseph était un peu perplexe. Elle ne donnait pas l’impression d’être admirative, mais plutôt craintive. Après, il ne pouvait en être sûr et certain. Ses intuitions n’étaient pas forcément les bonnes. Des héros… pas tous. Si elle tentait de le brosser dans le sens du poil, cela ne marchait qu’à moitié. Une part de lui se trouvait flattée, et aimait que l’on vente ses mérites, parce que c’était totalement justifié. Joseph était loin d’être un homme modeste, mais une autre part de lui-même, restait tout de même méfiante. Comme si elle tentait de l’endormir. Ou alors, il était totalement paranoïaque. Ce qui ne serait pas totalement faux, le garde royal avait tendance à voir toujours le mal avant autre chose, c’était dans sa nature.
« Vous êtes absolument certaine que ce n’est que cela mademoiselle ? »
ertille se mordit l'intérieur de la joue, constatant que son interlocuteur n'était absolument pas convaincu... à juste titre, certainement. La jeune femme savait mentir, elle l'avait fait presque toute sa vie, sur son histoire, sur son identité, sur à peu près tout, en vérité, si bien que personne à part Orchide n'avait véritablement conscience de qui elle était. Mais en temps normal, elle débitait son mensonge en présence de personnes qui n'attendaient de toute façon rien d'elle, et qui n'étaient pas liées d'aussi près au roi.
C'était un risque auquel elle savait qu'elle allait forcément être exposée en se rapprochant du château, en se rendant à Piquiel, ce n'est pas pour autant que l'exercice était un franc succès. Tant qu'elle n'était pas mise devant le fait accompli, elle pouvait se convaincre qu'elle réussirait à ne pas perdre son sang-froid, mais là, tout de suite, elle réalisait que non. Pourtant, l'homme sous ses yeux ne la brusquait pas non plus. Non, il était même plutôt courtois. Et elle pourrait sans doute sans tirer sans dommages si elle réussissait à mentir avec assurance et aplomb. Mais elle n'y arrivait pas. Là encore, c'était... difficile de garder contenance, moins elle était convaincante, plus il insistait, plus il insistait, moins elle réussissait à se montrer convaincante. Déplorable cercle vicieux. Elle avait bien envie de se gifler mentalement pour ça.
-Bien sûr, répondit-elle alors, toujours de son ton qu'elle voudrait plus convaincant mais qui ne réussissait à l'être qu'à moitié, bien malgré elle et en dépit de tous ses efforts. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?
Un milliard de choses, en réalité. Au-delà de sa propre vérité, qui heureusement était impossible à deviner (d'autant plus que tout le monde, le roi compris, devait la croire morte, ce qui lui garantissait normalement de passer inaperçue... mais elle ne voulait plus présumer de rien à l'heure actuelle). Il pourrait la soupçonner de protéger les rebelles. Ce qui ne serait pas entièrement faux puisque, même si elle ne savait pas exactement où ils se trouvaient, elle ne les dénoncerait pas si besoin. Ou bien il pourrait lui soupçonner de lui dissimuler des secrets, d'être elle-même une rebelle... Rien de tout ça n'était entièrement vrai ou faux... Sa hantise, à présent, serait qu'il veuille qu'elle réponde de ses soupçons auprès du roi lui-même, et en ce cas... elle ne répondait pas de ce qui adviendrait alors.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph avait conscience qu’il s’acharnait peut-être un peu trop sur une cause qui n’en valait pas la peine. Il ne savait rien de cette jeune femme, hormis le nom qu’elle lui avait donné, et qu’elle était arrivée à Piquiel il y a peu. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était assez pour s’imaginer tout un tas de scénarios possibles. Au final, il n’avait rien à lui reprocher, il savait pertinemment qu’elle ne faisait pas partie des rebelles recherchés, elle ne correspondait pas aux descriptions qu’il avait d’eux, puisque le roi savait pertinemment de qui il s’agissait.
Mais le fait qu’elle soit aussi perturbée l’intriguait. Elle lui avait assuré que c’était parce qu’elle était en présence d’un garde et qu’elle était donc impressionnée. Il est vrai que Joseph aimait particulièrement les compliments et être brossé dans le sens du poil, mais il devait aussi prendre conscience qu’il n’était pas en pleine soirée mondaine, qu’il n’était pas à un bal, et qu’il était en présence d’une femme du peuple, et plus particulièrement un témoin. Elle n’avait peut-être rien vu, de ce qu’elle lui avait dit, mais elle était tout de même un témoin, puisqu’il l’interrogeait. Il ne pensait pas à une suspecte cependant. Même si son comportement était un peu étrange, cela ne la rendait pas coupable pour autant, mais il tenait à ce qu’elle soit complètement honnête avec lui, parce qu’il avait le sentiment qu’elle ne lui disait pas tout.
-Bien sûr. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ?
Elle continuait de soutenir qu’il n’y avait rien de plus. Peut-être que le garde royal s’imaginait des choses, mais il ne pouvait en être certain. Il ne pouvait cependant pas la forcer à dire ce qu’il avait envie d’entendre. Enfin si, il pourrait, parce qu’il était en position de force, et de pouvoir, mais il ne le ferait pas. Ce n’était pas ses méthodes, et il ne savait même pas ce qu’il avait envie d’entendre de la part de cette jeune femme. Il était possible qu’il soit surtout frustré de n’avoir aucune information importante à rapporter à son roi. Joseph aimerait beaucoup pouvoir lui assurer que la situation était maîtrisée, et qu’ils avançaient. Mieux, lui ramener un de fugitifs serait un véritable bonheur, et honneur.
« Cela peut être tout un tas de choses, mademoiselle. Je ne veux pas vous effrayer plus que de mesure, j’ai simplement l’impression que vous ne dîtes pas tout, et que vous avez certaines choses sur le cœur, mais je me trompe peut-être. Mais si c’est le cas, je vous garantis que vous pouvez avoir confiance en moi, et parler librement. »
ertille se mollestait intérieurement d'être si mauvaise actrice, elle s'en voulait de ne pas être capable de mieux dissimuler le fond de sa pensée. C'était simple de se faire passer pour une autre tant qu'elle se trouvait loin de Piquiel et donc loin des Basiel, c'était beaucoup plus difficile depuis qu'elle avait décidé de revenir. Elle ne regrettait rien, bien sûr, elle savait qu'elle était là où elle devait être en cet instant T, mais elle se trouvait mise à l'épreuve d'une façon brutale qui remettait en question sa manière même de réussir ou non à supporter la pression. Elle redoutait de ne pas en être capable, en fin de compte. Au vu de sa réaction maintenant, que se passerait-il si elle se retrouvait face à un danger plus réel encore ?
Le garde royal voyait juste, bien évidemment, quand il constatait qu'elle ne disait pas tout, qu'il avait le sentiment qu'elle cachait quelque chose. C'était le cas. L'ennui, c'est que contrairement à ce qu'il lui affirmait, elle ne pouvait certainement pas lui parler librement de ce qui la taraudait. Elle savait très précisément ce qu'il adviendrait d'elle si elle devait avouer la vérité. Elle serait immédiatement emmenée devant le roi. Quelque part, ce serait peut-être mieux que de jouer les éternelles planquées. Ou bien, l'homme la prendrait pour une illuminée totale, parce qu'il considérerait que son discours ne tenait tout simplement pas la route... Parfois, elle-même se demandait quelle était la part de cauchemar et la part de réalité dans ses souvenirs. Malheureusement, elle se doutait que le plus horrible restait le plus vrai.
-Non... C'est juste... Elle regarda autour d'elle, en quête de quelque chose à quoi se raccrocher, puis finalement, observa un manteau d'Orchide qui pendait à une chaise. Oui, ce n'était pas franchement juste de sa part, mais continuer de prétendre qu'elle ne cachait rien tendrait de l'absurde. Je ne vis pas seule, ici, dit-elle, baissant aussitôt les yeux comme en signe de repentir. La personne qui vit avec moi est... enfin, elle n'est pas... Elle prit une légère inspiration. C'est une ogresse. Enfin, une demi-ogresse. Et j'ignore ce qu'elle serait capable de faire si elle découvrait un étranger chez nous.
Bon, qu'Orchide lui pardonne son mensonge et ses approximations, ça valait mieux que d'avouer qui elle était et les véritables raisons de son anxiété.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph n’essayait en aucun cas de piéger la jeune femme, puisqu’il ne la soupçonnait de rien, sinon de ne pas tout lui dire. En soit, ce n’était pas un crime, et ce qu’elle cachait (si elle cachait bien quelque chose) n’avait peut-être rien à voir avec les rebelles, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne pouvait pas l’aider, si elle avait un problème. Garder des choses pour soit n’était pas répréhensible, tout le monde avait ses secrets, bien évidemment. Joseph aussi, avait les siens, et cette jeune femme avait le droit d’en avoir, mais il se devait de les connaître si ceci concernait la sécurité du royaume ou la volonté du roi. Et cette jeune femme cachait un bien lourd secret, que Joseph ne serait jamais en mesure de deviner.
Mais dans l’esprit de Joseph, même s’il se montrait insistant, il n’avait pas pour but de la pousser à dire des choses qu’il voulait entendre, ou à se trahir. Il ne la pensait pas de mèche avec les rebelles, parce qu’elle n’avait pas l’air d’être une rebelle, (même s’il ne devait probablement pas y avoir un profil type) mais vu son allure, elle ne donnait pas l’air d’être le genre de personne à vivre dangereusement. Quoiqu’il en soit, ils avaient eu des descriptions des prisonniers échappés, et elle ne correspondait pas aux descriptions. Il y avait bien une jeune fille blonde dans le lot, mais il savait que ce n’était pas elle, le reste n’allait pas. Enfin, quoiqu’il en soit, il n’insisterait pas non plus durant toute la journée, il était possible qu’il se fasse des idées, et il ne comptait pas l’ennuyer si elle n’avait vraiment rien à lui dire, mais c’était sa dernière chance.
-Non... C'est juste... Je ne vis pas seule, ici. La personne qui vit avec moi est... enfin, elle n'est pas... C'est une ogresse. Enfin, une demi-ogresse. Et j'ignore ce qu'elle serait capable de faire si elle découvrait un étranger chez nous.
Joseph était surpris, il ne pouvait pas le nier. Qu’est-ce que c’était que cette histoire… si elle était vraie, elle était plus que singulière. Quelle idée, de vivre avec une demi-ogresse. Il ne savait pas si c’était de son plein grés ou non, mais si elle était forcée de vivre ici, avec cette créature, il l’en sortirait. Et même si elle était consentante pour cette collocation, si son « amie » tentait de s’énerver contre lui, ou devenait virulente, Joseph prendrait les mesures qui s’imposent, et elle répondrait de ses actions, il n’était pas du genre à se laisser impressionner.
« Une demi-ogresse dites-vous. Voilà une bien étrange situation. Vous en avez décidé ainsi, ou vous force-t-elle ? Si elle tentait quoique ce soit contre moi, elle devrait répondre de ses actes par la suite, et serait probablement emprisonnée, je n’ai pas peur d’elle, quand bien même elle n’est pas humaine. »
peine Bertille eut-elle évoqué Orchide qu'elle le regretta tout aussitôt. Elle avait voulu trouver une excuse valable et réaliste, et celle-ci l'était puisqu'il s'agissait de la vérité, mais elle n'avait pas la moindre envie de mettre sa meilleure amie dans une situation embarrassante pour se sortir elle-même de l'impasse. Elle regrettait déjà, oui, car même si la présence d'une demi-ogresse sous ce toit n'avait absolument rien d'illégale, cela allait peut-être un peu trop éveiller l'intérêt du garde royal, et qui sait du roi lui-même. Bon, elle exagérait sans doute, ce devait être sa paranoïa qui s'exprimait pour elle, mais... difficile de ne pas songer au fait que, au terme de cette rencontre, si elle en sortait indemne du moins, il serait temps pour elle de déménager. Elle avait choisi de prendre quelques risques en revenant ici, mais certainement pas au point de venir gâcher d'office, et qui sait irrémédiablement, ses chances.
-Non non, elle ne me force pas du tout, nous sommes amies, répondit d'office Bertille, qui craignait de plus en plus de s'enfoncer. Que ce soit pour inventer des mensonges ou arranger la vérité à sa sauce, elle n'était de toute évidence pas douée. A se demander comment il était véritablement possible qu'elle soit réellement la fille de son père (bon, le fait est qu'elle ne l'était pas, mais tout de même). Elle avait vraiment l'impression de se prendre les pieds dans le tapis. C'est bien parce que je m'inquiète des conséquences de sa réaction que vous me trouvez si anxieuse.
Ce qui pourrait ne pas être faux. Elle se doutait que le garde royal était un homme fort et entraîné. Orchide n'était pas comme tout le monde, elle disposait d'une force et d'une puissance que ne possèderaient pas un humain moyen, mais ça ne voulait pas dire qu'elle serait de taille contre cet homme. L'idée qu'Orchide se retrouve confrontée à un sort aussi sinistre que celui qu'avait connu Nathaniel, ou même qu'elle-même avait connu, dans une certaine mesure, lui était indiscutablement désagréable. Elle tremblait à cette seule idée. Quelque part, Orchide le mériterait sans doute, mais... Jamais elle ne tolérerait que les choses se passent ainsi. Elle avait fait une sacrée bourde en faisant ne serait-ce que la mentionner.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
L’histoire de cette jeune femme était tout de même saugrenue. Vivre avec une demi-ogresse, ce n’était pas banal. Ce n’était pas non plus interdit. La magie avait toujours imprégné le sol de Féerie, et tout le monde y était obligé, mais il ne trouvait pas cela forcément très prudent. Cette jeune femme, Margaux qu’elle lui avait dit, semblait frêle et fragile, pas forcément le genre de personne que l’on imaginerait aux côtés d’une demi-ogresse. Il ne savait pas si c’était son choix, et si ce n’était pas le cas, il pourrait intervenir. En tant que garde du roi, il était censé faire respecter l’ordre, et il avait un certain nombre de privilèges et d’actions possibles. Donc si elle était en danger, il ne fallait pas qu’elle hésite à lui parler.
-Non non, elle ne me force pas du tout, nous sommes amies.
Tiens donc, comme c’était original. Disait-elle la vérité ? Peut-être. Mais il y avait une possibilité pour qu’elle mente par peur. Joseph ne savait pas comment se positionner exactement. La chose était complexe. En même temps, qu’elle idée d’habiter avec une demi-ogresse… ne pouvait-elle pas trouver des colocataires moins dangereux, et plus normaux ? ça la regardait, évidemment. Mais il fallait toujours que certains se mettent dans des situations dangereuses qu’ils finissaient par regretter par la suite, pour vivre une vie moins ordinaire. Ce n’était pas du tout une bonne solution.
-C'est bien parce que je m'inquiète des conséquences de sa réaction que vous me trouvez si anxieuse.
Si elle était aussi anxieuse parce qu’elle s’inquiétait de la réaction de sa colocataire pour quelque chose d’aussi insignifiant qu’une visite de contrôle, elle devrait changer de colocataire. Joseph ne savait pas pourquoi la demi-ogresse s’énerverait si elle savait qu’il était venu ici. Elle avait peut-être des choses à cacher. Est-ce qu’elle était recherchée ? Il ne savait pas non plus, mais toute cette histoire était bien singulière, et Joseph prenait tout cela avec soin, il n’allait pas oublier cette rencontre, c’était une certitude. Et il avait encore des questions à poser, pour le coup, car tout ceci devait être tiré au clair.
« Pourquoi votre… amie, serait-elle si virulente concernant ma présence ici ? »
ertille avait le sentiment de s'enfoncer, encore et encore et encore. Elle avait voulu ne pas attirer l'attention sur elle, mais pour la peine, elle attirait l'attention sur Orchide, et ce n'était pas franchement mieux. Certes, la demi-ogresse n'avait techniquement rien fait d'illégal, rien dont on puisse l'accuser avec preuves à l'appui, du moins, mais ce n'était pas pour autant que Bertille souhaitait que sa meilleure amie se retrouve dans le collimateur des gardes royaux pour sauver sa propre peau. Ce qui touchait Orchide la touchait aussi forcément, c'était comme ça. Le fait est qu'elle ne savait tout simplement pas comment se dépêtrer de cette situation. De mensonges en semi-vérités, elle avait de plus en plus de mal à tisser des excuses cohérentes. Son seul désir, plus vivace que jamais, c'était de voir cet homme s'en aller pour de bon et la laisser tranquille. Mais ce n'était définitivement pas pour tout de suite.
-Votre présence ou celle de n'importe qui d'autre, elle n'aime pas qu'il y ait des inconnus chez nous, c'est tout, répondit Bertille en essayant de garder un ton décontracté et poli alors qu'elle sentait le stress la gagner par vague, encore et encore. Et c'était positivement insupportable.
Elle commençait à se dire qu'il allait être plus prudent qu'elles plient bagages. Elle était là pour une raison bien précise, mais elle griller ses cartes avant même d'avoir esquissé le moindre mouvement. Elle s'en voulait pour sa maladresse, son incapacité crasse à agir convenablement dans une situation urgente. Comment pouvait-elle réellement espérer retrouver sa fille, réclamer justice, aider à libérer Nathaniel quand elle se sentait à ce point désarmée dès le premier obstacle ? Elle s'affligeait elle-même, en toute honnêteté.
Mais elle ne pouvait pas encore modifier son discours en plein chemin. Il allait bien falloir qu'elle fasse avec les circonstances, peu importe si cette situation la mettait mal à l'aise. Elle en aurait d'autres, des occasion de ne pas se sentir bien, d'avoir le sentiment d'être dépassée par les événements, tout comme elle en avait déjà connu d'autres par le passé. Elle n'était plus à ça près.
-J'ignore si vous avez déjà rencontré des ogres, mais ils ne sont pas les créatures les plus... cordiales qui existent.
Et elle devait vraiment donner l'impression d'être en danger, en cet instant. Pourtant, Bertille savait pertinemment qu'elle ne craignait rien. Bertille ne lui ferait jamis de mal, elle en était convaincue.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Tout ceci n’était pas extrêmement clair, et pour tout dire, ça ne plaisait pas à Joseph. Il ne comprenait pas vraiment la manière de penser qu’avait cette jeune femme, et encore moins sa relation avec cette demi-ogresse qui semblait si… dangereuse. Pourquoi était-elle son amie si tel était le cas, et pourquoi vivait-elle avec ? D’autant plus que si elle avait une fâcheuse tendance à s’énerver contre l’autorité, les choses allaient finir par mal se passer pour elle. Pas à cause de sa nature, mais à cause de son comportement. En tout cas, Joseph ne manquait pas d’en prendre note. Et aussi du fait qu’une demi-ogresse vivait à Piquiel. Il savait de quoi se nourrissaient les ogres, si des disparitions étaient à constater, il saurait vers qui se tourner.
-Votre présence ou celle de n'importe qui d'autre, elle n'aime pas qu'il y ait des inconnus chez nous, c'est tout.
Parce qu’elle pensait que lui prenait plaisir à se rendre chez des inconnus pour leur poser les mêmes questions toute la journée ? Certainement pas. Mais il n’agressait personne pour autant. Son raisonnement n’était pas du genre à faire mouche auprès de Joseph, et plus cela allait, et moins il avait de sympathie pour elle au final. Il avait cru lire de la peur chez elle, mais au bout d’un moment, si la situation lui plaisait, qu’elle reste avec son ogresse, ce n’était pas ses affaires. Elle ne demandait pas d’aide, tout compte fait. Mais il n’allait cependant pas partir tout de suite, il n’en avait pas fini avec cette histoire.
-J'ignore si vous avez déjà rencontré des ogres, mais ils ne sont pas les créatures les plus... cordiales qui existent.
Joseph ne se souvenait pas avoir déjà côtoyer des ogres. Et jamais une telle idée ne lui serait venue à l’esprit, mais il avait cependant déjà entendu dire qu’en effet, ils avaient un caractère particulier. Mais cela n’excusait cependant rien. S’ils ne savaient pas se montrer cordiaux, et bien qu’ils restent entre eux excentrés de la population, personne ne leur demandait de venir se mélanger. Au final, cette fille était peut-être plus le prochain repas de cette ogresse que son amie véritablement.
« Non, je n’ai pas eu ce déplaisir. Cependant, vous direz à votre amie, qu’ogresse ou non, elle a intérêt à modérer son comportement. Le roi n’aime pas que l’on défie son autorité. Je sais cependant quelle est la nourriture dont ils raffolent, et il lui est très déconseillé, interdit même, d’en abuser ici. »
ertille serra les dents en entendant la réponse de son interlocuteur. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû mêler Orchide à tout ça... Mais sous le coup de la panique, elle n'avait pas su quoi dire. Plus ça allait, plus elle s'emmêlait les pinceaux, et maintenant, en plus de se mettre elle-même en danger, il se pourrait bien qu'elle mette aussi sa meilleure amie en difficulté. Tu parles d'un génie ! Enfin, le mal était fait, et maintenant, il fallait qu'elle réussisse à arrondir les angles. Et pour cela, il fallait qu'elle garde son calme autant que possible.
Même si ce n'était pas évident. A l'évocation d'Edgar, déjà, elle avait envie de montrer les griffes... Elle se fichait bien de ce que le roi aimait ou non, et quiconque agissait dans le sens contraire aux exigences royales avait tout naturellement son estime, mais non, mieux valait ne rien dire... Elle n'aimait pas laisser Orchide être accusée de tout et n'importe quoi, alors qu'elle n'avait concrètement jamais rien fait contre le roi, si ce n'est mener sa vie tranquillement sans rien dire, ni rien faire. Bertille ne pensait même pas qu'Orchide aurait eu quoi que ce soit contre le roi si Bertille ne lui avait pas raconté son histoire. Intérieurement, elle priait vraiment pour que toute cette situation ne leur porte pas préjudice. Ou bien elles se verraient contraintes de déménager. Et Bertille avait tout sauf envie de cela.
-Orchide n'est que demi-ogresse, dit-elle en réalisant seulement à cet instant qu'elle venait de donner le nom de sa meilleure amie - super, c'était vraiment n'importe quoi. Elle n'a jamais mangé de viande humaine, si c'est ce que vous insinuez...
Elle disait ça... Et en vérité, elle n'en savait rien. Si elle se fiait aux dires d'Orchide et aux résumés de ses soirées matinées de chair fraîche chez la sorcière, alors oui, Orchide était une cannibale, et Bertille fournissait d'immenses efforts pour passer outre. Surtout, elle essayait de se convaincre du fait que sa meilleure amie en rajoutait, que toute avide de chair fraîche qu'elle était, elle ne l'avait jamais concrètement vue manger de la viande humaine, qu'elle essayait juste de rendre bêtement hommage à un père qui ne le méritait pas en essayant d'être comme lui.
-Mais je lui ferai part de vos avertissements, soyez-en assurée, ajouta-t-elle simplement.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph était d’avis que cette jeune femme s’embourbait un peu dans son récit. Cela ne voulait rien dire de particulier, si ce n’est qu’il sentait qu’elle était particulièrement mal à l’aise. Cela pouvait venir de plusieurs choses, la première était qu’elle se trouvait être intimidée par lui, d’autant plus que Joseph ne faisait pas grand-chose pour paraître un peu plus agréable. Mais il n’aimait pas cette histoire d’ogresse, il n’avait pas envie de savoir qu’un danger de cet ordre se cachait à Piquiel. Et maintenant qu’ils étaient au courant qu’une telle créature y vivait, il leur faudrait la garder à l’œil.
Le garde n’avait eu pour but que d’aider cette jeune femme depuis le début, parce qu’il sentait que son comportement n’avait rien de quelqu’un qui répondait à des questions anodines, surtout que d’après ses dires, elle n’avait été au courant de rien. Et voilà qu’elle annonçait habiter avec une ogresse. Depuis des décennies, des siècles, la magie et ce qui allait avec imprégnait les terres de Féerie. Edgar en avait déjà eu recours, cependant, Joseph estimait être capable de parler en son nom, pour dire que tout n’était pas toléré. Il n’accusait pas l’amie de Bertille, mais il voulait simplement mettre cette dernière en garde, afin qu’elle soit pleinement consciente, qu’il saurait mauvais que certains faits soient relayés. Des faits qui la mettraient directement en cause, évidemment.
-Orchide n'est que demi-ogresse. Elle n'a jamais mangé de viande humaine, si c'est ce que vous insinuez... Mais je lui ferai part de vos avertissements, soyez-en assurée.
Joseph ne voyait pas la différence. Ogresse ou demi-ogresse du sang de monstre coulait dans ses veines. Le reste n’était que précision. Evidemment, il insinuait totalement que cette créature mangeait de la viande humaine. C’était ce qu’il avait entendu dire sur les ogres, ils se nourrissaient d’hommes, et de femmes. Surtout d’enfants. C’était ainsi. Peut-être bien qu’elle n’en mangeât pas, que cette… Orchide ne mangeait pas de viande humaine. Mais Joseph ne prendrait pas le risque de croire cette jeune femme sur parole. Elle restait encore quelque peu étrange.
« Libre à vous de croire ce que vous voulez, néanmoins, j’espère que vous avez raison. Vous êtes bien aimable de vouloir jouer les intermédiaires, ainsi, votre amie Orchide ne se fâchera pas trop qu’un tiers doive le lui apprendre, si vous vous en chargez d’abord. »
ertille retint pour elle la remarque qui lui brûlait les lèvres tandis que son interlocuteur lui répondait simplement qu'elle pouvait bien penser ce qu'elle voulait. Elle pensait être largement plus qualifiée que le garde royal pour savoir ce dont Orchide était capable ou non, mais elle préférait ne pas rentrer dans ce débat, elle en avait déjà trop dit sur son amie alors qu'elle aurait clairement dû la laisser en dehors de tout ça. Elle savait bien qu'elle n'avait pas du tout été maline sur ce coup.
Et très clairement, ça lui apprendrait à se laisser ainsi prendre au dépourvu... c'était entièrement de sa faute, elle avait su, pourtant, qu'elle aurait peut-être parfois affaire à des hommes du roi en revenant à Piquiiel.. elle ne s'était juste pas attendue à ce que ce soit si tôt ni dans ces circonstances... Dans l'attente, il valait mieux noyer le poisson et ne pas se montrer trop sûre et vindicative. Dans certaines circonstances, étouffer son tempérament valait bien mieux que de l'afficher à la face du monde.
-Je doute de lui apprendre quoi que ce soit qu'elle ne sache déjà, cela dit, répondit Bertille qui sentait le malaise la gagner de nouveau.
Elle ne savait définitivement pas comment se dépêtrer une bonne fois pour toutes de cette situation. Elle ne demandait qu'à voir cet homme partir, mais en rentrant bêtement dans les détails sur sa vie et concernant Orchide, elle avait peut-être attisé plus que nécessaire sa curiosité, si bien qu'il se sentait à présent la nécessité d'en entendre plus... Elle espérait de tout coeur que cette discussion ne remonterait pas jusqu'aux oreilles du roi... bon, il y avait peu de chances tout de même, et elle se donnait trop d'importance en cet instant... mais quand même, dans l'art de se piéger elle-même, elle était visiblement une pro, et il lui était difficile de ne pas s'autoflageller intérieurement pour tant de maladresse.
-Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous ? demanda-t-elle en désespoir de cause, espérant de la sorte étouffer sa maladresse avec une autre maladresse, mais surtout inviter le garde royal à un départ qu'elle attendait avec une impatience qu'elle savait de moins en moins dissimuler.
Elle voulait qu'il s'en aille, elle ne voulait plus avoir affaire à lui. Plus tard, elle songerait à toutes les choses qu'elle aurait pu présenter différemment pour tirer avantage de cette situation, mais en attendant... Elle avait merdé.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Joseph n’avait pas envie de se montrer agressif, ou menaçant, ni même désagréable envers la jeune demoiselle, mais toute cette histoire le laissait relativement perplexe. Mais bon, ce n’était probablement pas nécessaire de débattre là-dessus des heures durant. Il avait autre chose à faire, et sans doute qu’elle aussi, mais il notait tout de même que son comportement était quelque peu soucieux, mais il n’allait pas l’embêter plus longtemps avec ça, de toute évidence, elle ne voulait pas en parler, et puis cela pouvait s’expliquer par sa situation. Vivre avec une demi-ogresse ce n’était pas banal.
Mais bon, ce n’étaient pas ses affaires. Et tant que ni l’une ni l’autre ne faisait du grabuge, il ne comptait pas mettre son nez dedans. Il n’était pas venu pour ça, en première lieue, il était venu pour avoir des renseignements éventuels sur le groupe de fugitifs qui menaçaient le roi. Elle n’avait rien eu à lui dire là-dessus, alors il n’avait pas de vraie raison de s’attarder ici. Il avait juste eu une sorte de présentiment, qui au final n’avait eu aucun rapport avec sa mission principale.
-Je doute de lui apprendre quoi que ce soit qu'elle ne sache déjà, cela dit.
Peut-être bien, cela ne le regardait pas. Il n’avait pas franchement confiance en cette semi-ogresse, quand bien même il ne la connaissait pas, la race dont elle faisait partie parlait pour elle. Féerie était imprégné totalement de magie, depuis des décennies, et cela ne posait pas de souci particulier à Joseph, il n’avait rien contre la magie, mais il s’en méfiait tout de même un peu. Les choses pouvaient toujours tourner en défaveur, et il préférait faire sans. Mais il n’était pas non plus farouche envers tous ceux qui usaient de la magie, ou qui avaient un sang mêlé avec d’autres créatures que des humains, mais il faisait son possible pour ne pas y avoir à faire.
-Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous ?
Joseph estimait qu’il l’avait assez dérangée comme ça. Même si bien évidemment, il était du devoir de cette femme de répondre à toutes les questions qu’il pouvait lui poser, et de se montrer totalement coopérative. Elle n’avait pas le choix, il représentait le roi après tout. Elle devait donc se soumettre. Elle l’avait fait, même si les choses avaient quelque peu dérivé, alors il n’avait plus de raisons qu’il reste ici, même s’il sentait que sa présence n’était plus vraiment la bienvenue.
« Non, ce sera tout, je vous remercie mademoiselle. Si jamais vous avez des informations à donner, n’hésitez pas à vous manifester surtout. »
black pumpkin
Contenu sponsorisé
#Sujet: Re: Collecte d'informations | Bertille & Joseph
Accueil
Mer 17 Avr - 12:31
