Le dessin, c’est un outil à raconter | Sylvain & Adélaïde

Le dessin, c’est un outil à raconter
 

Adélaïde s’ennuyait un peu, à dire vrai. Elle était venue passer quelques jours au château de Féerie, comme elle avait l’habitude de le faire. Même si elle sentait bien qu’une atmosphère tendue y régnait ces derniers temps, ce qui était compréhensible étant donné la situation qu’ils traversaient. Mais elle faisait comme si de rien n’était, parce si elle venait aussi souvent, c’était surtout pour voir Anna et Gabriel, pas vraiment pour profiter du château et ses alentours, même si elle reconnaissait que c’était tout de même agréable. Mais là, Anna comme Gabriel étaient occupés, alors elle n’avait pas grand-chose à faire. Elle n’avait pas non plus croisé Geoffroy avec qui elle aimait discuter, donc ce n’était pas évident.

Mais bon, ce n’est pas pour autant qu’elle se laissait abattre. Elle les verrait un peu plus tard, ce n’était pas bien grave, elle comptait bien trouver autre chose pour s’occuper, et elle avait même une petite idée. Les jours étaient plutôt beaux, ces derniers temps, alors elle se disait que ce ne serait probablement pas une mauvaise idée de tenter de capturer un joli paysage. La jeune femme dessinait un peu. Rien de très extraordinaire, mais cela la détendait, et l’occupait, alors elle était décidée à joindre l’utile à l’agréable pour cette fois.

Elle avait donc pris quelques affaires qui pourraient lui être utiles et elle était partie seule. Elle n’avait pas l’intention d’aller à l’autre bout du royaume dans tous les cas. Juste près de la forêt, sans pour autant y entrer. Sa dernière expérience lui avait laissé un mauvais souvenir, et sans qu’elle ait peur, elle ne voulait pas revivre une telle chose. Et puis, elle ne voulait pas non plus tomber sur l’homme de la dernière fois. Il était totalement tombé de son piédestal, et il était l’une des pires personnes qu’elle avait rencontrées. Certes, il l’avait sauvée, mais c’était vraiment un rustre.

Enfin bref, elle s’arrêta à la clairière, n’ayant pas l’intention d’aller plus loin, et elle s’installa dans l’herbe. Elle sortir son matériel à dessin, avec quelques crayons puis commença à dessiner ce qu’elle voyait, tranquillement. Le but n’était pas de faire une œuvre d’art, mais juste de passer le temps, et de faire quelque chose qu’elle appréciait. Elle était au calme, et les gazouillis d’oiseaux étaient apaisants.

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Le dessin, c’est un outil à raconter
 

Adélaïde aimait prendre du temps pour elle, et laisser son esprit vagabonder. Et le dessin était une bonne méthode pour cela. Cela faisait maintenant qu’elle le pratiquait. L’important, ce n’était pas qu’elle soit douée ou non, elle jugerait son travail correct, mais elle ne dessinait pas pour créer des œuvres d’art, mais juste pour avoir une occupation, et développer son imaginaire. Même si de ce côté, elle n’avait peut-être pas besoin d’avoir un imaginaire plus développé, elle s’était déjà illustrée dans ce domaine, et pas de la meilleure des façons. Mais elle n’avait pas spécialement envie de repenser à tout cela. Adélaïde ne s’ennuyait pas, et elle n’avait pas l’impression de perdre du temps, et de faire des choses futiles. Ses parents n’apprécieraient pas, mais ils n‘étaient jamais contents dans tous les cas. Alors au point où elle en était, elle pourrait supporter une nouvelle crise, si jamais elle devait se présenter.

Adélaïde était concentrée sur ce qu’elle faisait, aussi, elle ne remarqua pas la présence d’une autre personne. Jusqu’à ce que ladite personne décide de se montrer et se planter en face d’elle. C’était lui. Adélaïde ne l’avait pas revu depuis la dernière fois, et ce n’était pas très grave. Elle était encore blessée de la manière dont il l’avait traitée. Certes, il l’avait quelque peu sauvée, et elle avait découvert des choses étonnantes à son sujet, mais elle ne gagnerait rien à le fréquenter. Il n’en avait pas envie, dans tous les cas. Elle ne réagit pas, dans un premier temps, continuant de tracer des traits et des courbes sur le papier. Elle ne savait pas ce qu’il lui voulait, pourquoi il était là. Elle n’était pas dans sa précieuse forêt, elle n’était qu’à l’orée des bois, alors qu’il ne vienne pas l’embêter encore une fois avec ses histoires de territoire ou elle ne savait trop quoi, elle n’était pas vraiment d’humeur à avoir ce genre de débats, et elle ne voulait pas gâcher sa journée.

« Auriez-vous la grande amabilité de vous décaler s’il vous plait ? Vous gâchez la vue. »

Elle avait pris une voix calme, et posée. D’une totale neutralité. Elle n’avait pas relevé les yeux vers lui, mais il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle lui parlait. Il n’y avait personne d’autre.

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