Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir. (Gwendall <333)

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wendall se sentait soulagé des premiers propos que tint son épouse : ceux d'une mère inquiète, qui se faisait sincèrement du souci pour sa fille... Il savait bien qu'il ne devrait absolument pas raisonner de la sorte, mais c'est ainsi, il avait eu peur qu'Abygaëlle ait tiré un trait sur Eleonore, qu'elle ait décidé de l'oublier, de la considérer comme une moins que rien, une rebelle et rien d'autre... C'était mal la connaître, et il s'en voulait d'avoir pu s'imaginer qu'il ne subsistait pas chez cette femme qu'il aimait tant cet instinct maternel qui certes l'avait poussée, les avait poussés, à commettre d'impardonnables erreurs, mais certainement pas celle de ne pas aimer assez leurs enfants. Tous leurs enfants. Oui, sa première question était de savoir comment allait Eleonore, c'était sa priorité, et ça voulait tout dire.

-Elle va bien... Elle a... elle est plus maigre qu'avant, on ne peut pas dire qu'elle respire le bien-être mais... étant donné la situation, elle va bien, elle n'est pas blessée, elle semble moins malheureuse que je ne l'aurais pensé. Et sur certains points, il aurait aimé qu'elle le soit davantage. Sur d'autres moins. C'était compliqué. Elle semble déterminée... à quoi, je ne sais pas. Elle n'a pas voulu me dire ce qu'elle a en tête, ni qui l'accompagne, je sais simplement qu'elle n'est pas seule.

Là encore, il s'arrangeait avec la réalité, mais parler à Abygaëlle de Nathaniel, d'Anthony et des rebelles, cela semblait bien trop hasardeux à Gwendall. C'était un risque qu'il voudrait être capable de prendre aveuglément, mais il ne le pouvait pas. Il se devait de peser chacun de ses mots car il savait que chacun d'eux, justement, pourrait finir par être rapporté à la famille royale... et dans ce cas, c'en serait fini d'Eleonore. Il prenait déjà beaucoup trop de risques en cet instant, et il en avait bien conscience. Même s'il le faisait sciemment. Certaines vérités étaient trop lourdes à porter. Au moins, il pouvait rassurer un peu son épouse. Oui, leur fille vivait dans des conditions éprouvantes et précaires, mais elle était en relativement bonne santé, elle allait bien, et elle n'était pas seule. Entourée des bonnes personnes, c'était autre chose, mais... pas seule, au moins.

-Elle m'a parlé d'Anna, aussi. Elle est au courant... de tout, pour Victoria.

Là encore, c'était une chose qu'il avait hésité à garder pour lui, mais force lui était de constater qu'il en était incapable. Abygaëlle avait le droit de savoir, après tout. Elle était la première concernée avec lui. Et ils ne pouvaient pas faire comme si de rien n'était, c'était, bien sûr, complètement exclu. Et le resterait.

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ui, elles auraient dû être épargnées de tout cela, en effet. Surtout, ils auraient dû les épargner de tout cela. Sans elles, ils n’auraient pas fait tout ça, mais sans eux, elles seraient certainement plus heureuses aujourd’hui. Il ne servait à rien, évidemment, de refaire l'histoire avec des si. Il était trop tard, à présent, beaucoup trop tard, et ils ne pouvaient rien faire si ce n'est accepter la situation telle qu'elle était pour tenter de l'améliorer. Même si, en vérité, ce n'était sans doute pas eux qui, de ce point de vue, avaient vraiment les cartes en mains pour changer quoi que ce soit. Non, le mal était fait, et tout le bien qu'ils pourraient faire à présent afin de compenser ne servirait sans doute pas à grand-chose, si ce n'est même à rien, d'ailleurs.

Il n'aimait pas se retrouver dans cette position de spectateur des événements, et Gwendall avait l'intention d'intervenir s'il le pouvait. Mais, objectivement, il n'y avait pas grand-chose qu'il puisse faire, et il ne pouvait qu'en avoir la pleine et entière conscience, en réalité. Il ne pouvait aider Eleonore sans compromettre Anna, et réciproquement, et pour ce qui était de Victoria... eh bien, il était évidemment trop tard, beaucoup trop tard. Rien n'avait pu être fait, et à présent, ils ne pouvaient que s'en mordre les doigts... Et espérer que leurs filles seraient plus avisées, plus sages, plus intelligentes pour se dépêtrer de cette situation. Elles l'étaient, il n'en doutait pas. Mais ils ne leur avaient pas donné les meilleures armes pour s'en sortir, malgré tout. Et sur ce point, ils ne pouvaient pas grand-chose.

-Elle était en colère, évidemment, répondit Gwendall qui estimait qu'il valait mieux qu'il reste légèrement évasif au sujet des propos qu'Eleonore avait tenus au sujet de sa soeur. Ils avaient été violents, mais c'était compréhensible. Après tout, ce qu'avait fait Anna aussi était violent. Certes, elle ne maîtrisait rien, elle était sous influence, mais cela ne changeait pas grand-chose au fait que oui, Eleonore avait été virulente, et cela pouvait bien évidemment se comprendre. Elle a dit... qu'elle n'avait plus de soeur. J'ai essayé de lui faire embrasser le point de vue d'Anna, de lui faire comprendre que la situation était plus nuancée que cela, mais... enfin... ce qu'elle a fait n'est pas... totalement excusable.

Et au bout du compte, Gwendall en voulait aussi à Anna, parfois, de ce qu'elle avait fait, même s'il savait pertinemment que Gwendall était le véritable ennemi, que c'était lui qu'il fallait mépriser, détester, que c'était à lui que tous les reproches devaient être faits. A lui et à eux deux. Même si rien, une fois encore, n'était si simple que cela en réalité.

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wendall ne reprocherait certainement pas à son épouse de vouloir prendre la défense d'Anna, parce que lui-même avait fait de même quand Eleonore l'avait confronté à son sujet. Peut-être était-ce de la lâcheté ou de l'aveuglement de sa part, mais le fait est qu'il ne voulait pas choisir de camp, il aimait trop ses deux filles pour vouloir qu'elles se dressent l'une contre l'autre : malheureusement, peu importe ce qu'il voulait, c'était bel et bien ce qui était en train d'advenir, et il le regrettait terriblement. Il était autant que son épouse capable de trouver à Anna des circonstances atténuantes, si c'était Eleonore qu'il défendait à l'heure actuelle, c'était surtout que, si leurs deux filles étaient en danger, Gwendall considérait qu'Eleonore était celle qui risquait le plus à l'heure actuelle, et c'était donc dans sa direction qu'allait son inquiétude.

Ceci dit, bien sûr, il donnait cent fois raison à son épouse : elle avait raison, bien sûr qu'elle avait raison, et sur tous les plans. Anna avait agi terriblement, mais elle n'avait pas réellement eu le choix, et surtout, si tout ceci était arrivé, ce n'était certainement pas de la faute d'Anna mais bel et bien de leur faute à eux : s'il fallait trouver un responsable à blâmer, c'était évidemment Edgar, mais ils ne pouvaient pas nier pour autant le rôle qu'ils avaient joué, et il n'y avait définitivement pas de quoi en être fiers... Ils se le reprochaient bien assez, en leur for intérieur, pour qu'il ne soit pas spécialement nécessaire de l'articuler en mots : c'était ni plus ni moins que la pure et stricte vérité, un fardeau qu'ils devaient porter, une vérité terrible avec laquelle ils devaient apprendre à vivre, ne leur en déplaise.

Il fit doucement non de la tête et un vent froid de panique l'enveloppa à l'évocation de Victoria. Bien sûr, il était logique, et même nécessaire qu'ils évoquent le sujet, mais ce n'était jamais chose simple à aborder pour autant.

-Je ne crois pas qu'elle soit au courant, ou si c'est le cas, elle ne m'en a rien dit, observa prudemment Gwendall.

Il savait qu'Eleonore aurait pu décider de le lui dissimuler sciemment, mais il devinait que ce n'était pas le cas, non. Gwendall avait foi dans la parole de sa fille, et surtout, il était convaincu qu'elle n'aurait pas hésité à la tentation de le confronter directement si le besoin s'en était réellement fait sentir.

-Mais je pense qu'elle finira tôt ou tard par l'apprendre. J'ignore de qui elle s'est entourée exactement, mais ces personnes lui en ont dit plus au sujet de la guerre et de ses conséquences qu'elle n'est supposée en savoir.

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