Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir. (Gwendall <333)

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

Abygaëlle passait le plus de temps qu’elle pouvait avec Anna, enfin Eleonore pour tout le monde normalement. Si la mère de famille avait pris l’habitude d’appeler sa fille par le prénom le prénom de sa sœur quand elles étaient en publics, ce n’était pas pour autant qu’elle se faisait réellement au fait de devoir échanger le nom de ses jumelles. Mais elle n’avait pas le choix. Eleonore avait malheureusement fait des choix qui allaient à l’encontre du bien-être de sa famille, ne se rendant pas compte sans doute des soucis qu’elle aurait pu provoquer à toute la famille. Mais heureusement, les Odien avaient pu compter sur Anna. Abygaëlle avait bien conscience que tout ne devait pas être simple pour ses filles, que ça soit Anna qui devait se faire passer pour sa sœur et qui n’était pas le choix premier de Gabriel, ou pour Eleonore qui était elle ne savait où (et oui, Abygaëlle s’inquiétait quand même pour sa deuxième fille, même si elle l’avait énormément déçue). Mais au moins, ils avaient leur place dans ce palais où la mère de famille se trouvait justement.

Parce qu’elle ne pouvait que profiter de cette chance qu’ils avaient à présent d’avoir les portes du château de la royauté ouverte aussi facilement. Abygaëlle avait de toute façon déjà eu la confiance de la reine elle-même, mais maintenant sa fille était princesse. C’était la meilleure chose qui avait pu lui arriver et elle se sentait tellement fière pour Anna. Elle était tellement fière de sa fille. Même si à côté de cela, elle avait conscience que certaines choses se brisait. Et d’ailleurs, alors qu’elle quittait la princesse de Féerie, elle croisa la route de son mari. Ces dernières années – depuis l’arrivée de Victoria dans leur vie – les choses étaient un peu plus difficile avec Gwendall, même si jamais Abygaëlle n’avait cessé de l’aimer. Mais c’était comme s’ils ne parvenaient plus réellement à se comprendre.

« Je ne pensais pas te croiser ici. » Lui dit-elle en guise de salutation. Parce qu’ils ne s’étaient pas vus de la journée, parce qu’ils se voyaient de moins en moins. En grande partie parce que Abygaëlle passait le plus de temps possible au château auprès de Anna et que son époux de son côté s’efforçait à continuer de s’occuper du champ alors qu’il n’avait plus besoin de le faire. C’était ce qu’elle lui reprochait le plus ces derniers temps – s’il n’y avait que cela malheureusement – le fait qu’il ne soit pas capable de simplement profiter de la vie qu’ils pourraient mener au château, qu’il s’accroche encore sur leur demeure simple dans ce village où ils n’avaient plus vraiment leur place. Elle le cachait mal d’ailleurs, au vu de la manière dont elle l’accueillait. Mais Abygaëlle n’y pouvait rien, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle aimerait que Gwendall profite de la vie qu’ils avaient tous mérité d’avoir, malgré les actes de Eleonore. Après tout ce qu’ils avaient fait, ils le méritaient bien quand même. C’était l’accord qu’ils avaient.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

S

e retrouver au château était pour Gwendall une perspective éprouvante. Il ne pouvait nier le fait qu'il en avait rêvé, de cette vie riche et luxueuse, de pouvoir laisser sa famille à l'abri des besoins... Mais maintenant qu'il avait accès à tout cela eh bien, il n'y goûtait pas le moins du monde et cherchait à le fuir le plus possible. C'était bien simple, il ne se sentait absolument pas à sa place. Il avait vraiment le sentiment de jouer sans cesse un rôle chaque fois qu'il errait dans cette forteresse qui semblait dénuée d'âme, à l'image de son propriétaire. Il avait toujours vécu simplement, et au final, c'était rester aux champs et travailler tranquillement, à l'écart de toutes ces considérations qui lui convenait le mieux. En même temps, comment pourrait-il se contenter de rester auprès des Basiel quand il savait dans quelle situation se trouvait sa fugitive de fille. Le souci qu'il se faisait d'Eleonore faisait qu'il ne se sentait absolument pas capable de tout simplement profiter de ce qui lui était supposément dû, un luxe qui en soi n'avait pas été le moins du monde mérité, mais tout simplement volé, ni plus ni moins. Mais bon, malgré tout, il ne pouvait pas toujours échapper à son "destin". A certains moments, il aimerait accumuler les prétextes pour rester à l'abri de la maison qui avait vu ses filles grandir... mais ce n'était jamais aussi simple. Il ne pouvait pas se contenter de s'enfermer dans son travail. La famille restait sa priorité, et même si la majorité de ses préoccupations concernaient Eleonore, il ne comptait oublier ni Anna, ni Abygaëlle. Même si, avec l'une comme avec l'autre, la situation était tendue, dernièrement. Et ce n'était pas la conversation qui s'amorçait qui allait changer la donne.

-J'ai bien compris que si j'espérais voir mon épouse, il faudrait que je m'aventure ici, répondit Gwendall d'un ton qui faisait mine d'être léger mais ne l'était pas vraiment, parce que ce qu'il disait était la pure vérité.

Elle avait raison de lui faire remarquer qu'il était rarement présent au château - ce qui allait à l'encontre de son devoir, sans doute. Mais il estimait avoir raison aussi de lui faire remarquer qu'elle-même n'était presque plus jamais dans cet endroit qui était leur chez-eux, et où il aimerait pouvoir tout reprendre de zéro. Il savait bien que c'était faux. Mais c'était bien évidemment impossible. C'étaient les premiers mots qu'ils échangeaient depuis un moment, et contrairement à ce qui avait été leurs habitudes, entre eux, il n'y avait plus ni sourire de complicité, ni gestes d'affection. En dépit de tout l'amour qu'il pouvait y avoir entre eux (car Gwendall aimait toujours sa femme, bien sûr), un fossé semblait les séparer, maintenant.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

Il était évident que Abygaëlle aurait pu accueillit d’une autre manière son époux, mais elle ne pouvait pas se retenir de lui faire la remarque qu’elle lui faisait. Oui, l’homme ne passait clairement pas assez de temps dans ce château, alors qu’il était quand même de son devoir de le faire. Il n’était plus un simple paysan maintenant, il était le père de la princesse. Abygaëlle savait combien la situation était pesante pour lui, elle l’était depuis le jour où ils avaient recueilli Victoria, mais c’était un choix qu’ils avaient fait à une époque et ils s’étaient donnés du mal pour obtenir ce qu’ils avaient aujourd’hui. Tout cela, c’était pour permettre à leurs jumelles d’être à l’abri des tous besoins, qu’elles ne connaissaient pas la faim et la pauvreté comme ils avaient pu connaître eux de leur côté. Alors, ça n’avait pas exactement marché comme ils l’avaient voulu à l’époque, parce qu’ils n’avaient aucune idée d’où se trouvait Eleonore – du moins, Abygaëlle ignorait où elle se trouvait, mais ce n’était pas le cas de Gwendall – et que Abygaëlle regrettait qu’ils ne soient pas tous heureux avec leurs deux filles (quand bien même, avant tout cela les choses avaient déjà commencé à se dégrader)... mais ce n’était pas comme s’ils pouvaient revenir en arrière et empêcher Eleonore de faire la pire erreur de sa vie. En attendant, Anna se trouvait là et c’était tout ce qui comptait normalement.

Mais Gwendall ne manqua pas de lui faire une remarque de son côté en affirmant que s’il voulait la voir, il devrait se rendre au château. Effectivement, Abygaëlle ne pouvait pas contredire son époux, elle passait plus de temps au château que dans leur maison, mais elle trouvait ça normal. Elle n’était plus aussi souvent chez-eux, elle devrait peut-être, mais Abygaëlle considérait que sa place était auprès de Anna.

« Quoi de plus normal que ton épouse soit auprès de ta fille. » Lui répondit-elle, dans un ton léger, quand bien même il était teinté de reproche de nouveau. Parce que contrairement à elle, Gwendall ne passait pas autant de temps qu’il le faudrait auprès de Anna. Alors qu’elle avait forcément besoin de ses parents, dans une telle situation. Après ce qu’elle avait dû faire. Que ça soit concernant Victoria... ou bien parce qu’elle devait se faire passer aux yeux du monde pour sa sœur jumelle, et que toutes personnes qui ne se trouvaient pas dans le secret l’appelait pas un autre prénom. « Tu n’as plus besoin de travailler comme ça Gwendall. » Dit-elle dans un soupir, attrapant ses mains. « Tu devrais te reposer. »

Il en aurait le droit après tout, il devrait le faire. Ils avaient fait tout cela pour ça. L’une de leur fille était la princesse de Féerie, elle avait épouse Gabriel, c’était ce qu’ils voulaient. Et ils n’avaient plus besoin de vivre comme des paysans. Abygaëlle avait envie que Gwendall lâche enfin prise, parce qu’elle avait juste envie de retrouver son époux. Et elle se disait que c’était la seule solution, qu’il fasse ces efforts. Sans se rendre compte qu’elle devrait en faire de son côté.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

B

ien sûr, Abygaëlle n'avait pas totalement tort, c'était son rôle, pour ne pas dire son devoir, que de rester auprès de leur fille, il ne pouvait pas être d'un avis différent. Mais cela revenait à négliger le fait qu'ils n'avaient pas qu'une seule fille, mais bel et bien deux, et que le sort de l'une d'elle ne devait pas faire oublier celui de l'autre. Ils n'avaient pas une seule fille, mais deux, non, ils en avaient trois, même, car Victoria devait compter aussi... Ils n'étaient de bons parents pour aucune des trois. Peut-être que son épouse pensait vraiment pouvoir réparer les morceaux en se contentant e choyer une seule d'entre elles, et c'est vrai que la position d'Anna n'était pas la plus enviable, elle qui avait ni plus ni moins qu'assassiné sa jeune soeur, elle qui devait maintenant porter la nom de sa jumelle qu'elle avait évincé du trône. Mais c'était ainsi, Gwendall, même s'il aimait profondément Anna, se sentait bien plus ému par le sort d'Eleonore à l'heure actuelle que par celui d'Anna, et s'il fallait vraiment choisir de ne soutenir qu'une seule de ses filles faute de pouvoir les aider toutes, il choisirait cette dernière. Mais impossible de le faire comprendre à son épouse, bien sûr.

Plus d'une fois, Gwendall avait envisagé de passer aux aveux et d'apprendre à sa femme qu'il avait repris contact avec Eleonore, qu'il savait plus ou moins où elle était, comment elle allait, avec qui elle était et qui elle faisait. Mais voilà, il n'avait plus confiance en Abygaëlle. Il n'aurait jamais cru, aux débuts de leur mariage, que cela arriverait un jour, et c'était pourtant le cas... Il ne lui faisait plus confiance. Elle était trop proche d'une royauté à laquelle lui-même avait été dévoué mais en laquelle il ne savait plus croire à présent... dont il se détournait un peu plus à mesure que passaient les jours... Ce qui rendait le dialogue si difficile à présent. Ces mains qui serraient les siennes étaient dorénavant des mains inconnues. Oh, il aimait toujours son épouse, plus que tout, et il ne pensait pas être capable un jour de cesser de l'aimer, quoi qu'elle puisse dire ou faire, mais plus rien n'était pareil dorénavant, et il ne pouvait pas prétendre ne pas s'en rendre compte.

-Je sais, répondit-il simplement. il savait, oui, qu'il n'avait plus besoin de se tuer à la tâche, et qu'ils pouvaient mener enfin la vie qu'ils avaient tant convoitée, au prix de terribles sacrifices. Mais j'en ai besoin. Il jeta son regard autour de lui. Cette vie... C'est ce qu'on voulait, je sais, et si toi et Anna êtes heureuses, alors je le suis aussi. Ou pas, pas tout à fait. Mais ce n'est pas pour moi...

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Ça serait tellement plus simple si Gwendall se contentait juste de profiter de la situation, après tout ce qu’ils avaient fait. Mais Abygaëlle connaissait suffisamment son époux pour savoir que ce n’était pas ce qu’il faisait. Il continuait de se tuer à la tache dans leur champ, alors qu’il était le père de la princesse et qu’il pouvait profiter pleinement du château, qu’il devrait profiter pleinement du château. À une époque, Abygaëlle n’aurait vraiment pas cru être si peu sur la même longueur d’onde avec Gwendall. Autrefois, ils faisaient tous ensemble, ils pensaient de la même manière, ils vivaient les choses ensemble. Mais aujourd’hui, ce n’était plus le cas. Et alors qu’elle tentait de le convaincre de revenir vers elle, qu’elle tentait de briser un peu l’espace entre eux… elle avait le sentiment qu’il reculait. Est-ce que Gwendall avait tous les torts ? Clairement pas non. Abygaëlle en avait énormément aussi de son côté, mais elle préférait ne pas les voir. Elle considérait qu’elle faisait ce qui devait être fait pour leur famille. Parce que même si elle s’inquiétait forcément pour Eleonore et qu’elle n’aimait pas que sa fille soit dans la nature, sans savoir comment elle allait, elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle avait le sentiment dans tous les cas que sa fille les avait abandonnés, qu’elle avait abandonné sa jumelle. Et même si Anna avait fait des choses horribles, elle ne les avait faits que pour le bien de la famille… parce que ça devait arriver. Elle manquait d’objectivité, bien sûr, mais elle ne pouvait pas s’en rendre compte.

Quand Gwendall affirma que cette vie, qu’ils avaient tant rêvé, n’était pas pour lui… Abygaëlle eut le sentiment que son époux lui donnait un coup dans le cœur. C’était idiot sans doute, mais elle avait un peu le sentiment que son mari était en train de les abandonner. Alors qu’il précisait tout de même qu’il était heureux si elle-même et Anna étaient heureuses… mais ça ne suffisait pas. Ce n’était pas ce que Abygaëlle voulait. Elle voulait que leur famille soit heureuse. Que Anna le soit, que elle-même le soit, que Gwendall le soit… et que Eleonore le soit aussi. Elle voulait que sa fille rentre, qu’ils soient tous heureux de la nouvelle place de Anna et qu’ils en profitent. Ils le méritaient quand même après tout ce qu’ils avaient fait.

« Comment peux-tu dire ça ? » Reprocha-t-elle à son époux, ne se rendant pas vraiment compte qu’elle ne devrait pas le faire. Que c’était surement à lui de lui faire le plus de reproche. « Après tout ce que nous avons fait. » Leur conversation ne devrait pas avoir lieu au sein du château logiquement, mais puisqu’il n’y avait personne autour d’eux… et puis Abygaëlle se forçait à ne pas parler trop fort. « Après ce que notre fille a fait. Tu ne peux pas dire que ce n’est pas pour toi. C’est ce que nous voulions. » En acceptant Victoria dans leur vie, c’était ce qu’ils voulaient oui. Et ils l’avaient eu. Bon, les choses ne s’étaient pas passés comme prévu, mais ils l’avaient quand même. Anna était la princesse, elle était à l’abris du besoin.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

G

wendall pouvait comprendre la désapprobation et l'indignation de son épouse, il le pouvait vraiment, parce que, à quelques détails, ils avaient organisé et voulu tout cela. S'ils se retrouvaient dans cette situation à ce jour, c'était bel et bien parce qu'ils l'avaient désiré. Seulement, la vie telle qu'ils la menaient et telle que le paysan avait voulu la mener n'avaient que peu de rapport l'une avec l'autre. Lui, ce qu'il voulait, c'est que tous les membres de sa famille soient heureux et à l'abri du besoin, et résultat des courses, Eleonore risquait sa vie chaque jour de sa vie, aux prises avec le climat de manipulation ambiante qui régissait ce monde, Anna était certes devenue une princesse, mais avait perdu au final son identité et se retrouvait aux bras d'un prince qui n'avait aucune affection pour elle. Quant à leur couple, rien ne semblait pouvoir le sauver. On ne pouvait pas spécialement affirmer que leur projet était un succès, à ce stade. Alors oui, il osait prononcer les mots qu'il avait prononcé, car si Abygaëlle pouvait supporter la situation comme elle était, ce n'était pas le cas de Gwendall.

-Nous, ce n'est pas ça, que nous voulions, répliqua-t-il alors, incapable de se taire, surtout après qu'Abygaëlle ait fait étalage de leurs torts et de leurs péchés sans oublier ceux de leur fille.

Ils s'étaient rendu coupables des pires abominations, et ils en payaient les conséquences. En soi, c'était parfaitement normal, et le paysan savait qu'il ne devrait même pas avoir le droit de s'en plaindre. Mais c'était plus fort que lui. Il détestait cette situation, ça n'avait rien à voir avec ce de quoi avaient été fait leurs rêves, que ce soient les siens ou ceux de son épouse, d'ailleurs. Abygaëlle se voilait la face, Gwendall en était sûr. Lui voudrait savoir en faire de même, mais ce n'était pas le cas. Ce qu'ils avaient fait le rongeait intérieurement, et il pouvait d'autant moins se satisfaire des quelques avantages qu'ils avaient obtenu, notamment une vie de château, alors qu'ils ne l'avaient en définitive mérité. Tout le monde avait le droit de changer d'avis, et c'était son cas.

-Le confort, la richesse, c'était un moyen, pas une fin. Moi, ce que je voulais, c'est que notre famille soit à l'abri de toute angoisse et de toute nécessité. Tu as vraiment l'impression que c'est réussi ?

Il devrait plutôt laisser couler et ne rien dire, comme il le faisait bien souvent, puisque si sa femme était satisfaite, il pouvait au moins l'être en partie. Mais il ne pouvait pas se résoudre à croire qu'elle le soit vraiment. A ses yeux, c'était tout simplement impossible. Elle n'était pas moins humaine que lui.
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Abygaëlle se voilait clairement la face, mais elle n’en avait pas tant conscience que cela. Elle ne voyait pas les choses de la même manière que son époux. Ce qui était bien la preuve qu’ils n’allaient pas bien tous les deux, que leur couple n’allait pas bien. Quand bien même, cela faisait des années que ça durait maintenant. Ils faisaient comme si de rien n’était autrefois, ils se voilaient peut-être même la face, parce qu’ils avaient leurs jumelles. Mais ça faisait des années que les Odien n’étaient plus sur la même longueur d’onde. Est-ce que ça diminuait leurs sentiments ? Abygaëlle aimait toujours Gwendall et rien ne pourrait changer ça. Il était l’homme de sa vie, son époux, le père de ses filles. Ça ne voulait malheureusement pas dire qu’ils pouvaient encore se comprendre, qu’ils parviendraient à se sauver au final. Pour l’heure, Abygaëlle ne savait pas réellement où ils allaient.

Surtout quand elle voyait à quel point son époux ne la comprenait plus, ou qu’elle-même ne le comprenait plus. Il lui répliqua que ce n’était pas cela qu’ils avaient voulu et elle ne pouvait pas accepter ces propos. Ils s’étaient donnés tant de mal pour tout ça. Gwendall précisa que la richesse et le confort, ce n’étaient que des moyens. Et que la seule chose qu’il voulait, c’était que leur famille soit à l’abri des angoisses. Forcément, Abygaëlle ne pouvait pas entièrement lui donner tort, mais elle ne parvenait pas à aller entièrement dans son sens. Forcément, ce n’était pas ce qu’ils avaient, parce que Eleonore n’était pas là. Concernant Anna, même si elle avait dû faire une chose horrible, elle avait quand même une place merveilleuse et Abygaëlle était si fière d’elle. Ce n’était pas parfait, bien sûr, dans un monde parfait Gwendall et Abygaëlle vivraient au château avec leurs deux filles. Sauf que ce n’était pas le cas.

« Pas entièrement. » Reconnut-elle, puisque même si elle avait un voile épais sur les yeux, ça ne l’empêchait pas de voir certaine chose. Elle pouvait reconnaître que tout n’était pas parfait, parce que Eleonore n’était pas là. « Mais nous ne pouvons rien faire. » À quoi bon se torturer. Bien sûr qu’elle aimerait bien que sa fille ne soit pas dans la nature, qu’elle soit à leur côté et elle s’inquiétait sincèrement pour elle. Mais elle ne se rendait pas compte de ce qu’il y avait derrière tout cela, de ce que ça signifiait vraiment. Le fameux voile. « Eleonore a pris la décision de s’en aller, on ne peut rien contre ça. »

Ce n’était pas le seul problème en réalité, mais c’était ce que Abygaëlle voyait. Eleonore avait décidé de fuir, parce qu’elle n’avait pas eu envie d’épouser Gabriel. Elle avait envie qu’elle rentre, qu’elle vienne avec eux, qu’elle retrouve sa place au château, mais elle se doutait que ça n’allait pas être si évidente. Même si elle n’avait pas conscience de tout ce qu’il y avait. Elle en savait beaucoup, mais elle se leurrait aussi sur beaucoup de chose.

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A

u moins Abygaëlle admettait-elle que la situation telle qu'ils la vivaient actuellement ne correspondait pas "complètement" à ce qu'ils avaient voulu. Ce qui, à ses yeux, ne pouvait qu'être un euphémisme. C'était de leur famille qu'il était question, là, ça ne pouvait pas être quelque chose d'approximatif, on ne pouvait pas se contenter d'un à peu près quand il était question de la famille et de la famille seulement. Gwendall était un homme entier. Il avait peut-être laissé son intégrité aux oubliettes en acceptant de traiter avec les Basiel et en prenant part à leurs magouilles, mais malgré tout, il était des sujets sur lesquels il avait un avis des plus tranchés, et nul ne saurait lui faire changer d'avis sur ce point : leur famille, c'était eux quatre (dans l'idéal eux cinq, mais il s'était fait une raison concernant Victoria), et s'ils allaient en-deçà de ce nombre, alors ils étaient incomplets. Gwendall pourrait dire que c'était mieux que rien, qu'au moins, Anna était ce qu'elle pouvait d'heureuse et en sécurité. Il le pensait vraiment, il était heureux qu'Anna s'en sorte bien (même si elle pourrait sans doute être plus heureuse), mais une sur deux, ce n'était pas assez. Une sur deux en sécurité, c'était une sur deux en danger. Une sur deux pour laquelle il ne pouvait que se faire un sang d'encre, au point de ne pas réussir à en dormir de la nuit.

Gwendall ne pouvait pas complètement en vouloir à Abygaëlle de raisonner ainsi, il y avait trop de choses qu'elle ignorait, malheureusement. Et si Gwendall lui avouait tout ? S'il lui apprenait qu'il avait revu Eleonore, s'il lui parlait de ce qui lui était arrivé, que se passerait-il ? Elle comprendrait peut-être, et même si la situation ne serait pas sauvée, ils pourraient au moins chercher à la réparer ensemble tous les deux... Mais c'était un risque qu'il n'osait pas prendre. C'était terrible à dire, encore plus de le penser, mais c'était pourtant un fait : Gwendall, qui autrefois aurait confié sa vie les yeux fermés à sa femme, n'avait pas confiance. Parler d'Eleonore, c'était prendre le risque que la nouvelle remonte jusqu'à Edgar : et bien évidemment, il ne pouvait absolument pas se le permettre...

-Et si elle n'est pas revenue, tu crois pas que ça peut être parce qu'elle est en danger ? Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Et si elle était...

Il laissa cette phrase en suspens. Il n'osait pas la finir. Oh, il savait qu'Eleonore était toujours en vie... mais il savait aussi que ça pourrait ne pas durer. Gwendall voulait lire dans les yeux d'Abygaëlle de l'inquiétude pour sa fille disparue. Il ne voulait pas être le seul à porter cette angoisse.

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Si Abygaëlle avait eu le choix, bien sûr qu’elle aurait préféré que Eleonore soit à leur côté. Mais malheureusement, sa fille avait pris une décision sans concerter ses parents (et en fait, c’était sans doute mieux pour elle qu’elle n’ait pas concerté sa mère), et ils ne pouvaient rien y faire dans tous les cas. Abygaëlle ne pouvait pas changer le choix de sa fille et clairement… elle regrettait qu’elle ait pris une telle décision. Alors qu’ils étaient une famille et qu’ils devaient se soutenir. Évidemment, la mère de famille ne parvenait pas à comprendre la décision de sa fille et il était évident qu’elle ignorait certain élément qui pourrait lui permettre de la comprendre un peu plus. En attendant, la femme ne pouvait donc pas faire grand-chose malheureusement et elle ne savait que trop bien que la royauté n’aimait pas l’idée que sa fille ait tout abandonné juste avant son mariage.

Gwendall reprit la parole, lui demandant si le fait qu’elle ne soit pas revenue – ce qui n’était pas tout à fait vrai, mais son époux lui cachait quelques détails encore une fois – est-ce que ça ne voulait pas dire qu’elle était en danger ? Abygaëlle n’aimait pas entendre les mots de son mari, parce qu’il avait trop raison justement. Si elle n’était pas revenue c’était peut-être parce qu’elle n’allait pas bien, ou pire. Abygaëlle et Gwendall avaient déjà perdu une fille après tout (même si Victoria n’était pas réellement leur fille, mais ça n’enlevait pas le fait qu’ils l’avaient aimé comme telle), ils pouvaient très bien avoir perdu une deuxième. Ce que Abygaëlle ne souhaitait pas bien sûr…

« Je ne veux pas y croire. » Répondit-elle, ne cachant rien de l’inquiétude qu’elle pouvait ressentir à l’idée que Eleonore ne soit plus de ce monde. Même si Gwendall n’avait pas terminé sa phrase, la mère de famille savait parfaitement que c’était ce dont il voulait parler. Mais ce n’était pas possible, Abygaëlle ne voulait pas y croire. « J’aimerais être sûre qu’elle va bien, croie moi. » Elle ne voulait pas que son époux s’imagine autre chose, qu’il pense qu’elle n’en avait que faire de leur fille. Ce n’était pas le cas. Elle aurait aimé que Eleonore suive la même voix que sa sœur, mais elle l’aimait quand même qu’elle l’ait fait ou non. Sauf qu’elle n’y pouvait rien, tout simplement, elle ne pouvait pas changer cette situation. « Mais si elle ne revient pas… on ne peut pas savoir. »

Et ça l’ennuyait de ne pas savoir, mais que pouvaient-ils faire ? Après tout, ils ne pouvaient pas la chercher, ils ne savaient pas du tout où elle se trouvait. Et il était clair que Abygaëlle n’allait pas risquer la vie et la place de Anna pour sa sœur jumelle, même si elle voulait la retrouver bien évidemment. C’était si compliqué. Et encore une fois, Abygaëlle avait le sentiment qu’elle et son époux n’étaient pas dans la même longueur d’onde.

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L

ire de l'inquiétude dans le regard et dans la voix d'Abygaëlle rassurait Gwendall. Non pas qu'il veuille à tout prix la savoir malheureuse ou angoissée, bien au contraire, il ne voulait que son bonheur, comme pour tous les membres de sa famille, mais parfois, il avait l'impression que son interlocutrice vivait tout bonnement... trop sereinement la situation. Parfois, il avait le sentiment qu'il oubliait qu'ils avaient eu deux autres filles (oui, il comptait Victoria dans le lot, peu importe), qu'il n'y avait pas qu'Anna... ou Eleonore... Comme si le fait que l'une ait pris le nom de l'autre les dispensait de se faire du souci pour celle à qui ce nom avait été dérobé... Mais non, Abygaëlle était vraiment inquiète, et l'espace de quelques secondes, le paysan se sentit... soutenu. Mais ce ne fut pas de longue durée malgré tout. Elle n'avait pas envie d'y croire, disait-elle. Au fond, elle l'avouait sans peut-être même s'en rendre complètement compte : elle se murait dans le déni le plus total. C'était sans doute sa manière à elle de gérer sa douleur et sa culpabilité... mais Gwendall, lui, n'était pas capable de cette force de caractère, loin de là. Malgré tout, sa dernière sentence ne fut pas plus plaisante à entendre pour autant... Gwendall observa longuement son épouse. Est-ce qu'elle y croyait vraiment, à cette attitude passive qu'elle affichait, comme s'ils ne pouvaient rien faire, comme s'ils ne pouvaient pas échapper à l'engrenage qu'ils avaient eux-mêmes créés ? Ou bien elle était juste un peu plus lucide que lui sur le sujet... Ce n'était pas impossible...

-Ou alors on peut essayer de la retrouver, répondit-il, admettant pour la première fois à voix haute qu'il avait envie de prendre une décision qui allait à l'encontre des principes qu'ils s'étaient fixés. Et à l'encontre des décisions royales... Et ça, forcément, ça ne pourrait que les diviser.

Il ne savait pas comment Abygaëlle réagirait à cette suggestion, il ne pouvait que le présumer... Et il sentait d'avance qu'il allait lui opposer un refus catégorique, mais sait-on jamais. Il avait vu qu'elle se faisait réellement du souci pour leur fille, et il se disait qu'il parviendrait peut-être, insidieusement, à la convaincre de retrouver Eleonore... Sans lui dire, bien sûr, qu'il l'avait déjà retrouvée. Il pourrait peut-être rétabli le contact entre la mère et la fille... et sur le long terme, il pourrait lui parler du roi, de ses appréhensions, de ses refus, de ses craintes... Il avait besoin de partager tout cela avec elle, comme à l'époque où ils partageaient tout tous les deux, une époque qui lui semblait si lointaine dorénavant... Mais il se doutait qu'il faudrait y aller lentement, par étapes.

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Abygaëlle ne pouvait pas complètement faire semblant de ne pas s’inquiéter pour Eleonore, mais elle ne pouvait pas non plus trop se préoccuper du sort de sa fille, ce qui allait forcément aller à l’encontre de la royauté et donc de Anna. Elle ne devait pas faire un choix, elle ne pouvait pas choisir entre Eleonore et Anna. C’était ses deux filles, ses jumelles, la chair de sa chair, le sang de son sang… C’était ses filles et elle les adorait, elle les aimait plus que tout. Mais elle ne pouvait pas tout gâcher simplement parce que Eleonore avait pris une horrible décision. Elle avait décidé de s’en aller, ils ne pouvaient rien faire contre ça. Mais ils pouvaient au moins… au moins, parvenir à réparer les pots cassés, à faire en sorte que Anna ne perde pas tout en conséquence.

La femme était partagée, bien évidemment, mais même si elle soutenait corps et âme sa fille, celle qui avait épousé Gabriel, elle s’inquiétait quand même pour Eleonore. Même si elle le cachait, forcément, et qu’elle n’acceptait pas du tout le choix qu’elle avait fait. Et elle apprécierait que son mari en fasse de même, qu’il parvienne à se préoccuper plus d’Anna, de la royauté. Plutôt que de continuer à vivre dans leur maison, à s’occuper de leurs champs, alors qu’ils n’en avaient plus besoin. Qu’ils n’avaient plus besoin de travailler une seule seconde pour vivre maintenant, ils avaient tous ce dont ils avaient besoin. Mais au lieu de cela, il lui fit une remarque qui la surprise. Ils pourraient très bien essayer de retrouver Eleonore. Abygaëlle ne put s’empêcher de regarder un peu autour d’eux, afin de s’assurer que personne ne les avait entendus. Parce qu’il ne serait pas une bonne chose du tout que Edgar – par exemple – entende Gwendall affirmer qu’ils devaient retrouver Eleonore. Abygaëlle n’allait pas mentir en affirmer qu’elle n’avait pas envie de serrer sa fille dans ses bras, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était prête à prendre ce genre de risque.

« Il la cherche déjà. » Dit-elle dans une voix qui ressemblait bien plus à un souffle qu’autre chose.

Il était évident que la femme n’avait pas besoin de préciser de qui elle parlait, il était évident qu’elle mentionnait le roi. Elle avait un profond respect pour Edgar, mais elle savait aussi de quoi il était capable. Elle savait ce dont il était capable de faire envers Eleonore, forcément, et elle espérait vraiment que sa fille allait s’en sortir et que jamais ils ne la perdraient. Et s’il découvrait que Gwendall et Abygaëlle cherchaient leur fille, il était évident que ça n’allait pas leur plaire. Ça allait retomber sur Anna sans doute. Ils ne pouvaient pas prendre de risque donc, et elle n’aimait pas entendre Gwendall mentionner ce genre de risque.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

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wendall s'exaspèrerait presque du comportement de son épouse, tandis qu'elle jetait des regards tout autour d'elle comme pour s'assurer que personne n'aurait vent de leur conversation. Bon, quelque part, elle avait certainement raison de réagir de la sorte. Si qui que ce soit devait percevoir ne serait-ce qu'une bribe de la discussion, ils risqueraient gros, mais il était incapable d'observer la situation sous cet angle pour le moment : ils n'étaient pas au château, ou n'importe qui pouvait être un ennemi potentiel, ils étaient chez eux, leur foyer, l'endroit où la famille Odien avait connu ses derniers vrais moments de bonheur, c'était supposé être un endroit sûr, neutre, qu'Edgar et ses préceptes n'avait pas encore perverti... il savait qu'il s'illusionnait totalement en prétendant que c'était bel et bien le cas, mais il avait besoin d'y croire, comme il avait besoin de croire, en cet instant, que sa femme se souciait tout autant que lui du sort de leur fille disparue.

Il avait envie de lui parler du fait qu'il l'avait revue, il avait envie qu'elle partage ses espoirs et son enthousiasme... Il avait besoin qu'elle soit de son côté, tout simplement. Mais pour cela, il fallait qu'elle sache occulter ses peurs et admettre ses faiblesses. Il voulait le bonheur d'Anna, il le voulait réellement, mais ce ne serait jamais suffisant. Leurs deux filles avaient droit au bonheur, et à la sécurité... mais il y avait peu de chances pour ça.

-Et tu sais ce qui arrivera s'il la retrouve..., répondit Gwendall d'une voix légèrement tremblante.

Après qu'Eleonore lui ait raconté comment s'était déroulé le temps qu'elle avait passé sur l'île des soupirs, Gwendall s'était tout simplement vu incapable de fermer les yeux plus longuement. Il l'avait fait dans un premier temps, c'est vrai, et il ne pouvait s'en cacher... mais ça ne saurait plus être le cas, à présent, d'autant qu'il savait que si le roi mettait la main sur Eleonore, il était bien possible qu'il choisisse cette fois de lui faire payer son insubordination de façon bien moins "douce".

Il la tuerait, c'était évident... et si ce jour devait arriver, ils ne pourraient pas se voiler la face, il faudrait qu'ils s'en tiennent pour en partie responsables. Parce que c'est ce qu'ils étaient. Depuis le tout début, depuis le jour où on leur avait confié la garde de Victoria, et qu'ils avaient accepté de marchander avec la royauté. Il voulut ajouter quelque chose, qu'ils pourraient cacher Eleonore ici, s'ils la retrouvaient, que personne n'aurait besoin d'en savoir quoi que ce soit de toute manière... mais il n'osa prononcer mots. Il en avait déjà trop vu, c'était beaucoup trop.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

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Abygaëlle avait conscience qu’elle ne devrait sans doute pas être aussi paranoïaque, mais en même temps elle était quand même bien placée pour savoir que le roi avait des méthodes quand même particulières. Ils avaient bien vu la manière dont il traitait les soucis, la manière dont il réglait les choses. La manière dont ils avaient dû s’occuper de Victoria en la faisant passer pour leur fille, la manière dont cette même fille était morte. Bon, forcément, elle savait qu’il n’y avait pas que le roi qui était responsable, cela dit elle avait effectivement bien conscience de ce dont il était capable. Et ce qu’il risquait de faire à Eleonore si jamais il lui mettait la main dessus.

La femme n’était pas insensible, elle aimait sa fille bien évidement et elle n’avait aucune envie qu’elle meure. Mais en même temps, sa fille avait pris une décision qu’elle ne pouvait pas réparer maintenant. Et Abygaëlle n’avait aucune envie que ce choix ait des conséquences sur Anna. Bien sûr, Anna avait fait ses propres choix, encore une fois elle ne pouvait pas le nier, mais ça n’avait pas eu de conséquence directe sur Eleonore. Du moins, pas tant qu’elle n’avait pris elle-même ses propres décisions. Elle n’avait pas envie qui lui arrive quoi que ce soit, mais elle ne pensait pas qu’ils puissent faire quelque chose.

« Et tu sais ce qui arriva s’il sait qu’on la cherche. » Affirma-t-elle avant de venir attraper les mains de son époux. Elle n’aimait pas le fait qu’ils ne soient pas capables de se mettre d’accord. Elle avait bien conscience que quelque chose était en train de se casser entre eux, qu’ils ne se comprenait plus. Après tout, l’homme passait plus de temps chez eux qu’au château et de son côté, Abygaëlle passait bien plus de temps au château en compagnie de Anna qu’en compagnie de son mari ici. La femme aurait bien aimé que son mari reste avec elles, mais ça semblait trop lui demander. « Je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à Anna, parce que tu auras décidé de la retrouver avant lui… »

Elle ne voulait pas le prendre par les sentiments, ce n’était pas quelque chose qu’elle tentait réellement de faire non plus, mais en même temps elle avait bien conscience que si jamais le roi devait apprendre qu’ils cherchaient Eleonore, il risquait de leur faire payer la situation en s’ne prenant à Anna. Pas forcément directement, mais il pouvait quand même exercer une pression psychologique encore plus grande. Déjà que leur fille ne manquait pas de souci depuis qu’elle était l’épouse de Gabriel, Abygaëlle n’avait aucune envie d’en rajouter un peu plus. Et elle espérait que son époux n’allait pas prendre de risque inconsidéré, sans se douter que c’était déjà quelque chose qu’il avait fait. Que quand il lui parlait en cet instant précis, il avait déjà eu l’occasion de revoir leur fille et même de l’aider. La preuve qu’ils n’étaient clairement plus sur la même longueur d’onde.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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wendall avait espéré pouvoir trouver un terrain d'entente avec son épouse, réussir petit à petit à l'amener à entendre ses confessions. Il avait envie, besoin de lui dire qu'il savait où se trouvait leur fille... Mais il ne le ferait pas s'il n'avait pas la certitude qu'elle soit de son côté, à cent pour cent... Sauf que non, elle n'était pas de son côté. Cette conversation ne venait que leur prouver ce qu'ils savaient déjà : ils n'étaient plus sur la même longueur d'onde, ils ne se comprenaient tout simplement plus. Le paysan était navré de le constater. La réponse de sa femme lui serrait douloureusement le coeur. Malheureusement, il ne pouvait pas la forcer à voir les choses comme il le voyait, lui... Tout comme elle ne réussirait pas à lui faire adopter son point de vue. Oh, il comprenait son point de vue, vraiment, et il pouvait même lui donner raison sur certains points...

Lui aussii voulait protéger Anna, la question ne se posait même pas. Mais il ne voulait pas que ce soit au mépris d'Eleonore. Si Abygaëlle savait.. si elle comprenait dans quelle situation était leur autre vie... peut-être qu'elle changerait complètement d'avis. Mais ce n'était pas un risque qu'il osait prendre... Il y avait trop d'enjeux. Et c'était bien là, le problème. Leur conversation tournait autour de leur famille, de leurs filles... Et pourtant, c'était à travers le prisme de l'influence d'Edgar qu'ils en discutaient. Le roi avait la mainmise autant sur leur patrie que sur leur vie. Il régissait tout, et ils étaient prisonniers. A chacun ses barreaux.

Oui, il comprenait bien ce qu'il adviendrait s'il apprenait qu'ils la cherchaient. Mais après tout, est-ce qu'il fallait vraiment qu'il l'apprenne ? Non. Ils étaient obligés de prendre des risques pour protéger leurs deux filles. Mieux valait tenter et peut-être réussir à protéger leurs deux enfants que ne rien tenter et perdre irrémédiablement tout ce qu'ils possédaient.

-Je ne veux pas non plus qu'il arrive quelque chose à Anna, répondit-il aussitôt, parce qu'il avait le sentiment qu'Abygaëlle le pensait, et il comptait s'en défendre. Qu'on le croie ou non, il aimait sa fille, et il voulait qu'elle soit heureuse. Mais Anna était-elle seulement heureuse ? Il fallait qu'ils interviennent. Ils étaient sur un bateau en train de couler. Devaient-ils vraiment laisser faire sans rien faire du tout ? Je veux les aider toutes les deux, tu comprends, je ne veux pas perdre une autre de mes fille.

Même s'il avait presque le sentiment, maintenant, que c'était inéluctable. Il avait perdu Victoria, ils avaient presque perdu Eleonore, il avait le sentiment d'avoir perdu en partie Anna. Sa famille entière tombait en miette... Il ne pouvait pas le laisser faire.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

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Quand Gwendall affirma qu’il n’avait pas non plus envie qu’il arrive quoi que ce soit à Anna, Abygaëlle ne put s’empêcher d’être soulagée. Elle n’avait aucune raison de douter des propos de son époux, il savait qu’il aimait sincèrement leurs filles. Elle ne doutait pas de l’amour de son époux pour leur famille, mais en même temps elle ne pouvait pas nier qu’elle appréciait d’entendre qu’il n’avait pas envie de voir tomber Anna au profit de Eleonore. Contrairement… contrairement à elle peut-être au final ? Est-ce qu’elle n’était justement pas en train d’abandonner Eleonore dans le but de protéger Anna. Oui, clairement, mais Abygaëlle n’avait pas envie de penser comme cela, elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que sa fille avait quand même pris une décision elle-même, que c’était Eleonore qui avait décidé de s’en aller, de les abandonner. Bien sûr, la femme avait conscience qu’elle ne devait pas penser de cette manière, mais elle n’y pouvait rien.

« Moi non plus. » Répondit-elle quand Gwendall affirma qu’il avait envie de les aider toutes les deux, qu’il n’avait aucune envie de perdre l’une de ses filles de nouveau. Bien sûr qu’elle n’en avait pas envie non plus, elle avait déjà perdu Victoria c’était beaucoup trop. Même si Victoria n’était pas leur fille, Abygaëlle l’avait aimé comme sa fille, autant qu’elle aimait ses jumelles. Elle regrettait réellement de l’avoir perdu, surtout en de telles circonstances. « Mais c’est aussi le risque de les perdre toutes. » Si jamais Gwendall décidait de se lancer à la recherche de Eleonore, que Edgar le découvrait, il allait y avoir forcément des retombés. Et Abygaëlle n’avait aucune envie que cela touche Anna, ça ne serait que contreproductif, ils auraient tous perdu. Est-ce qu’il y avait un risque que Edgar s’en prenne à leur fille, à la princesse ? Abygaëlle soutenait le roi, elle soutenait la place de Anna dans la royauté, mais elle avait bien conscience que le souverain pouvait avoir des méthodes radicales. « De nous perdre tous. »

Mais cela au final… Abygaëlle était prête à se sacrifier pour ses filles s’il le fallait. Elle craignait beaucoup trop que l’envie de Gwendall de retrouver Eleonore les fasse toutes tomber par la suite. Même si elle pouvait quand même le comprendre, elle n’était pas du tout rassurée de ne pas savoir où elle se trouvait. De ne même pas savoir si elle allait bien.

« J’aimerais tant… J’aimerais tant qu’elle nous revienne, je m’inquiète vraiment pour elle. Mais… pas si c’est au prix de tout le reste. »

Ça ne voulait pas dire, si Gwendall décidait de partir à sa recherche, que les choses se passeraient mal non plus. Mais en même temps, rien ne pouvait garantir non plus que ça allait bien se passer, rien ne pouvait garantir qu’ils n’allaient pas payer les pots cassés. Abygaëlle ne se sentait vraiment pas capable de prendre ce genre de risque et elle ne souhaitait pas que Gwendall le fasse de son côté. Mais ils avaient peu de chance de s’entendre à ce sujet.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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u fond, et même si cela ne résolvait rien, Gwendall appréciait d'entendre son épouse affirmer qu'elle aussi ne voulait pas perdre les filles qu'il leur restait. C'était idiot, sans doute, et il s'en voulait quelque part d'oser voir les choses ainsi, mais il avait tellement le sentiment qu'ils n'étaient plus sur la même longueur d'onde tous les deux qu'il lui arrivait de penser que ce qui avait été leurs valeurs communes n'avait plus la moindre importance pour elle à présent. En quelques mots, elle lui confirmait que ce n'était pas le cas... malheureusement, ça ne voulait pas dire non plus qu'ils se retrouvaient réellement et qu'ils pensaient encore de la même façon. Ils avaient les mêmes envies, les mêmes rêves, mais de toute évidence, ils n'entrevoyaient plus la même façon de les réaliser, et quelque part, c'était tout aussi douloureux à constater.

Il comprenait qu'ils n'avaient pas du tout la même appréhension de la situation, tous les deux. Gwendall ne saurait dire lequel des deux était le plus optimiste par rapport à l'autre, mais le résultat était là, quoi qu'il en soit, ils ne concevaient pas les choses de la même manière : Abygaëlle considérait que préserver Anna et se concentrer sur elle, c'était limiter le risque de perdre tout ce qu'ils avaient, de se perdre... Le problème, c'est que Gwendall, de son côté, considérait que c'était d'ores et déjà chose faite. Ils n'avaient que l'illusion de ce qu'ils possédaient, mais quand ils y regardaient de plus près, rien n'allait vraiment chez les Odien, et Gwendall serait incapable de laisser cette situation stagner sous le prétexte de conserver ce qu'ils avaient. Eh quoi, parce qu'ils couraient peut-être le risque de perdre leurs deux filles, il fallait sacrifier Eleonore pour de bon ? Gwendall était incapable de penser ainsi, surtout depuis qu'il avait revu la jeune femme.

Mais au fond, c'était sans doute ce qui faisait en partie la différence entre eux. Abygaëlle n'avait pas revu Eleonore, elle ne s'était pas pris la réalité en pleine figure, aussi directe et manifeste qu'une gifle en plein visage. Ce serait peut-être différent si elle revoyait Eleonore. Peut-être, oui... mais Gwendall ne se voyait pas lui en parler ou arranger leur rencontre. Il se détestait d'avoir à penser ainsi, mais il craignait beaucoup trop les conséquences, en réalité.

-Mais qu'est-ce que c'est, tout le reste, exactement ? s'emporta Gwendall. Qu'est-ce qui peut valoir davantage que protéger nos deux filles ? Je ne vais pas faire de choix entre elles, et je ne vais certainement pas favoriser le bonheur de l'une au dépend de l'autre. Si on peut vraiment dire que Anna est heureuse, ajouta-t-il, amer.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

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Abygaëlle ne mentirait pas en affirmant que la situation était parfaite à ses yeux, ce n’était pas le cas du tout. Elle avait bien conscience que rien n’avait de parfait. Anna n’était pas si heureuse que cela en soit – parce qu’elle devait quand même supporter d’être marié à un homme qui aimait sa sœur jumelle et non elle – et Eleonore ne se trouvait pas auprès d’eux, sans que Abygaëlle ne sache si elle allait bien, si elle était même encore vivante. Abygaëlle aimerait mieux que la situation soit différente, mais ce n’était pas comme si elle pouvait y faire grand-chose dans tous les cas. Au contraire, elle avait même le sentiment qu’ils ne pouvaient pas grand-chose. En dehors de minimiser potentiellement les dégâts. Abygaëlle n’avait aucune envie de perdre ses filles, elle n’avait surtout pas envie de mettre Anna dans une position délicate par ses actes et elle espérait que Gwendall n’allait rien faire qui puisse nuire à leur fille.

Quand bien même, l’homme n’avait pas entièrement tort en lui demandant ce qui leur restait justement. Pas grand-chose en soit et Abygaëlle sentit son cœur se serrer quand il affirma que rien ne valait plus que protéger leurs deux filles – ce que la femme pensait évidemment – et que de son côté, il n’avait pas envie de choisir entre l’une et l’autre. Encore une fois, Abygaëlle avait envie d’être d’accord avec son époux, mais c’était plus compliqué que ça tout de même. D’accord, le bonheur de Anna ne dépendait pas de celui de Eleonore et inversement. Mais elle n’avait pas envie d’affirmer qu’elle choisissait l’une ou l’autre, ce n’était pas ce qu’elle faisait, en tout cas ce n’était pas le sentiment qu’elle avait, quand bien même elle soutenait quand même Anna. Peut-être plus Eleonore au fond… mais en même temps, elle n’avait pas le moindre contact avec sa fille, elle ne savait pas où elle se trouvait, si elle allait bien.

« Je n’ai aucune envie de faire de choix entre nos filles. » Affirma-t-elle, se défendant ne pouvant pas s’en empêcher. Elle avait le sentiment que son époux le lui reprochait, quand bien même elle se trompait peut-être. « Anna a tout pour être heureuse… » Elle ne l’était peut-être pas, mais Abygaëlle se donnait du mal en tout cas pour lui confirmer le fait qu’elle était heureuse et qu’elle devait prendre sa vie en main. « Ce n’est pas à nous de choisir… c’est Eleonore qui a fait un choix. »

Elle n’en démordrait pas, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait rien faire pour Eleonore, elle aimerait bien, mais c’était sa fille qui avait décidé de s’en aller alors qu’elle pouvait épouser Gabriel. D’accord, elle ne l’aimait sans doute pas et évidemment, Abygaëlle n’avait pas spécialement envie de forcer sa fille à faire quoi que ce soit, mais au fond ce n’était pas elle qui avait décidé de la laisser partir sans donner de nouvelle. Ils auraient pu trouver une autre solution, si elle ne s’était pas enfuit.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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A

bygaëlle avait beau dire qu'elle n'avait aucune intention de faire le moindre choix entre leurs deux enfants, Gwendall aurait plutôt tendance à penser qu'elle s'illusionnait totalement à ce sujet. Il voulait bien croire qu'elle pensait honnêtement ce qu'elle disait. Cela n'ôtait rien au fait qu'elle se trompait lourdement à ses yeux. C'était peut-être en toute innocence qu'elle privilégiait les intérêt d'Anna à ceux d'Eleonore, mais ça n'y changeait rien. Anna menait une vie de princesse dont elle réussissait tout de même à se plaindre, et Eleonore était échappée en pleine nature, en proie à tous les dangers possibles et imaginables.

Alors oui, il ne pouvait pas se contenter de hocher la tête en souriant et de se contenter de se dire qu'Eleonore avait fait son choix pour se donner bonne conscience. Si Eleonore avait accepté de se marier avec Gabriel, que se serait-il passé alors ? Que serait-il advenu d'Anna ? Etant donné tout ce qu'elle savait, il était assez probable qu'Edgar aurait cherché à la faire taire, et donc, ce serait elle qui se serait trouvée à la place d'Eleonore. Non, tout ceci n'était en rien une question de choix... ou bien si certaines décisions devaient être à blamer, ce n'était définitivement pas celles de leurs filles, mais bel et bien les leurs, et... bref, Gwendall ne réussissait juste pas à accepter la situation telle qu'elle était, d'autant qu'il était plus qu'évident qu'elle ne rendait aucun de ses protagonistes heureux, ni Abygaëlle, ni Eleonore, ni Anna. Et que dire de Victoria...

-Tu parles d'un choix, répliqua-t-il simplement avec amertume.

Il détestait devoir reconnaître qu'Eleonore était responsable de ce qui lui était arrivé. C'était en partie vrai, certes, mais sous prétexte qu'elle n'avait pas épousé le prince, méritait-elle la vie qui était la sienne à présent ? Il refusait honnêtement de le croire. Elle avait été punie, et le vrai responsable de cette punition, c'était Edgar. Sauf qu'on en revenait toujours à la même chose. S'ils avaient été de meilleurs parents, s'ils avaient su faire les bons choix, Anna et Eleonore seraient en sécurité aujourd'hui. Pas de couronne pour l'une, pas de haillons pour l'autren mais tout du moins un quotidien équilibrée, une vie de famille simple et unie. Ils n'avaient rien eu besoin de plus, en vérité, que ce qu'ils avaient avant la "disparition" de Victoria. Mais c'était un peu tard pour avoir des scrupules.

-Tu penses qu'il serait arrivé quoi à Anna, exactement, si Eleonore avait choisi d'épouser Gabriel ?

Il était convaincu qu'elle aussi avait dû se poser la question. Et même si ses réflexions n'avaient pas dû aboutir à ce qui pourrait se résumer à un terrain d'entente pour eux, il voulait au moins en faire une sorte de point d'union... où ils seraient susceptibles de se retrouver.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

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Est-ce que Eleonore avait réellement eu le choix. Évidemment qu’elle l’avait eu et elle avait pris la décision de s’en aller, elle était responsable de son sort. Abygaëlle n’appréciait pas de se le dire, mais c’était ainsi qu’était les choses. Quand bien même, il était évident qu’on pouvait remonter aussi bien plus haut pour trouver des responsables à cette situation. Si Gabriel n’avait pas porté son dévolu sur Eleonore, rien de tout cela ne serait arrivé. Si Anna n’avait pas découvert tout cela, sans doute que ça ne serait pas arrivé non plus. S’ils n’avaient pas accepté d’accueillir Victoria chez eux, en échange de l’union du prince avec une de leur fille… ça ne serait pas arrivé non plus. Abygaëlle n’aimait pas ça, mais elle avait conscience qu’elle avait une part de responsabilité, mais ils n’avaient évidemment pas eu envie que les choses se passent de cette manière et maintenant qu’ils se trouvaient dans cette situation, ils ne pouvaient rien faire.

Ils n’avaient pas le choix, pas plus que Eleonore n’en avait réellement eu en un sens, ils n’en avaient jamais complètement eu. Bien sûr, Edgar gérait tout cela d’une main de maître et parfois ses méthodes étaient horribles bien sûr, mais ils n’avaient pas d’autres choix que de s’en accorder. En espérant que les choses ne se passent pas mal… Quoi que dans tous les cas, au final, on ne devait pas forcément si bien s’en sortir. Eleonore aurait pu ne pas décider d’éviter ce mariage et d’épouser le prince. Et pour Anna ? Abygaëlle y avait déjà pensé en effet, de ce qui serait arrivé si Eleonore avait épousé Gabriel, Anna en savait beaucoup trop pour juste être la sœur de la princesse. Sans doute que le roi aurait cherché à s’en débarrasser, comme il l’avait fait avec Eleonore. Au final, leurs deux filles ne semblaient pas pouvoir être heureuses ensemble (même si le bonheur de Anna était relatif malheureusement, alors qu’elle avait obtenu tout ce qu’elle désirait… mais bref).

« C’est quelque chose qu’on aurait pu éviter… si Anna n’avait jamais appris la vérité. » C’était parti de là au final, quand leur fille avait découvert la vérité, qu’elle était allée trouver le roi, qu’elle avait pris la vie de leur troisième fille… Abygaëlle devrait en vouloir à sa fille sans doute, mais elle en était incapable. Après tout, elle n’était pas forcément plus glorieuse. « Que veux-tu m’entendre dire Gwendall ? Que nous n’aurions jamais dû aimer nos filles au point de vouloir leur offrir le plus grand des conforts ? » Ce n’était pas comme s’ils avaient spécialement eu le choix non plus. « On ne pouvait pas envisager tout ça et… on ne peut rien y faire maintenant. » Elle aimerait pouvoir avoir une solution pour que ses deux filles soient heureuses, mais c’était impossible.

Cela dit, elle se doutait aussi que quoi qu’elle puisse dire, ça n’allait pas convaincre Gwendall. Comme quoi que son époux affirme, elle ne serait pas convaincue. Ils ne voyaient plus les choses de la même manière, ils n’étaient plus du tout sur la même longueur d’onde. Et elle le regrettait vraiment, elle ne savait même plus si tout cela avait un sens au final.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

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D'

accord, ils auraient pu éviter cette situation si Anna n'avait pas appris la vérité... mais le fait est que s'ils étaient responsables de beaucoup de choses, ils ne pouvaient s'imputer cette responsabilité-là (ils avaient bien assez de torts à se reprocher autrement)... Aucune erreur n'aurait dû être commise pour commencer, sans doute. Mais dire cela, c'était admettre, quelque part, que Victoria était une erreur... ou plutôt que le fait qu'ils l'aient adoptée en avait été une, et ça, le paysan ne pouvait bien évidemment pas le tolérer. En bref, c'était insoluble. Peu importe l'angle sous lequel ils observaient la situation, il y avait toujours un si, il y avait toujours un mais.

Qu'est-ce qu'il voulait l'entendre lui dire ? Lui-même n'en savait rien. Ce qu'il savait, en revanche, c'est qu'il était un peu trop facile d'affirmer que leurs erreurs n'étaient que les conséquences de l'amour inconditionnel qu'ils avaient eu pour leurs filles. Alors oui, ils avaient agi pour elles, d'accord, mais ils auraient dû savoir, se douter qu'une démarche à l'origine si malhonnête ne pourrait aboutir qu'à des circonstances désastreuses. Ils avaient passé un marché avec le diable... et rien ne justifiait cela. Ils auraient pu aimer leurs filles et leur apporter le confort qu'elles méritaient sans en passer par cela. Au bout du compte, aucune d'elles n'était heureuse, même pas Anna. Alors à quoi bon ?

-On pouvait l'envisager, répondit-il. Pas exactement tel que les choses s'étaient produites, certes, mais il considérait qu'ils s'étaient mis des oeillères parce que, sur le moment, ça les avait arrangés. Ils ne pouvaient pas s'imaginer que les choses iraient aussi loin, mais ils auraient pu, en revanche, se remettre en question. On n'a pas voulu l'envisager, ce n'est pas pareil. Et... Il marqua une pause. Je ne suis pas sûr qu'on ne puisse vraiment rien y faire.

Il n'allait pas prétendre disposer d'une quelconque solution miracle, bien sûr, il n'en avait pas, et il ne pensait pas totalement en tout cas qu'en passer par d'autres personnes malhonnêtes comme semblait l'être Nathaniel pour contrer le roi des malhonnêtes et roi tout court soit une solution viable. Mais juste baisser les bras et considérer sur le principe que rien n'était possible, c'était au-dessus de ses forces, ce n'était pas envisageable, c'était inimaginable, surtout. D'accord, peut-être que leurs efforts dépensés ne mèneraient à rien, mais se contenter d'observer la situation et ne rien y faire ? Vouer Eleonore à la mort et hausser les épaules en se disant juste "tant pis" ? Non, c'était hors de question pour lui. Eleonore était encore vivante, Anna aussi. Tant qu'elles respiraient, tout n'était pas perdu, si ?
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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

C'était définitif, ils n'allaient pas pouvoir se mettre d'accord. En même temps, ça faisait un moment maintenant que Abygaëlle avait conscience qu'elle n'était plus sur la même longueur d'onde que son mari, ils ne s'entendaient plus, ils ne partageaient plus la même vision des événements. C'était évidemment, ils ne pouvaient pas se mettre d'accord. Abygaëlle le regrettait vraiment, elle aurait aimé que son époux ne soit pas si… différent. À moins que ça soit elle qui soit différente ? Elle ne saurait dire, mais elle ne était campé sur ses positions et elle n'avait pas vraiment l'intention de les remettre en cause. La femme n'appréciait pas spécialement d'entendre son mari affirmer qu'ils auraient pu imaginer tout cela, qu'ils auraient pu l'envisager. Parce que ça remettait évidemment beaucoup de chose en question. Ce que Abygaëlle s'efforçait de ne pas trop faire, parce que c'était plus facile comme ça.

Se dire que c'était quelque chose qu'ils auraient pu envisager, c'était aussi reconnaître qu'ils auraient pu faire quelque chose pour que Victoria ne perde pas la vie, pour que Anna ne se retrouve pas dans la position de devoir tuer sa sœur. C'était plus simple de se cacher la vérité, de ne pas l'accepter de cette manière. Et que ça soit Gwendall qui lui fasse cette remarque, qui mette en avant le fait qu'ils n'avaient surtout pas eu envie de l'envisager, c'était pire encore. Abygaëlle n'aimait pas ça du tout et elle aurait aimé pouvoir répondre quelque chose à son époux, malheureusement il n'y avait sans doute aucune réponse possible. Et quand il affirmait qu'ils pouvaient peut être faire quelque chose, malheureusement elle avait le sentiment qu'il y croyait beaucoup trop.

« Et qu'est-ce que nous pourrions faire ? » Demanda-t-elle alors, puisque son époux affirmait qu'il n'était pas certain qu'ils ne puissent rien faire.

Abygaëlle ne voyait pas ce qu'ils pouvaient faire pour Eleonore. Elle avait envie d'aider sa fille, mais en même temps elle ne pouvait pas faire grand chose. Elle avait choisit son chemin en quittant le palais, en abandonnant son mariage avec Gabriel. Ce qui ne voulait pas dire qu'elle avait fait un si mauvais choix, dans tous les cas Anna s'était arrangée pour être l'épouse du prince, autant dire que ça aurait pu mal tourner. Et maintenant, la jeune femme était en caval elle ne savait où. Si elle l'aidait alors que sa fille était recherchée par le roi, Abygaëlle ne craignait que de trop qu'elle cause des soucis à Anna. Cette situation lui semblait juste impossible et elle ne voyait pas du tout ce qu'ils pouvaient faire. À moins que son mari ait une révélation, quelque chose de précis en tête pouvant changer le cours de la situation.

Mais elle n'y croyait pas trop. Elle se disait simplement que son époux n'était pas capable d'abandonner leur fille. Ce qu'elle faisait elle ? Peur être… ce dont elle n'était pas très fière d'ailleurs.

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Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

L

a réaction d'Abygaëlle rassura un peu Gwendall. Elle ne se contenta pas de rejeter ses propos en bloc. Non, elle semblait prête à écouter ce qu'il avait à dire, et ça lui faisait du bien. Il avait besoin d'avoir sa femme de son côté, il avait envie de reconnaître en elle la personne aimante et généreuse qui lui avait d'office donné envie de l'épouser. Si elle avait refusé de l'entendre, il aurait été incapable de ne pas en déduire le fait que son interlocutrice avait choisi d'abandonner Eleonore pour de bon. Et il ne pouvait plus l'envisager. Ils avaient abandonné Victoria, ils ne se voyaient pas faire de même avec la chair de leur chair.

Oui, ils prenaient des risques à l'égard d'Anna, mais après tout, peut-être seraient-ils capables de protéger à la fois l'une et l'autre ? Pour le moment, Anna, même si elle n'était peut-être pas la plus heureuse, était du moins en sécurité entre les murs du château. Elle avait le titre, la richesse, le confort. Pour Gwendall, il était évident que c'était sur Eleonore qu'il fallait se concentrer, avant tout et surtout, ce qui ne voulait pas dire négliger ses jumelles, juste adapter leurs priorités aux circonstances. Chaque jour qui passait, ils prenaient le risque de perdre leur fille. Ils ne se le pardonneraient jamais si cela devait arriver. Elle était celle qui rencontrait un danger immédiat, elle était celle dont ils devaient défendre les intérêts corps et âme, quoi qu'il arrive. Et Gwendall avait déjà commencé... Même s'il s'était bien gardé de l'apprendre à Abygaëlle. Il était peut-être temps... Mais même s'il pensait qu'elle le comprenait mieux en cet instant que la majeure partie du temps, il craignait fort d'aller trop vite en besogne, et de finalement mettre sa vie en danger alors qu'il ne désirait rien d'autre que de la protéger quoi qu'il lui en coûte.

-La retrouver, répondit-il d'office quand sa femme lui demanda ce qu'ils pourraient faire. Ils avaient des options, des solutions... elles étaient toutes dangereuses et ne leur garantissait pas une fin heureuse, c'est vrai, mais s'ils ne faisaient rien, la fin serait malheureuse dans tous les cas. Ou mandater quelqu'un pour qu'il la retrouve, en toute discrétion, sans que personne et encore moins le roi ne nous soupçonne. Et la mettre à l'abri, dit-il à voix très basse pour être certain que personne et encore moins une oreille indiscrète qui passerait par là ne les surprenne. Ecoute, Abygaëlle... C'était le moment. Il prenait des risques, mais s'il ne réussissait pas à la ranger à son opinion, alors tout ceci ne servirait définitivement à rien. Or il était important, primordial, même, que les choses se passent au mieux. Je l'ai revue...

Voilà, elle le blamerait sans doute de ne pas lui en avoir parlé jusqu'alors mais c'était dorénavant chose dite.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

Abygaëlle craignait un peu trop la tournure de cette discussion. La femme ne voyait pas vraiment ce qu’ils pouvaient faire. Gwendall donnait le sentiment d’avoir envie de faire quelque chose, qu’ils agissent contre le roi, mais ce n’était pas quelque chose que Abygaëlle avait envie. Parce qu’elle tenait à protéger sa fille, celle qui se trouvait auprès du prince. Forcément, elle avait aussi envie de protéger celle qui se trouvait en dehors de ce château, elle espérait du plus profond de son cœur que Eleonore soit en vie, qu’elle soit bien. Mais en même temps, elle ne pouvait pas non plus ignorer le choix qu’elle avait fait en décidant de tout abandonner, de s’en aller et maintenant de se rebeller contre le roi.

Gwendall reprit alors la parole, lui précisant ce qu’ils pouvaient faire… Abygaëlle partait du principe qu’ils ne pouvaient rien faire, qu’ils ne devaient même rien faire, mais son époux affirmait maintenant qu’ils devaient retrouver leur fille. En tout cas, ils pouvaient mandater quelqu’un pour la retrouver et la mettre à l’abris. Abygaëlle était en quelque sorte rassuré d’entendre son époux parler si peu fort, pour être certain que personne ne les entende, mais en même temps elle ne savait vraiment pas si c’était une bonne chose, elle ne savait pas trop quoi penser du fait que son époux avait envie de retrouver Eleonore. Elle avait envie de la retrouver, de l’avoir à ses côtés et de pouvoir la mettre à l’abris bien sûr, mais elle savait aussi que s’ils se faisaient prendre, il n’y avait pas que eux et Eleonore qui en paierait le prix.

Abygaëlle pensait dire quelque chose, elle avait besoin de répondre à son époux bien sûr, lui préciser d’une part qu’elle trouvait cette idée vraiment dangereuse, même si une part d’elle avait quand même envie de pouvoir mettre à l’abris sa fille. Si Eleonore pouvait être en sécurité quelque part, ils n’auraient plus de souci à se faire, ils pourraient espérer que le roi ne mette pas la main sur elle. Mais Gwendall reprit la parole. À peine prononça-t-il son prénom que la femme comprit qu’il allait lui dire quelque chose d’important, de grave. Et c’était le cas…

« Comment ça ? » Demanda-t-elle vivement, ne pouvait pas se retenir de se montrer un peu sèche. « Quand ? Comment ? »

Forcément, Abygaëlle ne pouvait que se poser beaucoup plus de question. Elle se demandait bien dans quelles circonstances son mari avait vu leur fille et surtout, elle n’était pas du tout ravi de l’apprendre. Il y avait aussi le fait forcément qu’elle ne l’apprenait que maintenant, mais avec un peu de chance son époux ne l’avait vu que récemment. Mais surtout, elle ne pouvait que se dire que Gwendall avait prit beaucoup trop de risque. Si jamais Edgar devait découvrir que Gwendall avait revu Eleonore, c’était évident qu’ils en payeraient tous les conséquences. Et Abygaëlle ne supportait pas que son époux ait pris ce risque pour tout le monde.

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Messages : 723 Date d'inscription : 11/01/2015

Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

G

wendall jeta un regard prudent autour de lui. Ce n'était pas le lieu idéal pour discuter de tout cela. Mais il ne pouvait pas se dérober, il ne le pouvait plus. Il avait pris la décision consciente d'apprendre ce qu'il savait - ou en tout cas une partie de ce qu'il savait - à son épouse, il ne pouvait en aucun cas se permettre de faire marche arrière maintenant. Il connaissait bien assez Abygaëlle (du moins le pensait-il, même s'il avait parfois la crainte qu'ils soient devenus des étrangers l'un pour l'autre) pour savoir qu'elle ne lâcherait pas l'affaire si rapidement. Et c'était normal. Après ce qu'elle venait d'entendre, ce qu'il venait de lui dire, il était tout à fait légitime qu'elle veuille entendre la vérité, peu importe sa teneur et l'impact qu'elle pourrait éventuellement avoir.

Gwendall, intérieurement, réfléchissait à toute allure. Même si une part de lui en mourrait d'envie, ne serait-ce que pour se décharger de ce poids une bonne fois pour toutes, il ne pouvait pas se permettre de tout dire à Abygaëlle, ce serait beaucoup dangereux. Il voudrait avoir encore suffisamment confiance en elle pour tout lui dire sans déguiser la réalité, mais il fallait se rendre à l'évidence : non, il ne lui faisait pas confiance, ou en tout cas pas totalement. Il se méfiait, presque malgré lui, de ce que pourrait être sa réaction, et de ce qu'elle pourrait décider de faire des informations qu'il lui donnerait. Malgré tout, il voulait lui laisser le bénéfice du doute, et le mieux pour cela était encore de découvrir sa réaction et d'agir en fonction.

-Elle est venue frapper à notre porte il y a quelques jours, tu étais au château.

C'était techniquement la vérité, mais ce qu'il omettait de préciser, c'est que ce n'était pas la première fois qu'il revoyait Eleonore alors, et qu'ils s'étaient revus plusieurs fois déjà. C'était simple de se trouver des excuses pour justifier ses mensonges. Dire toute la vérité, c'était éventuellement compromettre Anthony, il lui devait une trop fière chandelle pour prendre ce risque, d'autant que le serviteur du roi lui avait fait promettre de n'en parler à personne, y compris à son épouse. Se mettre en danger lui-même, c'était une chose, mais il ne voulait pas que qui que ce soit d'autre en paye le prix.

-Tu la verrais... Elle est tellement... différente...

Amaigrie... résignée... Rebelle. Elle n'était plus l'adolescente monotone mais serviable et résignée qu'il avait vu grandir. Dans son regard brillait une véritable volonté, une haine profonde envers le roi et envers sa propre soeur... Elle n'était plus la même, non, mais son père l'aimait malgré tout tout autant. Si ce n'est plus.

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Messages : 192 Date d'inscription : 05/06/2018

Le mariage est le miracle qui transforme le baiser d'un plaisir à un devoir.

Il était évident qu’au vu de ce que Gwendall avait dit, il ne pouvait pas reculer sur ses paroles, il ne pouvait pas revenir en arrière. Il lui affirmait qu’il avait revu Eleonore, Abygaëlle ne pouvait pas juste ne pas réagir à cette affirmation et ne pas vouloir en savoir beaucoup plus. Parce que c’était forcément important, même si elle ne savait pas forcément ce que tout cela allait signifier, ce qu’ils allaient faire de cette information et comment même elle devait réagir.

Son époux lui apprit alors que Eleonore était venue frapper à leur porte, il y avait quelques jours, quand elle se trouvait au château. C’était plausible, après tout Abygaëlle passait plus de temps ici au château que chez eux. D’accord, Eleonore avait donc décidé de venir chez eux. Abygaëlle trouvait ça particulièrement dangereux pour elle et elle ne pouvait pas s’empêcher de lui reprocher d’avoir faire une telle chose, mais en même temps elle avait quand même surtout envie de savoir comment elle allait. Même si elle ne donnait peut-être pas le sentiment de se soucier de sa fille, parce qu’elle se souciait de celle qui était mariée à Gabriel, ce n’était pas le cas. Elle se faisait vraiment énormément de souci au sujet de Eleonore, elle espérait qu’elle allait bien quand même. Gwendall reprit la parole, affirmant que si elle la voyait, elle remarquerait à quel point elle avait changé, à quel point elle était différente. Abygaëlle ne savait pas du tout quoi penser de ce que son époux affirmait en cet instant précis, elle ne savait pas quoi penser de la venue de Eleonore chez eux, du fait qu’elle ait changé. Forcément, la femme était heureuse d’apprendre que sa fille était vivante bien sûr, mais ça soulevait quand même énormément d’interrogation.

« Comment… comment elle va ? » Demanda-t-elle, pour commencer. Parce que c’était quand même la question qui lui brûlait le plus les lèvres. Elle se demandait constamment si sa fille allait bien, si elle se portait bien, si elle était vivante. Elle avait la confirmation quelle était vivante, mais ce n’était pas avec les quelques paroles de son époux que Abygaëlle pouvait savoir si elle allait bien. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? Qu’est-ce qu’elle fait ? »

Elle avait envie de tout savoir bien sûr. Ce n’était pas le moment peut-être, clairement pas le bon endroit pour parler de tout cela, mais en même temps Abygaëlle ne pouvait pas réellement attendre. Ils devraient sans doute prendre la peine de rentrer chez eux et parler de tout cela dans un endroit plus discret comme leur maison, même s’ils ne pouvaient pas forcément être sûr d’être en sécurité n’importe où. Clairement, ils n’étaient pas au bon endroit, mais tant pis Abygaëlle n’avait aucune envie de patienter. Ils n’avaient pas forcément besoin de rentrer dans les détails, mais pour le moment la femme avait quand même surtout besoin d’en savoir un peu plus sur la situation de sa fille. Puisque son époux en savait plus qu’elle, visiblement…

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