Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons | Geoffroy & Aurore

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Après cette entrevue avec Jocaste, Aurore avait été perturbée. Ou du moins, pas moins rassurée qu’avant qu’elles discutent. Et pour cause, Gabriel, ou plutôt son comportement était toujours un souci. Mais Jocaste avait promis de le surveiller et de le suivre s’il sortait du château, et Aurore savait qu’elle pouvait faire confiance à sa dame de compagnie. Après tout, elle lui avait prouvé sa fidélité et son dévouement plus d’une fois maintenant. Mais si ce qui concernait son fils tendait à une résolution, elle lui avait appris que son époux était revenu, et cela était encore plus perturbant. Aurore ne le connaissait pas mais elle savait qu’il avait été coincé de l’autre côté de la barrière lorsque celle-ci a été érigée.

Cela signifiait donc que la barrière avait cédé ou bien qu’elle était devenue assez fragile pour laisser passer des individus. Et ça, c’était plutôt problématique. Cela pouvait avoir des conséquences plutôt importantes pour Féerie et il ne faudrait pas manquer de surveiller tout ça. Jocaste lui avait dit que Geoffroy s’était entretenu avec Edgar, ce qui n’avait rien de surprenant, et elle espérait qu’il se soit montré sincère avec son souverain. Mais elle n’avait pas eu l’occasion d’en discuter avec lui et elle voulait se faire sa propre opinion de l’époux de sa dame de compagnie. Et puis elle lui avait promis qu’elle lui ferait part de ses impressions concernant Geoffroy, s’il pouvait être digne de confiance et si ses convictions et son allégeance restaient inchangées, ce qu’elle espérait sincèrement. Elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser des hommes non dignes de confiance et aux pensées douteuses se balader librement à la cour du roi. C’était le moins qu’elle puisse faire, même si Edgar se faisait son idée des choses, elle voulait se faire la sienne.

Elle avait fait parvenir un mot au jeune homme, lui demandant une rencontre. Elle ne comptait pas le questionner comme s’il était un criminel, bien entendu, elle voulait juste discuter, et puis le connaître aussi puisque ce serait la première fois. Elle ferait de son mieux pour se faire de lui l’idée la plus objective possible. De toute façon, elle partait de rien, donc ce ne serait pas si difficile. Elle espérait que cette discussion éteindrait ses soupçons et ses doutes à son sujet, ne serait-ce que pour Jocaste. Mais elle comptait aussi en savoir un peu plus sur ce qu’il avait vécu, souhaitant satisfaire sa propre curiosité. Ce n’était pas tous les jours qu’ils avaient ce genre « d’invités » au château. Elle le vit approcher et attendit qu’il soit assez proche pour lui parler.

« Merci d’être venu. J’imagine que vous devez être beaucoup sollicité depuis votre retour, mais je crois que nous n’avons pas été présentés. Alors je me présente, Aurore Basiel, reine de Féerie. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Evidemment, on ne refusait rien à Aurore Basiel, que cela soit fait de bon cœur ou non, les gens faisaient leur possible pour la rendre satisfaite. Etant la reine, c’était normal, même si Aurore se mêlait rarement à la cour parce que cela l’ennuyait, elle voulait tout de même que les habitants de Féerie lui témoigne respect et loyauté. Pour le moment, ce n’était pas trop mal, même si la situation actuelle était délicate et que des airs de trahison flottaient dans l’air. Paranoïa ou véritables fondements, il était impossible de le dire pour le moment. Mais le fait est qu’il fallait tout de même redoubler de vigilance, surtout depuis que la barrière qui séparait les deux mondes n’étaient plus. Ce qui valait le retour de Geoffroy Wincane. Oh ce n’était pas une mauvaise chose, enfin, pour le moment. S’il sa loyauté envers le couple royal était toujours sans failles, tant mieux, et c’était aussi une bonne chose pour Jocaste, mais à choisir, Aurore savait bien qu’Edgar aurait préféré qu’il reste là-bas et que la barrière soit toujours existante. Mais bon, on ne lui avait malheureusement pas demandé son avis avant de détruire la barrière, et elle savait qu’il n’en resterait pas là avec toute cette histoire, ce qui était normal d’ailleurs, il était le roi après tout. Quoiqu’il en soit, Aurore ne s’occuperait pas de cela, mais à la place elle souhaitait s’entretenir avec Geoffroy Wincane, pour savoir ce qu’il en était. Après tout, il valait mieux rester prudent plutôt que de se réjouir de son retour trop tôt, et puis elle avait promis à Jocaste de se faire une idée de son époux.

Bien entendu, l’homme s’était présenté devant elle. Elle n’en doutait pas de toute façon. Elle ne comptait pas l’accabler ou l’accuser, elle voulait juste discuter avec lui, il n’avait donc rien à craindre, tant qu’il n’avait rien à cacher. Et tant qu’il ne mentait pas, évidemment.

« Je suis ravi de pouvoir enfin faire votre connaissance Majesté, j’ai longuement entendu parler de vous. »

Evidemment, elle n’était pas encore reine quand il avait quitté Féerie pour le Royaume du bout de l’Océan, donc ils ne se connaissaient pas. Mais la chose était réparée maintenant. Elle lui adressa un sourire poli, en tout cas, il n’avait pas perdu ses manières, ce qui était une bonne chose en soi. Mais l’éducation de toute façon était quelque chose qui ne s’oubliait pas.

« Que puis-je faire pour vous ? »

Aurore était tout à fait consciente qu’il avait dû subir moult questions de la part du roi, Jocaste, et d’autres personnes qui peuplaient Féerie. Et elle comprendrait qu’il se sente lassé de tout cela, mais elle ne comptait pas lui faire subir un interrogatoire, elle voulait juste discuter de manière courtoise avec lui, histoire de le connaître un peu et de savoir quel genre d’homme il était.

« Ne craignez rien, je sais que vous avez déjà dû répondre à de nombreuses questions et je ne vous ai pas fait demander pour vous questionner. Je souhaite juste m’entretenir avec vous pour faire connaissance. Après tout, votre épouse est très proche de moi, alors cela me semble légitime. Et puis, je dois bien admettre que vous m’intriguez, cela ne doit pas être évident de revenir ici après toutes ces années. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Il est vrai que ce n’était peut-être pas le rôle de la reine d’agir de cette façon. Que personne ne lui demandait de s’enquérir de quoique ce soit vis-à-vis des personnes de la cour. Mais c’était un cas exceptionnel, et puis de toute façon, elle faisait bien ce qu’elle voulait, tant que cela ne portait pas préjudice à son époux. Et personne n’avait rien à lui dire. Surtout qu’en règle général, Auror se fichait bien de la cour et restait davantage dans le château à s’occuper de choses qu’elle jugeait importantes, ou simplement s’occuper d’elle. Mais là, encore une fois, c’était un cas exceptionnel. Geoffroy était revenu du royaume du bout de l’océan, ce qui n’était pas un fait anodin. Loin de là. Si la barrière était détruite, ça concernait tout le royaume de Féerie, et elle savait que ça préoccupait beaucoup Edgar. Elle avait donc jugé nécessaire d’y mettre sans grain de sel. Surtout qu’en plus de tout cela, Geoffroy était l’époux de Jocaste, la dame de compagnie d’Auror. Et si la reine se souciait du sort de bien peu de personnes, ils se comptaient sur les doigts d’une seule main, Jocaste en faisait partie. Et elle ne voulait pas que son amie se fasse de fausses idées sur son mari et qu’elle en ressorte avec le cœur brisé. Elle ne le souhaitait vraiment pas.

Mais ce n’est pas pour autant qu’elle comptait se montrer désagréable avec le soldat. Elle ne le connaissait pas après tout, donc elle avait un avis totalement neutre et objectif, enfin, en principe. Dans tous les cas, elle comptait bien se faire une idée de lui en ce moment même.

« Je ne vous le cache pas, ce n’est pas évident en effet. Mais si je peux me permettre, c’est un grand soulagement pour moi. »

Elle le croyait sans peine. Être de couper de tout ce que l’on a connu, sans espoir de retour, et finalement pouvoir rentrer des décennies plus tard, cela relève du miracle. Alors elle imaginait sans mal qu’il se sentait déboussolé mais qu’il soit extrêmement heureux d’être de retour. Mais sans vouloir être de mauvaise foi, son retour n’était pas une bonne nouvelle pour Féerie, étant donné que cela signifiait que la barrière entre les deux royaumes n’existait plus.

« Je n’en doute pas une seule seconde. Mais je suppose que vous êtes conscient que si tout le monde ne saute pas de joie à votre retour, cela n’a rien à voir avec vous, mais avec tout ce que cela implique pour le royaume. La barrière n’aurait pas dû disparaître, mais puisqu’elle l’est, bon retour ici monsieur. »

Elle ne voulait pas être rabat-joie ou lui faire croire qu’elle voyait son retour d’un mauvais œil, mais elle souhaitait simplement être honnête avec lui. Ce n’était pas son retour qui posait problème, mais le fait qu’il ait pu revenir. Il n’était pas responsable de l’effondrement de la barrière, mais s’il s’en réjouissait, ce n’était pas le cas de la couronne. Pas du tout.

« Je suis en tout cas ravis de pouvoir faire connaissance avec vous. Je préfère largement pouvoir vous rencontrer que de me contenter de ce qu’on peut me dire à votre sujet. »

Elle lui adressa un léger sourire. Il était peut-être sincère, il disait peut-être cela par pure politesse, ou parce qu’il savait quelle place son épouse occupait auprès d’elle. Elle ne savait pas, et elle ne pouvait pas trancher tout de suite. Elle devait d’abord tenter de le cerner mieux que ça.

« En effet, je préfère moi aussi me faire ma propre idée sur les gens plutôt que de me fier à ce qu’on me dit. Et que vous a-t-on dit sur moi ? »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Aurore restait très cordiale, et avenante avec Geoffroy. Parce qu’elle n’avait aucune raison d’agir autrement après tout. Il n’avait rien fait de mal, et commis aucun crime pour le moment. Ni même n’était désobligeant vis-à-vis d’elle. Certes, le fait que la barrière ne soit plus, était une très mauvaise nouvelle, mais la reine était consciente que l’homme n’y était pour rien, et il serait malvenu de lui en vouloir pour cela. Il en avait juste profité pour revenir ici, à Féerie. Maintenant, ce qui était à déterminer, c’est si cela était pour de bonnes ou pour de mauvaises raisons. Aurore avait promis à Jocaste, qu’elle se ferait une idée de son époux, et c’est ce qu’elle allait faire, mais outre Jocaste, Aurore tenait surtout à protéger Edgar et le Royaume, pour sa propre sécurité. Parce qu’entendons nous bien que le peuple de Féerie, ce n’était pas sa motivation première. Aurore aimait juste son confort de reine, et elle restait la grande majorité entre les murs du palais. Elle n’avait en aucun cas envie que quoique ce soit vienne perturber tout cela, mais le souci, c’est qu’il y avait de plus en plus d’éléments indésirables et potentiellement dangereux.

Mais pour l’heure, Aurore tenait juste à se soucier de Geoffroy. Geoffroy qui avait déjà été interrogé par Edgar naturellement, mais Aurore voulait se faire son propre avis sur lui. Pour diverses raisons. Et puis, peut-être qu’elle pourrait apprendre ou déceler des choses que son époux n’aurait pas vu, mais elle le savait très doué à cela, alors c’était peu probable. Mais bon, sait-on jamais. Quoiqu’il en soit, pour le moment, elle ne tentait pas trop de gratter un peu pour en apprendre plus sur lui. Elle se contentait de le jauger sur ce qu’il dégageait, elle ne sentait rien de néfaste, mais si jamais il avait décidé de se retourner contre le roi, il avait eu vingt ans pour s’entraîner et faire tout un plan dans sa tête.

« Je n’ai entendu que du bien à votre sujet. »

Disait-il la vérité ou alors essayait-il de s’attirer ses bonnes grâces ? Elle n’en savait rien, mais pour l’heure, elle préférait tout de même lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, elle trouvait cette entrevue de bon augure pour le moment, mais tout pouvait encore changer, son idée sur lui n’était pas fixée, et elle n’en était qu’au début de son investigation.

« Jocaste m’a énormément parlé de vous. »

Pour cela, elle n’avait aucun mal à le croire. Jocaste n’était pas juste sa dame de compagnie. Elle était devenue sa confidente au fil des années, et elle lui avait parlé de choses dont elle n’avait jamais osé dire la moindre chose à qui que ce soit. Elle avait confiance en elle, une des seules personnes, avec Edgar en qui elle avait confiance. Elle aurait aimé pouvoir rajouter Gabriel à la liste, mais ces derniers temps, elle était malheureusement trop incertaine concernant son fils.

« J’ai énormément de chose à apprendre, à réapprendre sur le royaume, sur tout le monde. Elle m’aide beaucoup. J’essaie de me faire ma propre idée quand même. »

Elle lui adressa un léger sourire. Elle était consciente, que ça ne devait pas être facile pour lui. Tant de choses avaient changées. A commencer par elle, il y a vingt ans, elle n’était pas reine de Féerie. En tout cas, elle ne doutait pas que Jocaste lui serait très utile et d’un support sans faille dans son processus de redécouverte, mais encore une fois, elle ne voulait pas que sa suivante laisse son cœur lui aveugler l’esprit.

« Jocaste est une femme bien, et j’apprécie beaucoup l’avoir à mon service. Elle m’ait fidèle depuis tant d’années… je ne doute pas une seule seconde qu’elle vous est, et vous sera d’une grande aide. Cela pourrait peut-être paraître surprenant, étant donné les rangs qui nous opposent, mais je me soucie vraiment de Jocaste, et je serais vraiment désappointée, si elle devait être blessée de quelque manière que ce soit. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Pour le moment, Aurore n’avait pas encore pris sa décision finale sur ce qu’elle pensait de Geoffroy Wincane. Elle ne pouvait pas avoir de comparaison avant, après. Etant donné que c’était la première fois qu’elle le voyait, et qu’elle lui parlait. Elle ne pouvait donc pas dire s’il avait changé, si avant son départ il était quelqu’un de bien ou non. Aurore n’était pas encore reine à ce moment, lorsque la barrière magique n’était pas encore érigée entre les deux royaumes. Et elle ne savait alors rien de Geoffroy Wincane. Et lorsque Jocaste était entrée à son service, elle était déjà « veuve ». Mais Aurore comptait tout de même se faire une opinion sur l’homme en face d’elle, parce que c’était important. Même si elle restait en arrière-plan, elle comptait tout de même soutenir Edgar, et elle avait aussi promis à Jocaste de lui donner son impression.

Sa suivante était d’ailleurs l’une des seules personnes hormis sa famille qu’Aurore estimait. Probablement parce qu’elle était à ses côtés depuis toujours. Elle avait tout vécu à ses côtés, et Aurore avait toujours su compter sur la femme. Et effectivement, elle serait extrêmement ennuyée si Jocaste devait souffrir de quelle que façon que ce soit. Encore plus si le sujet de son malheur était Geoffroy. Même si Jocaste semblait toujours aussi amoureuse, vingt ans loin de tout, cela pouvait changer un homme. Et Aurore ne voulait voir sa dame de compagnie, et son amie, se faire avoir par une apparence qui n’était en fait rien de tout ce qu’elle avait pu connaître. Mais la reine n’était pour le moment, pas encore décidée sur ce qu’elle devait penser.

« Croyez moi, la dernière chose que je souhaite, c’est que Jocaste soit blessée. J’ai passé presque vingt ans de ma vie à tout faire pour la retrouver et d’être de nouveau auprès d’elle. Je sais qu’elle tient énormément à vous, être à votre service a été d’une grande aide pour elle après mon départ. Je ne souhaite pas que sa vie change... je veux juste retrouver ma place à ses côtés, être avec elle parce que je l’aime plus que tout. Et la seule chose qui m’importe c’est son bonheur. »

Aurore écouta tranquillement l’homme se confier sur le ressenti qu’il pouvait avoir sur la situation, et en particulier sur Jocaste. Son discours était touchant, c’était le moins qu’on puisse dire, et la reine ne semblait pas percevoir de mensonge en lui. Mais elle ne pouvait pas non plus être certaine de cela. Elle se demandait comment se seraient passées les choses, si jamais Edgar et elle, avaient dû être séparés pendant vingt ans. Auraient-ils le même discours aujourd’hui que Geoffroy ? Elle n’en savait strictement rien.

« Votre amour pour Jocaste vous honore Ser Wincane. Je ne peux qu’espérer que vous dîtes la vérité. Et si vous la rendez heureuse, je ne pourrai qu’en être ravie, croyez le bien. Je ne sais quelle décision prendra mon époux à votre sujet, mais si vous avez été sincère avec lui, il devrait se montrer juste. Comme il l’a toujours fait. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Il n’était pas des plus évidents de devoir se faire un avis sur quelqu’un rapidement. Du moins, dans ce contexte présent. D’une manière générale, Aurore se contentait de mépriser et d’ignorer la plupart des gens, ne se préoccupant que de sa famille, et de quelques rares connaissances qu’elle supportait. La reine n’avait pas vraiment d’amis, il n’y avait que Jocaste qu’elle considérait comme tel. Et devoir juger son époux de la manière la plus objective qui soit, alors qu’elle ne l’avait jamais rencontré auparavant, ce n’était pas un exercice facile. Ce n’était pas que pour sa dame de compagnie qu’Aurore voulait se faire une image bien définie de l’ancien garde royal. C’était aussi pour elle, pour savoir où elle allait, et pour Edgar, si jamais il avait besoin de conseils, même s’il savait se débrouiller seul la plupart du temps, et avec brio.

En tout cas, elle n’était pas certaine de pouvoir se faire une opinion complète de l’homme en une discussion, mais au moins, elle pouvait avoir une vue d’ensemble sur qui il était. Elle ne pouvait le comparer à l’homme qu’il avait été jadis, parce qu’elle n’était pas reine à cette époque-là, et qu’elle ne l’avait jamais rencontré, mais un avis neuf ne faisait parfois pas de mal. Au moins, elle n’avait pas de nostalgie, ou d’ancienne sympathie qui pouvait venir fausser son jugement. Pour l’heure, elle ne le trouvait pas médisant, et il ne donnait pas l’air de vouloir nuire à Féerie, Edgar ou Jocaste, mais peut-être était-il tout simplement bon acteur. Elle continuerait de se faire son idée à chaque fois qu’elle aurait l’occasion de le croiser dans tous les cas.

« Je ne me fais pas de soucis, j’ai été entièrement sincère avec votre époux. J’ai bien vu à quel point le royaume a beaucoup changé en mon absence et à quel point il semble bien mieux se porter. »

Le royaume se portait mieux parce qu’Edgar était à sa tête, tout simplement. Il avait peut-être des travers, mais il était un excellent roi, on ne pouvait lui retirer cela. En tout cas, s’il avait été sincère, tant mieux pour lui, il était plus que dangereux de mentir au roi, et en général, il s’en rendait vite compte. Son destin était entre les mains du roi de toute façon, et il le resterait probablement, parce qu’il avait le destin de tous ses sujets en main au final. Elle espérait au moins que Geoffroy pourrait être utile à Edgar, de quelque manière que ce soit, surtout avec cette barrière entre les deux royaumes, détruite.

« Le royaume est en paix grâce à Edgar. Et j’espère que vous pourrez en jouir, mais l’avenir est malheureusement bien incertain. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Aurore n’avait toujours pas d’avis tranché, et décidé concernant Geoffroy. En même temps, ils étaient encore en phase de connaissances, d’apprivoisement. Cela ne se ferait pas comme ça, du jour au lendemain. Mais cette conversation lui permettait au moins d’avoir une vue d’ensemble, d’apprendre à le connaître un peu. Elle ne pouvait pas se prononcer tout de suite sur ses intentions. Il paraissait sincère oui, mais elle savait mieux que quiconque que les apparences étaient trompeuses. Il était peut-être si docile, et si dévoué envers la couronne que pour la berner, et l’induire en erreur. Etant donné que c’était la première fois qu’elle le rencontrait, elle ne pouvait pas savoir s’il était toujours ainsi, ou s’il jouait un rôle. Elle avait quelques informations, parce qu’il était le mari de Jocaste, et parce qu’elle avait demandé également quelques renseignements à Edgar, mais elle gardait tout de même une petite réserve. Juste au cas où.

Cela ne voulait pas non plus signifier qu’elle se méfiait de lui comme de la peste, mais elle préférait se montrer prudente. En ces temps compliqués, c’était la meilleure chose à faire. Elle espérait cependant avoir la certitude, avec le temps, de pouvoir s’en faire un allié. Ce qui la gênait le plus, c’est que Jocaste lui était trop facilement retombée dans les bras. Elle pouvait le comprendre, mais elle devait aussi se mettre dans la tête que vingt passé dans un royaume hostile, et loin de tout ceux qu’il connaissait, cela changeait un homme. Et pas forcément en bien. Elle craignait que sa dame de compagnie ne souffre trop, qu’elle tombe des nues et finisse par ne plus reconnaître l’homme qu’elle avait épousé. Aurore ne pouvait la forcer à rester éloignée de lui, du moins temporairement, alors elle ne pouvait qu’espérer que les choses se passeraient bien. En ce qui concernait Geoffroy, s’il faisait souffrir Jocaste, il en paierait les conséquences. Jocaste était devenue l’amie d’Aurore au fil des années, alors s’en prendre à elle, c’était s’en prendre à la reine. Et s’attaquer à la reine était loin d’être quelque chose de sensé. Edgar n’apprécierait pas du tout.

« J’aurais bien aimé apporter avec moi une certitude concernant l’avenir, je regrette de ne pas avoir pu le faire. Je ferais tout pour aider votre époux en tout cas, je ne souhaite pas voir cette paix se ternir. »

Personne ne souhaitait voir cette paix se ternir. Mis à part les rebelles peut-être mais ils seraient très bientôt hors d’état de nuire. Elle savait que son époux avait la situation sous contrôle, et elle avait une totale confiance en lui, quoiqu’il en soit. Elle espérait que Geoffroy était sincère, même si elle ne considérait pas non plus son aide comme providentielle. Un seul homme ne sauverait pas la situation, mais cela pouvait toujours être utile.

« Je ne peux qu’espérer que vous dites vrai. »

black pumpkin

Rien de mieux qu'une discussion pour faire taire les soupçons
 

Aurore reconnaissait que Geoffroy semblait être quelqu’un d’honnête. Mais elle était bien placée pour savoir que sembler être quelque chose n’était pas forcément le reflet de la vérité. Le paraître et les faux semblants étaient bien présents à la cour de Féerie, elle en savait quelque chose. Alors elle se méfiait, et n’était pas particulièrement rassurée. Tout ce qu’elle pouvait souhaiter, c’était qu’il était sincère, envers le roi, et aussi envers Jocaste. Elle n’avait aucune envie que son époux, ou sa dame de compagnie finisse par souffrir du retour de cet homme, et elle comptait bien faire en sorte que cela n’arrive pas.

Elle n’allait rien faire contre lui, bien sûr, mais elle allait au moins le garder à l’œil, juste histoire de s’assurer que ses agissements n’auraient rien de suspect. Elle ne demandait qu’à se qu’il lui disait soit la vérité. Ce n’était pas le moment d’accueillir de nouveaux traitres au sein de la cour. Ils en avaient déjà assez comme ça, des ennemis, et elle était prête à parier que tous leurs alliés n’étaient pas aussi loyaux qu’ils pouvaient l’affirmer, mais elle n’avait pas de preuve, ou de moyen de le vérifier, malheureusement.

« Vos espoirs ne seront pas vains. »

Il pouvait l’affirmer autant qu’il le voudrait, cela ne changeait rien au fait qu’il n’avait que sa parole pour le convaincre. Si elle ne devait se fier qu’à ce qu’il lui avait dit, alors oui, elle était rassurée, mais elle ne pouvait faire une telle chose. Elle n’avait pas connu l’homme à l’époque, avant qu’il n’aille de l’autre côté, et qu’il n’y reste coincé, mais elle en avait entendu du bien, c’est vrai. Cependant, personne ne savait vraiment ce qu’il avait fait durant ces vingt années, et si par le passé, il avait été un époux, et un homme fidèle à la couronne, cela aurait très bien pu changer. Il aurait pu en vouloir à Edgar de ne pas pu être rentré avec le reste des Féeriens. Cela ne semblait pas être le cas, c’est vrai, mais elle n’avait aucun moyen de s’en assurer.

« Je ne demande qu’à vous croire. Et naturellement, les prochains temps serviront à définir si vous êtes vraiment l’homme que vous décrivez ou non. Je ne peux prendre le risque de vous croire sur parole, j’espère que vous comprenez. Mais je ne vous vois pas comme un ennemi pour autant. »

black pumpkin