La peur n'est pas réelle, le danger l'est (Odelle)

La peur n'est pas réelle, le danger l'est
 

Odelle était vraiment ravie d’avoir pu à nouveau affronter Edgar, même si tout n’était pas pardonné, et qu’elle savait que le roi se méfierait toujours d’elle à l’avenir, il acceptait au moins ses services, et c’était déjà beaucoup pour la sorcière. Elle préférait cela, à ce qu’il lui dise qu’il pouvait se passer d’elle, et qu’elle ne représentait absolument rien pour lui. Là, elle en aurait vraiment été vexée, même si elle aurait compris, d’une certaine manière.

Elle allait faire en sorte de réparer ses erreurs, autant que possible. Elle ferait tout ce que le roi lui demanderait de faire, évidemment. Odelle n’était pas une femme de morale dans tous les cas, alors il n’y avait rien qui puisse lui faire peur. D’autant plus, qu’elle avait tout de même appris à connaître le souverain de Feerie, avec les années, et elle était bien placée pour savoir que lui non plus, il n’y avait pas grand-chose qui l’effrayait, et il était très loin d’avoir froid aux yeux. Enfin bon, peu importe. Le plus important, c’était qu’elle était de nouveau dans la boucle, et qu’elle comptait bien apporter toute son aide à Edgar, que ce soit contre le Royaume du bout de l’océan, ou alors contre Nathaniel, même si ce dernier était déjà enfermé dan les geôles du château, grâce à elle, elle ne l’oubliait pas, même si cela avait été un hasard.

Mais Odelle préférait de loin dire que c’était plutôt le destin qui avait placé le « jeune » homme sur sa route. Le retour du bâton, pour avoir oser la tourner au ridicule. Elle l’avait amené à Edgar avec le plus grand des plaisirs. Elle n’avait pas du tout apprécié qu’il se moque d’elle, et elle ne doutait pas qu’Edgar allait savoir comment s’amuser avec lui. Elle fut sortie de ses pensées quand on toqua à sa porte, elle n’attendait personne, et n’avait aucune idée de qui cela pouvait être. Mais parfois, certains osaient s’aventurer jusque-là, quand ils étaient désespérés, et avaient besoin de ses compétences magiques. Ou peut-être que c’était un enfant perdu ! Elle se leva et alla ouvrir. Elle fut un peu déçue, en constatant que l’enfant était sacrément adulte… il restait jeune, mais la date de péremption était passée. En tout cas, elle ne le connaissait pas celui-là.

« C’est pour ? »

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Odelle était déçue, car elle se serait bien mis un petit enfant grassouillet sous la dent. Même si, pour qu’il soit grassouillet, elle aurait presque dû l’engraisser un peu pour que ce soit meilleur, mais bon. Dans tous les cas, elle faisait face à un jeune adulte, sans savoir ce qu’il lui voulait. Elle n’était pas inquiète pour autant, ce n’était pas rare qu’on vienne la voir pour des services. Si elle pouvait se faire de l’argent, elle n’allait pas refuser quelques pièces d’or tout de même.

Mais cela n’avait peut-être rien à voir avec cela. Il était peut-être perdu ou quelque chose du genre. Le mieux, serait encore de l’écouter. Il n’avait pas l’air d’être un homme de la cour en tout cas, il n’était pas vraiment… du genre guindé, et bien habillé. En fait, il ressemblait davantage aux gens du peuple, un beau jeune homme certes, mais du peuple. Ce n’est pas pour autant qu’elle refuserait de l’aider, mais c’était une information importante. Maintenant qu’elle avait réussi à se rabibocher avec le roi, mais si ce n’était qu’en partie, elle n’avait aucune envie d’aider un de ses ennemis par mégarde.

"Bonsoir. Odelle Saurre, n'est-ce pas ? Je m'appelle Michael. Je cherche... quelqu'un... mon frère. Je sais qu'il est quelque part dans ces bois, je voudrais le retrouver avant qu'il ne lui arrive quelque chose."

Elle haussa les sourcils, un peu surprise. De toute évidence, il était venu frapper à sa porte en sachant qui elle était, donc ce n’était pas un hasard. Ensuite, il s’appelait Michael, fort bien, et il cherchait son frère. Apparemment, il était perdu dans les bois. Elle ne savait pas quel âge avait ce frère, mais s’il était enfant, ce n’était pas prudent de l’en informer, étant donné que les enfants étaient son met favoris, mais bon.

Peut-être qu’il était trop vieux. Quoiqu’il en soit, il fallait qu’elle en sache un peu plus. Qu’elle puisse l’aider ou non, Odelle restait tout de même une femme curieuse, elle aimait se tenir au courant des choses. Elle vivait tout de même de façon un peu recluse, alors de la distraction de temps en temps, elle ne disait pas non. Elle laissa le jeune homme entrer chez elle, puisque ce serait plus simple de faire affaire ainsi plutôt que de le laisser sur le pas de la porte.

« Votre frère dites-vous. Il me faudrait un peu plus d’informations, Michael. »

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Odelle ne connaissait pas le jeune homme qui lui faisait face. Ce Michael. Mais il avait au moins éveillé sa curiosité. Il lui avait peut-être même apporté un repas, enfin, des informations qui la conduirait à son repas. En fonction de l’âge de son petit frère, elle pourrait peut-être se régaler. Mais pour cela, il lui fallait des détails. Odelle était en mesure de retrouver des gens, quand certaines conditions étaient réunies, évidemment, donc elle pourrait très bien tomber sur le garçon et dire au frère qu’elle était arrivée trop tard, et tout le monde serait content. Enfin juste elle mais c’était le plus important.

Quoiqu’il en soit, elle espérait que Michael aurait des choses assez conséquentes à lui, qui pourraient l’aider dans ses recherches, et lui mettre l’eau à la bouche, aussi. Si le garçon pouvait être en dessous de la barre des dix ans, ce serait une bonne chose. Ils étaient encore tendres, et juteux à cet âge, un vrai régal. Et puis, s’il ressemblait à Michael, ce serait encore un bon point. Le jeune homme était plutôt beau garçon, et il semblait en bonne forme, c’était des indices qui rendaient l'enfant encore meilleur à manger. C’était comme pour les bœufs, on préférait manger un bel animal, plutôt que celui qui était malade, et tenait peu sur ses jambes. C’était pareil de son côté.

"Il s'appelle Victor, il a quatorze ans aujourd'hui. La dernière fois que je l'ai vu, il en avait dix ans. Les cheveux bruns, les yeux noirs... Il avait été emprisonné sur l'île des soupirs, il a réussi à s'évader."

Quatorze ans…. Trop vieux. Il commençait à y avoir de muscles et la chair était moins tendre, et plus nervurée. Première mauvaise nouvelle. Cheveux bruns yeux noirs, il était mignon, mais des tas de personnes pouvaient correspondre à cette description. Et pour finir, un évadé de l’île des soupirs. Seconde mauvaise nouvelle. Ne savait-il pas, qu’Odelle œuvrait pour le roi ? Peut-être pas. Mais en même temps, en le retrouvant, elle pourrait aussi l’amener au roi…

« Bien, je prends note de tout cela. Mais dites-moi, qu’a-t-il fait pour être envoyé là-bas ? »

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Odelle n’était pas une femme généreuse. Elle ne faisait jamais rien qui ne puisse lui être profitable à un moment où un autre. Sauf cas exceptionnel. Il fallait qu’elle apprécie particulièrement la personne pour qu’elle accepte de rendre un service. Elle ne connaissait pas Michael, c’était la première fois qu’elle le voyait, alors elle n’allait pas prendre la peine de retrouver son frère pour ses beaux yeux. Elle n’en était pas à ce stade. Heureusement pour lui, et malheureusement pour elle, son frère était trop vieux pour qu’elle veuille s’en servir comme encas.

Elle n’avait pas encore pris sa décision cependant. Elle ne savait pas encore si elle accéder à sa requête ou non. Elle verrait bien ce qu’elle aurait à y gagner. Mais pour le moment, elle se montrait curieuse. On venait frapper à sa porte pour toutes sortes de choses. Pour les plus courageux, naturellement. Beaucoup la craignaient et ne s’aventuraient pas par ici. Mais pour ceux qui osaient, les demandes étaient variées, mais c’était bien la première fois qu’on lui demandait de retrouver quelqu’un. Néanmoins, elle pensait pouvoir en être capable. Elle n’en était pas certaine, mais c’était quelque chose qu’elle pouvait tenter.

"Rien... il n'a rien fait..."

Odelle ne put s’empêcher d’afficher un petit sourire à cette remarque. Elle ne pouvait pas forcément lui donner tort. Elle savait que ceux qui avaient été enfermés sur l’île des soupirs n’étaient pas tous coupables de crimes commis contre la couronne, mais tout de même. Il était peu prudent d’affirmer cela comme ça, surtout qu’Odelle soutenait fermement le roi. Alors si elle le retrouvait… elle ferait peut-être mieux de le remettre à Edgar, même si un adolescent n’était sans doute pas sa priorité, mais il faisait partie des rebelles.

"C'est cet ogre... Il a dévoré mes frères. Victor est le seul à avoir survécu. Je suis prêt à tout pour le retrouver et pour l'aider. Je paierai n'importe que prix."

Des ogres qui dévorent des enfants ce n’était pas une nouveauté. Elle-même avait un certain goût pour les enfants, elle ne le cachait pas. Mais bon, ce n’était pas non plus une histoire très joyeuse. Elle n’allait pas le plaindre, tout le monde avait ses soucis. Enfin bref, quoiqu’il en soit, ce n’était pas des informations qui allaient lui servir à beaucoup. Si elle acceptait de l’aider bien sûr, ce qui n’était pas encore le cas, même si elle n’avait pas encore refusé, et ne comptait pas le faire pour le moment.

« Je vois. Et qu’est-ce que vous seriez prêt à me proposer ? »

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Quand Odelle avait l’occasion de faire une bonne affaire, elle n’hésitait pas longtemps. Surtout si cela lui rapportait à elle. En toute honnêteté, elle se fichait bien du gamin perdu, étant donné qu’il était trop vieux pour elle. Il pouvait être mort au fond d’un ravin que cela n’allait pas l’émouvoir une seule seconde. Ce ne serait même pas trop mal, étant donné qu’il faisait partie de ceux qui s’étaient évadés de l’île des soupirs. Mais elle reconnaissait que mettre la main dessus ne serait peut-être pas une mauvaise chose, elle pourrait le donner au roi, il aurait peut-être des choses à dire.

Ce ne serait pas honnête envers Michael, c’est vrai, mais elle n’en avait pas grand-chose à faire. Elle ne le connaissait pas, et il ne représentait rien à ses yeux, alors elle n’allait pas commencer à faire dans le sentimentalisme. Si elle était du genre sensible, elle ne mangerait pas d’enfants, dans tous les cas. Et c’était son pêché mignon, alors on ne pouvait pas la blâmer. Ou si, mais elle n’en avait rien à faire, encore une fois. Quoiqu’il en soit, cette affaire commençait à éveiller en elle un soupçon d’intérêt. Elle allait peut-être pouvoir y trouver son compte, ce qui était une excellente nouvelle pour elle. D’autant qu’elle ne savait pas encore ce que le jeune homme voulait lui donner pour ses services. Elle allait peut-être être agréablement surprise, même si au final, on lui proposait surtout de l’argent, en général, ce qui n’avait rien de très affriolant, au bout d’un moment. Même si c’était toujours utile, elle aimait qu’on la surprenne.

"J'ai un objet. Vraiment précieux. Je vous le cède si vous acceptez de m'aider. Des bottes de sept lieues."

Tiens donc, ce petit avait de la suite dans les idées. Il disait vrai, les bottes de sept lieues revêtaient d’une grande valeur. Il y en avait très peu à travers le monde, et elle reconnaissait qu’en acquérir une paire lui plaisait beaucoup. Il avait au moins le mérite de savoir la surprendre, ce n’était pas donné à tout le monde. Pour la peine, elle acceptait de retrouver son frère, même si elle n’était pas encore certaine qu’elle lui rendrait.

« Voilà qui est intéressant… je suppose qu’à ce prix, je peux accepter de te venir en aide. »

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La peur n'est pas réelle, le danger l'est
 

Odelle n’allait pas nier que le fait de détenir des bottes de sept lieues serait un grand avantage. Que ce soit pour son utilisation personnelle, ou pour les échanger contre autre chose qui lui serait encore plus utile. Le jeune homme avait de la ressource, beaucoup se seraient contentés de lui proposer de l’or, ce qui n’était pas le plus intéressant pour elle, loin de là. Bien entendu, le prix fort restait les enfants, mais étrangement, personne ne voulait s’abaisser à lui en fournir. Ou alors on lui promettait et elle n’avait jamais rien en retour. Mais comme elle prenait toujours les paiements avant à présent, elle n’aurait plus ce problème.


"Merci, merci beaucoup"

Qu’il ne la remercie pas trop vite. Elle n’avait encore rien fait, et elle se demandait toujours si c’était une bonne idée. Mais en même temps, il voulait savoir où était son frère. Si elle le trouvait elle pourrait très bien aussi donner l’information au roi. Elle verrait bien comment elle se débrouillerait, mais en attendant, elle était tout de même d’accord pour aider ce jeune homme. Il payait un très bon prix, c’était normal qu’elle fasse un petit effort, après, elle jouerait ses cartes pour le mieux. Elle n’estimait pas que l’aider pourrait la mettre dans une mauvaise posture, s’il n’était pas le seul à savoir, ce n’était pas un drame.

"Comment est-ce que... vous comptez vous y prendre ?"

Il ne fallait pas que le jeune homme aille trop vite en besogne. Déjà, elle ne ferait rien sans avoir les bottes en sa possession. Elle ne se ferait pas avoir une deuxième fois. Certes, ce Michael n’était pas Nathaniel, mais Odelle se méfiait de tout le monde à présent. On ne la prendrait pas au dépourvu une seconde fois. D’autant que les conséquences étaient hautement compliquées maintenant. C’en allait de l’avenir du royaume, elle savait qu’elle avait mal agi, mais à part faire profil bas, elle ne pouvait pas tenter grand-chose pour racheter son erreur. Mais elle comprenait tout de même que le jeune homme posa la question, il était inquiet pour son frère, et désespérait probablement de le retrouver.

“Il me faudrait quelque chose qui lui ait appartenu dans l’idéal. Oh, et évidemment, je souhaite être payée en amont.”

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Odelle verrait bien, si elle aiderait véritablement ce garçon ou non. Après tout, son frère s’était échappé de l’île des soupirs, par conséquent, il était logique qu’elle devrait plutôt le rendre au roi, mais elle verrait bien comment les choses se présenteront à elle. Il était peut-être mort à l’heure actuelle, ce n’était pas improbable, et ce ne serait pas plus mal. Mais ce n’était pas forcément une bonne chose de le dire à Michael, elle voulait son paiement. Une fois qu’elle l’aurait, elle verrait bien ce qu’elle voudrait faire. Odelle était une sorcière honnête, en temps normal, mais il y avait parfois quelques exceptions, comme cette fois-là.

"D'accord, je reviendrai demain avec les bottes de sept lieues."

Il avait intérêt à le faire. Certes, elle n’avait pas encore entrepris quoique ce soit, ni fait aucun effort, mais elle voulait tout de même son paiement. Après tout, elle avait pris le temps de l’écouter, il lui devait bien ça. Ce n’était pas sa façon de faire, d’escroquer un peu les gens, mais les temps étaient durs pour tous, et elle devait bien avouer que les bottes de sept lieues, ce n’était pas n’importe quoi. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait en faire, mais c’était le genre d’item qui servait toujours.

"En attendant... C'est à lui..."

Elle récupéra le morceau de tissu. Elle ne comptait pas en faire quoi que ce soit pour le moment. Mais elle allait le garder de côté. Elle allait dans tous les cas s’attacher à retrouver ce garçon, mais elle n’était juste pas certaine de le livrer à son frère, ou alors au roi. Cela restait encore à définir. En tout cas, elle notait la bonne volonté de ce jeune homme. Mais puisqu’il attendait d’elle un service, cela relevait presque du bon sens. Odelle n’aimait pas traiter avec les réfractaires, c’était toujours ennuyant et barbant. Mais bon, là, elle reconnaissait que traiter avec ce jeune homme était très agréable.

« Je te remercie. Je te promets de faire mon possible pour retrouver la trace de ton frère. Il a beaucoup de chance, d’avoir un frère aussi dévoué, aussi désireux de lui venir en aide. Beaucoup n’auraient pas eu le courage de venir me trouver. »

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Il est vrai qu’on pouvait dire que Michael avait du courage, mais elle percevait tout de même de la naïveté chez le jeune homme, et par conséquent, une faiblesse dont elle pouvait possiblement se servir. Certes, ce ne serait pas très fair-play de sa part, mais depuis qu’elle avait été trompée, Odelle ne jouait plus à égalité avec les autres. Il était important pour elle d’avoir toujours un coup d’avance sur ses adversaires. Le jeune Michael n’était pas son adversaire, mais il était tout de même capable de lui apporter certaines choses. A commencer par ces bottes de sept lieues qui faisaient maintenant miroiter Odelle. Même si elle n’en aurait pas forcément l’utilité, il était toujours intéressant de posséder un objet magique de cette ampleur. Quant à ce que Michael demandait en échange, elle ne mentait pas. Elle ferait en sorte de retrouver le garçon, mais l’inconnue était de savoir si elle le lui dirait ou non. Elle avait déjà fait défaut au roi en abattant la barrière pour Nathaniel, ne pas lui communiquer l’emplacement d’un prisonnier serait sans doute encore une nouvelle erreur, mais sa gourmandise restait plus forte que son allégeance, et puis, il n’était pas dit qu’elle retrouve sa trace dans tous les cas.

Michael retrouverait donc son frère sous certaines conditions. Si Victor était arrivé à un âge trop avancé, il n’aurait pas d’intérêt pour Odelle, et la question serait alors de savoir si elle le rendrait à son frère, ou si elle le livrerait au roi. Mais Victor était sans doute le rebelle le moins dangereux, étant donné son âge, c’était comme Daphnée, ils étaient probablement insignifiants aux yeux du souverain de Feerie. Du moins, elle tentait de s’en convaincre. Mais il fallait encore qu’elle parvienne à le retrouver, il y avait donc plusieurs inconnues, plus questions à cette affaire, et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle y répondre, dans tous les cas.

"C'est l'avantage de ceux qui n'ont plus rien à perdre. A la fin, on n'a plus que le courage. Merci... Est-ce que... c'est tout ?"

La sorcière afficha un petit sourire amusé. Elle sentait bien qu’il n’était pas à l’aise, et que la peur le tenaillait sûrement un peu, et elle s’en sentait flattée. Odelle aimait avoir une certaine influence sur son entourage, et impressionner les autres ne pouvait qu’être flatteur. Enfin, elle pourrait très bien le libérer à présent, mais elle préférait jouer un peu avec lui, juste un petit peu. Rien de bien méchant à dire vrai, et il fallait bien qu’elle trouve à se divertir après tout.

« Veux-tu déjà partir ? Ma compagnie est-elle si mauvaise que cela ? »

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Odelle jouait un peu avec le garçon, mais elle n’avait pas tout le temps de la visite. Alors il fallait bien qu’elle en profite un peu quand l’occasion se présentait. Surtout qu’elle voyait bien que le jeune homme était impressionné, ou intimidé par elle. Alors elle n’avait pas besoin d’en rajouter beaucoup pour que cela ait son petit effet. Odelle aimait avoir un certain pouvoir, une certaine influence sur les autres. Elle était une sorcière, une puissante sorcière, elle était donc au-dessus du commun des mortels, et il était important que cette place soit respectée. Elle voulait qu’on lui témoigne du respect, et de la déférence. Elle ne devait pas être traitée comme une femme lambda, elle valait bien plus que ça, sans aucun doute.

Enfin, au moins, elle avait un certain contrôle sur ce jeune homme. Déjà, il avait besoin de son aide, ce n’était pas rien, et ensuite, il n’était qu’un petit humain inoffensif pour elle. Elle voyait bien, que son plus grand désir était de partir en cet instant précis. Mais plus il avait envie de partir, plus il avait envie de le garder ici. Sachant qu’il était intelligent pour ne rien faire qui pourrait la mettre de travers. Au moins, elle ne pouvait pas lui enlever ça, il avait un tant soit peu d’esprit, ce qui n’était pas le cas de toutes les vies peuplant Féerie. Mais c’était ainsi, il fallait savoir s’adapter à tout type de caractère, de personnalité.

"J'ai jamais dit ça. C'était juste une question... Une question à laquelle vous n'avez pas répondu."

Il ne l’avait pas dit, c’est vrai, mais elle était capable de lire son langage corporel. Sa façon de parler, et il était clair qu’il n’avait aucune envie de rester ici, ce qu’elle pouvait comprendre d’une certaine manière. Il n’était pas en position de force, et ne savait pas s’il pouvait lui faire confiance. Et Odelle jouissait tout de même d’une réputation qui la précédait. Alors elle pouvait comprendre qu’on ne soit pas particulièrement rassuré en sa présence, mais ce n’est pas pour autant qu’elle souhaitait se trouver conciliante. Elle n’avait pas répondu à sa question, et ne souhaitait pas y répondre pour le moment.

« Tant mieux, car j’apprécie grandement ta compagnie, cher jeune homme. »

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Odelle s’autorisait à jouer un peu avec le jeune homme, parce que ce n’était pas tous les jours qu’elle avait de la visite, et qu’elle avait très clairement le dessus sur lui. Ce n’était rien de bien méchant non plus, mais elle voyait bien qu’il avait peur, ou du moins, qu’il était impressionné, et pas à son aise. Et cela plaisait tout à fait à la jeune sorcière. Odelle était une femme orgueilleuse, qui avait conscience de sa puissance, et de l’effet qu’elle pouvait avoir sur les simples humains. Elle en jouait, c’était une certitude, et elle ne comptait en aucun cas s’en excuser.

Elle aimait avoir le dessus sur les autres, et elle estimait que cela lui était dû. Evidemment, elle n’était pas puissante pour rien. Pourtant, elle ne comptait pas faire quoique ce soit à Michael, mais il semblait tellement sensible qu’elle ne pouvait s’empêcher de le titiller un peu, pour voir comme il réagissait, et pour le moment, elle n’était vraiment pas déçue, c’était le cas de le dire.

"Il paraît que je suis un excellent camarade et une personne tout à fait délicieuse"

La sorcière haussa un sourcil, surprise et amusée par sa réponse. Peut-être qu’il parlait avec cynisme, mais ce n’était pas grave, elle appréciait aussi les gens qui avaient de la répartie. En tout cas, si Michael n’était pas la meilleure compagnie qui soit, il avait au moins le mérite d’être divertissant sur le moment, c’était toujours un bon point pour lui.

"Enfin... Quand je dis "délicieuse"... c'est une métaphore, hein ?"

Sérieusement, est-ce qu’il pensait qu’elle était susceptible de le manger ? Bon d’accord, ce genre de pensées n’étaient pas totalement illégitimes, car des rumeurs devaient circuler sur elle, mais Odelle n’avait jamais mangé d’adulte, et cela ne la tentait pas plus que ça à dire vrai. Les enfants étaient son petit pêché mignon, parce qu’ils étaient tendres et avait un goût reconnaissable, mais elle n’irait pas manger quelqu’un d’adulte, non vraiment pas.

« Soit tu me penses idiote, soit tu crains d’être mangé. Pour ce qui est de la seconde option, n’aies crainte, ce n’est pas dans mes projets. Enfin, il est peut-être vrai que tu es délicieux… en tout cas, ta compagnie n’est pas désagréable. »

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