Ce qui nous manque nous instruit. (Nathaniel :3)

Messages : 2115 Date d'inscription : 21/01/2014

Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Eleonore n’avait aucune idée de ce qu’ils étaient réellement en train de faire et au fond, le mieux c’était sans doute de ne pas trop réfléchir au final. Du moins, c’était ce qu’elle se disait, parce qu’elle ne pouvait quand même pas s’empêcher de se dire en partie, que ce n’était pas forcément une bonne chose. Nathaniel n’avait rien de quelqu’un de bien, même Eleonore était capable de s’en rendre compte. Sans doute que de son côté, elle ne pouvait pas forcément être qualifié de quelqu’un de bien. Elle n’avait aucune idée de comment les choses allaient se passer et sans doute que c’était une très mauvaise chose ce qui venait d’arriver. Et qu’est-ce qui venait d’arriver ? Est-ce que ça avait un sens ? Est-ce qu’ils devaient définir quelque chose ? Eleonore n’en savait rien. Généralement, c’était Nathaniel qui lui apportait ce genre de réponse d’ailleurs, quand elle se retrouvait dans une situation où elle n’avait pas vraiment idée d’où elle était en train de mettre les pieds.

Mais est-ce qu’ils étaient en train de définir ce qui arrivait ? Clairement non. Nathaniel répondit qu’au vu de la manière dont elle avait l’habitude de traiter les princes qu’elle rencontrait – autant dire qu’elle n’en avait rencontré qu’un –, c’était une bonne chose pour lui. Oui sans doute. De toute façon, Nathaniel et Gabriel n’avaient rien à voir, même si elle n’était pas sûr que le premier soit mieux que le deuxième. Le silence n’avait rien de vraiment désagréable en soit, clairement. Eleonore ne pouvait pas s’empêcher de se sentir perturbée par tout ça, elle réalisait à peine ce qu’elle avait vraiment fait et ce qu’il avait fait en retour. Parce que même si elle avait décidé de lui voler un baiser, alors qu’elle lui avait tant reproché de l’avoir fait à une époque qui lui semblait loin, elle avait été à mille lieues de se dire qu’il répondrait. Et encore à mille lieues de se dire que ça lui ferait cet effet. C’était bizarre, elle ne savait pas ce qu’elle ressentait, elle ne savait pas ce qu’elle voulait, elle ne savait pas où ils allaient. Sans doute qu’au fond ça n’allait pas changer grand-chose, parce qu’il y avait déjà quelque chose depuis longtemps, qui les attirait, qui faisait que leur destin était liés.

« Je pourrais essayer. » Répondit-il, sans sourire donc, quand Nathaniel lui fit la remarque qu’elle pouvait essayer de sourire un peu plus, puisque ça lui allait bien. S’il y avait bien un point où ils étaient vraiment différents, c’était sur ces fameux sourires. « Peut-être que tu arriveras encore à me faire sourire. » Ajouta-t-elle, sincèrement. Parce qu’il fallait qu’elle le reconnaisse, elle ne souriait presque jamais, et si ça pouvait arriver, ça serait sans doute en présence de Nathaniel. Quand bien même rien ne pouvait lui enlever cette habitude. « Tu souris comme ça depuis toujours ? » Demanda-t-elle finalement, ne pouvant pas s’empêcher de reprendre ses questions. Comme quoi rien ne changeait sans doute, rien n’allait changer. Ou pas directement. Ils n’avaient pas besoin que ça change vraiment, ils savaient certaine chose ça suffisait.

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Messages : 5489 Date d'inscription : 15/01/2014

Ce qui nous manque nous instruit.

N

athaniel ne pensait pas se retrouver un jour dans une situation où il se sentirait un petit peu... troublé. Car c'était le mot, effectivement, il était troublé. Troublé parce que, s'il avait toujours été imprévisible et inconstant, il avait tout du moins eu une ligne directrice, et Eleonore lui mettait du plomb dans l'oeil. Pourtant, la conversation reprenait de plus belle, et leur bonne vieille dynamique reprenait, Nathaniel la chambrait, Eleonore l'interrogeait... les bonnes vieilles habitudes, oui... Sauf qu'il y a moins d'une minute, ils s'étaient embrassés. Et il espérait bien, oui, en toute honnêteté, réussir à la faire sourire encore, et être le seul à disposer d'un tel pouvoir.

Et ce n'était pas anodin, il était bien incapable de prétendre, c'était impossible, même s'il aimait tout de même la tournure que prenait la conversation, parce qu'il sentait qu'ils creusaient toujours davantage, et où Nathaniel opposait aux questions de son interlocutrice des réponses volontairement lacunaires, il voulait maintenant se montrer sincère. Il n'avait plus grand-chose à lui cacher, en même temps, plus maintenant qu'elle savait, qu'elle savait combien Edgar avait pu compter pour lui. A partir de là, qu'est-ce qui pourrait encore lui poser réellement problème ?

-Je crois, oui, dit-il, non sans s'être tout de même laissé le temps d'y réfléchir quand elle lui demanda s'il avait toujours été dans ses habitudes de sourire sans cesse. Difficile à dire, mais d'aussi loin qu'il était capable de s'en souvenir, ça avait toujours été sa parade, sa défense, oui. J'ai vite compris que c'était le meilleur bouclier du monde.

Et c'était le cas. C'était sa manière à lui de se préserver de... tout obstacle. C'était sa manière de ne pas se laisser atteindre. Les vicissitudes de la vie semblaient plus simples, et surtout, il semblait plus aisé de les affronter quand on prenait le tout comme un simple jeu. Forcément, un sourire ne faisait pas tout, mais ça aidait. Même si, en l'occurrence, Nathaniel n'avait même plus vraiment besoin d'y réfléchir. Chez lui, c'était naturel, ce sourire fiché sur ses lèvres, il n'y réfléchissait plus du tout. C'était ainsi que ses émotions s'exprimaient, voilà tout.

-Eleonore..., reprit-il comme si de rien n'était. Qu'est-ce que tu veux ?

Oui, ça sortait de nulle part, mais alors qu'ils parlaient, il devait bien s'en rendre compte, sans aucun doute possible, la dynamique de leur relation changeait. Et même s'ils pouvaient juste prétendre qu'il ne s'était rien passé, Nathaniel n'en avait pas vraiment envie. Mais Eleonore l'avait embrassé, alors que voulait-elle ? Et lui, que voulait exactement ? Difficile à dire, parce qu'il n'était certainement pas capable d'entretenir une relation romantique avec qui que ce soit. Pourtant, il savait ce qu'il voulait. Il voulait Eleonore.

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Messages : 2115 Date d'inscription : 21/01/2014

Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Les interrogations de Eleonore étaient encore nombreuses, il y avait tant de chose qu’elle ignorait et elle en avait bien conscience. Et cela faisait un moment maintenant qu’elle ne voulait plus de ces zones d’ombres, ce n’était pas pour rien que les conversations avec Nathaniel ressemblaient souvent à une suite de questions réponses. Sans que le « jeune » homme ne lui apporte toujours des réponses bien claires. Concernant Nathaniel en lui-même, Eleonore se posait donc encore mille questions. Elle avait compris certaine chose, elle savait bien que son interlocuteur n’avait pas l’âge qu’il semblait avoir (ce qui devrait sans doute lui poser souci d’ailleurs), qu’il avait connu un ancien temps, qu’il avait été proche (trop proche) de Edgar. Qu’il avait eu beaucoup de déception dans sa vie, même s’il ne semblait pas vraiment donner le sentiment d’être affecté. Parce qu’il souriait tout le temps et Eleonore n’avait pas spécialement de mal à l’imaginer sourire depuis toujours, ou presque. Même si ce n’était pas forcément pour de bonnes raisons, que ça pouvait servir de bouclier. Eleonore trouvait ça triste, de se retrouver à sourire juste pour se protéger. Mais ça c’était sans doute parce qu’elle était incapable de se forcer à sourire contrairement à Nathaniel.

Elle aurait pu dire quelque chose, continuer sur ce sujet, qui semblait bien plus gérable que tout le reste. Mais Nathaniel la pris au dépourvu en lui demandant justement ce qu’elle voulait. C’était une question pouvait sembler simple en apparence, mais qui ne l’était clairement pas. Mais il valait mieux sans doute qu’ils définissent tout cela, ils ne pouvaient pas se contenter de faire comme si de rien n’était et au fond Eleonore n’avait aucune envie de faire comme si de rien n’était. Elle n’avait pas envie de faire comme si elle n’avait rien fait. Mais que voulait-elle vraiment ? Il y avait tant de chose dont elle avait envie en réalité. Comme retrouver Daphnée, venger la mort de Victoria, faire en sorte que plus personnes ne souffrent. Et pour elle-même ? Eleonore se sentait souvent désorienté, souvent troublée, parce qu’elle passait son temps à découvrir de nouvelle chose, à devoir remettre en question ce qu’elle pensait. Mais là, elle avait le sentiment de ne jamais avoir été à ce point dans le flou. Même si au fond, une part d’elle savait déjà ce dont elle avait envie.

« Toi… » Répondit-elle finalement dans un souffle, après un long moment de réflexion. Pas seulement parce qu’elle se demandait ce qu’elle voulait, mais parce qu’il fallait qu’elle assume ce qu’elle voulait. Ce n’était peut-être pas pour rien qu’elle avait tant de mal à s’imaginer dans le futur, une fois que tout sera terminé. Mais comme bien souvent, elle n’était pas sereine, elle doutait, se demandait si elle faisait une bonne chose, si elle se rendait sur le bon chemin. Quand bien même, ça faisait longtemps qu’elle avait déjà entamé ce chemin. « Tu as tous changé. » Depuis cette première discussion qu’ils avaient eue alors que Nathaniel était encore en cage, tout était différent. « Je… » Eleonore hésita un peu, se mordant la lèvre. « Je veux que tu sois toujours là. »

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Messages : 5489 Date d'inscription : 15/01/2014

Ce qui nous manque nous instruit.

N

athaniel voulait clarifier la situation. On pourrait arguer que ce n'était pas son genre, pourtant, et à raison. En temps normal, il était plutôt dans ses habitudes de laisser volontairement planer une part de mystère. Mais il faut croire qu'il n'acceptait pas des autres ce qu'il leur infligeait de son côté. En l'occurrence, il voulait savoir sur quel pied, à présent, danser en ce qui concernait Eleonore. Ce pouvait être un moment sans conséquence et sans importance, comme l'avait été le baiser qu'il lui avait volé il y a très longtemps, ou bien ça pouvait signifier quelque chose de plus fort, de plus profond... Tout dépendait d'Eleonore, en cet instant. Et Nathaniel devait bien reconnaître qu'il s'attendait un peu à une dérobade. Eleonore gardait d'excellente raison de préférer se réfugier derrière un prétendu moment d'égarement plutôt que d'admettre un bonne fois pour toutes une attirance mutuelle qu'ils n'étaient définitivement plus capables de se dissimuler l'un à l'autre.

La réponse d'Eleonore, Nathaniel ne s'y était pas attendue, mais il n'aurait pas pu en vouloir de meilleure. Ce qu'elle voulait ? Lui, tout simplement. Qu'il soit toujours là. Il ne le serait pas, bien sûr, pas si tout se passait comme il avait fini par l'imaginer. Sauf qu'il ne savait plus qu'imaginer, à présent. Son avenir avait-il soudainement plus de sens si Eleonore en faisait partie ? Oui, bien sûr que oui... Mais survivre au déclin d'Edgar ? Mener une vie ordinaire. Il savait que ce n'était pas fait pour eux. Il fallait juste qu'ils continuent ensemble et qu'ils partent ensemble... Ce qui changeait, maintenant, c'est qu'ils l'admettaient. Le besoin impérieux qu'ils avaient l'un de l'autre était sûrement la chose la plus sincère que Nathaniel ait jamais connu dans sa vie. Nathaniel fixa la jeune femme intensément. Elle était définitivement tout ce qu'il n'aurait pas pu prévoir. Mais au fond, il l'avait su dès le premier jour. Le plan changerait, parce qu'elle faisait partie du plan.

-J'aurais voulu te rencontrer dans mon autre vie, dit-il après un moment, et comme pour marquer cette sincérité dont il faisait enfin preuve, pour elle, il ne sourit pas, afficha seulement le plus grand sérieux du monde.

Oui, il l'aurait voulu. Car il savait qu'il se demanderait toujours à présent, ce qu'ils auraient été si la vie ne les avaient pas ainsi ballotés. Ils seraient insignifiants, sans doute. Ils ne se seraient pas intéressés l'un à l'autre. Et puis, dans cet autre vie, Eleonore n'était pas née (passons sur ce que ceci a de doucement glauque), et il y avait Latika. A laquelle il ne pensait pas un seul instant alors qu'il embrassait Eleonore un nouvelle fois. Si on lui demandait d'en prendre l'habitude, ce ne serait pas vraiment un problème.

-Je suis là où tu es. Je serai toujours là où tu seras.

Il prononçait ces mots comme une promesse, que les circonstances lui feraient rompre malgré lui.

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Messages : 2115 Date d'inscription : 21/01/2014

Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

La question à laquelle Eleonore venait de répondre n’avait rien d’évident, ça n’avait rien de facile. Oh, en un sens, la réponse semblait évidente, parce que quand Eleonore se posait réellement la question, elle avait conscience que la seule chose dont elle avait envie présentement c’était de Nathaniel. Oh, elle avait envie de beaucoup de chose également, bien évidemment, elle ne désirait pas seulement le jeune homme qui se trouvait devant elle. C’était juste… qu’elle avait pris conscience qu’elle était bien trop dépendante de lui. Ce qui en un sens n’était pas une bonne chose, elle en avait bien conscience également, mais elle n’y pouvait rien. Elle s’en rendait bien compte, son sort avait un lien direct avec celui de Nathaniel. Elle ne savait pas exactement comment les choses allaient se passer plus tard, mais ce qu’elle savait c’était qu’elle voulait c’était qu’elle soit en sa compagnie.

Quand Nathaniel affirma qu’il aurait aimé la rencontrer dans son autre vie… Eleonore ne sut pas réellement comment se positionner vis-à-vis de cette remarque. La jeune femme avait bien conscience que son interlocuteur avait eu une autre vie, elle ne connaissait pas tous les détails parfaitement, mais elle avait compris les grandes lignes. Et elle ne savait que trop bien que Nathaniel avait vécu beaucoup d’autre chose pendant cette période et elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir un peu mal à l’aise. Même si elle ne pouvait évidemment pas douter une seule seconde de la sincérité de Nathaniel, puisqu’elle n’avait pas le sentiment de l’avoir déjà vu afficher un air si sérieux, sans sourire, sans lueur espiègle dans son regard. Elle ne savait pas, cependant, si elle avait envie de trop penser à l’autre vie de Nathaniel. Ce qu’elle pouvait plus ou moins oublier quand Nathaniel venait déposer ses lèvres sur les siennes. Elle pourrait y prendre goût, vraiment. Tout comme elle appréciait d’entendre qu’il sera là où elle était, qu’il sera toujours là. Elle aimait entendre ces propos comme une promesse, même si elle savait qu’il ne pouvait peut-être pas faire ce genre de promesse.

« C’est ce que tu veux aussi ? » Demanda-t-elle tout de même.

Parce que si le « jeune » homme lui avait posé la question et qu’elle avait répondu honnêtement, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si c’était vraiment ce qu’il désirait de son côté. Oh, ça semblait être le cas, vis-à-vis de ce qu’il lui avait dit, de la manière dont il se comportait. Mais Eleonore ne pouvait pas s’empêcher d’avoir besoin de l’entendre le lui confirmer. Elle n’avait aucune idée d’où ils étaient en train d’aller, parce que même s’ils clarifiaient la situation tous les deux, ça n’enlevait pas le fait que cette situation était bien trop particulière, bien trop étrange, pour que Eleonore sache réellement où elle était en train d’aller. Ce dont elle avait l’habitude en un sens, ça faisait un moment qu’elle se sentait perdu. Et en même temps, c’était comme si elle se trouvait enfin à sa place.

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Ce qui nous manque nous instruit.

E

st-ce que c'était ce qu'il voulait lui aussi, la question se posait, en réalité, et la réponse n'était pas si évidente. Eleonore préfèrerait sans doute qu'il ait une vraie réponse à donner, mais ce n'était pas le cas. Il avait été sincère dans sa promesse, il comptait rester à ses côtés jusqu'à la fin, et il n'aurait aucun regret à le faire, mais il y avait peut-être une différence entre leurs aspirations, liées à leurs expériences respectives. Elle, elle attendait peut-être davantage, parce qu'elle était jeune, bien trop jeune...

Lui, il n'attendait plus rien, encore moins d'une femme, c'est pour cela que sa relation avec Eleonore le déstabilisait autant... Ce n'était pas, vraiment pas dans ses plans. Et il n'avait pas outre mesure l'intention de les bouleverser non plus. Ils ne vivraient rien de ce que vivent ceux qui comme eux se font de longues déclarations, c'était impossible, ça ne pouvait pas fonctionner. Mais la compagnie de l'autre leur restait indispensable, et ça, ça ne pouvait clairement pas être anodin. C'était quelque chose d'assez perturbant, même pour lui, avant tout parce qu'il était un monstre d'égoïsme. Mais Eleonore, Nathaniel n'avait pas envie de la trahir, il n'avait pas envie de la faire souffrir, il n'avait pas envie de l'abandonner, il n'avait pas envie de la laisser de côté. Ce serait de la décence élémentaire de la part de beaucoup d'autres, de sa part à lui, c'était quelque chose de beaucoup plus important et de beaucoup plus fort.

-C'est ce dont j'ai besoin, répondit-il finalement, simplement.

Bien sûr, c'était en partie ce qu'il voulait aussi. Il n'allait pas mentir, Eleonore lui plaisait au-delà des mots, et il la désirait, définitivement et sans aucun conteste, mais il y avait un fond manifeste d'impossibilité dans leur histoire qui avait commencé depuis bien plus longtemps que cet instant. Eleonore cherchait son chemin, Nathaniel allait peut-être l'égarer encore davantage, c'était même très probable, en réalité. Il n'avait rien à lui offrir d'autre que la liberté qu'ils convoitaient tant.

C'était énorme, c'était bien plus que tout ce qu'ils avaient pu obtenir jusqu'alors, mais ce n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient estimer définitif, à aucun niveau. Ils n'avaient pas d'avenir, ou un avenir sur le court terme, qui étouffait tout le reste, et quelque part, il ressentait une certaine amertume vis-à-vis de cela. Il aurait aimait connaître Eleonore dans son autre vie, oui, pour se projeter comme il l'avait fait autrefois avec Latika. Mais là, leur horizon était barré par un gigantesque mur de certitudes... C'était ce qu'il fallait, c'était ce qu'il attendait, sans aucun doute possible, mais ils ne pouvaient rien obtenir.

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Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Eleonore ne devrait peut-être pas poser ce genre de question, parce qu’au fond elle craignait un peu la réponse. Non pas qu’elle puisse imaginer que Nathaniel était entrain de la baratiner depuis tout à l’heure, au contraire il ne lui avait jamais donné le sentiment d’être aussi sincère avec elle depuis leur rencontre, depuis cette première fois où il lui avait parlé dans cette cage. Elle ne pensait pas qu’il puisse être en train de lui mentir, mais elle craignait quand même un peu la réponse à cette question. Simplement parce qu’elle n’avait pas envie d’entendre une autre réponse, ou du moins elle craignait que la réponse qu’il lui apporte ne soit pas l’une des celles qu’elle pourrait appréciait. Elle craignait oui, d’entendre Nathaniel affirmer que finalement ce n’était pas du tout ce qu’il voulait, qu’au final tout cela n’était qu’une bonne blague.

Parce qu’elle avait parfaitement conscience à quel point tout cela avait de l’importance pour elle. Depuis le début de cette histoire, Eleonore avait eu l’occasion de remarquer des changements dans sa vie, dans sa façon de penser, dans ses attaches. Elle savait depuis un moment que Nathaniel avait de l’importance dans son existence et pas seulement parce qu’il était ce « jeune » homme dans cette cage qui était maintenant libre et qui cherchait vengeance et avec qui elle passait presque tout son temps. Non, il y avait eu autre chose, et ça depuis le début. Dès les premiers mots qu’ils s’étaient échangés, même si elle avait mis longtemps avant de l’accepter. Parce qu’elle avait eu besoin d’accepter ces changements, d’accepter son destin. Son destin qui ressemblait plus ou moins à rien au final. Elle ne se projetait pas réellement, elle pensait au moment où elle allait se retrouver devant Anna et où elle allait avoir le courage de venger Victoria, elle pensait au moment où Nathaniel allait se venger de Edgar. Et ensuite ? Elle parvenait à imaginer un destin pour toutes les personnes qui avaient croisés sa route, sans de son côté s’imaginer un destin. Parce qu’elle le savait, c’était beaucoup trop lié à celui de Nathaniel. Et elle l’avait dit, une part de lui allait disparaître à la fin. Alors une part d’elle disparaîtrait sans aucun doute.

Finalement, Nathaniel lui affirma que c’était ce dont il avait besoin et ce fut sans doute la meilleure réponse qu’elle aurait pu obtenir. Il devait en avoir envie sans doute, mais au-delà de ça c’était ce dont il avait eu besoin. Et elle se rendait bien compte à quel point les propos de Nathaniel la touchait plus qu’elle ne l’aurait cru, sans qu’elle n’ait jamais imaginé ressentir tout cela. Comme elle ne s’imaginait pas ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit et à présent elle ne pouvait qu’assumer le fait qu’elle avait besoin de Nathaniel.

« J’apprécie… » Reprit-elle doucement, pesant ses mots. Elle ne pouvait pas réellement dire qu’elle était contente, heureuse, parce que ce n’était pas entièrement le cas. Elle aurait aimé que les choses soient différentes en un sens. « J’apprécie que tu ais une autre vie. »

Parce que Nathaniel avait eu deux vies finalement, celle d’autre fois quand il était jeune (même s’il l’était toujours physiquement et que Eleonore n’avait aucune envie de penser à l’âge qu’il avait réellement), quand il était avec Anthony, Edgar… Latika. Et celle de maintenant, avec les rebelles, avec elle. Oui, elle appréciait finalement qu’il ait eu deux vies pour qu’il fasse partie de son destin.

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A

u fond, Nathaniel aussi appréciait cette seconde vie dont il n'avait pourtant jamais complètement voulu, et il ne saurait qu'affirmer le fait qu'Eleonore y était définitivement pour quelque chose. Si cela n'avait dépendu que de lui, il n'aurait eu qu'une vie. Elle aurait été longue, agréable, il aurait été roi, Latika aurait été à son bras, il aurait été inarrêtable. Sa seconde vie ne devait pas l'aider à récupérer ce qu'il avait perdu, mais juste à obtenir une revanche bien méritée. Rien d'autre n'avait normalement besoin de s'intégrer à ce schéma. Et elle était là, maintenant... Là où il songeait qu'il n'était pas forcément honnête avec son interlocutrice, ce n'était pas sur les sentiments qu'il avait pour elle, mais davantage sur les perspectives de cette nouvelle vie. Même avec Eleonore à ses côtés, il limitait son horizon à la mort d'Edgar, ça n'avait absolument pas changé.

-Je ne suis pas certain que tu aies raison de l'apprécier.

Le fait qu'il s'exprime ainsi, c'était simplement la preuve qu'il se montrait honnête envers elle. Une honnêteté qui lui déplairait peut-être, soit, mais qu'elle méritait. Il avait décidé de ne plus rien cacher à Eleonore, alors il fallait bien qu'elle le sache. Ici et maintenant, il aimait sa présence, il aimait qu'elle soit là, il aimait le goût de ses lèvres. Mais elle était bien plus jeune et il ne l'oubliait pas. A l'époque, il n'avait pas eu vraiment de scrupule à abuser de la naïveté de Latika (même s'il l'avait aussi sincèrement aimée), mais là, ce n'était pas pareil.

-Je crois... que toi aussi tu devrais avoir une deuxième vie. Un avant et un après moi, tu vois ?

C'était contradictoire avec ce qu'il lui avait dit avant, mais en même temps, il ne pouvait s'empêcher de le penser bel et bien. L'idée qu'elle parte en même temps que lui, forcément, c'était agréable. Mais le moment venu, il se disait qu'il ne devrait pas lui laisser le choix. Elle ne s'en rendait pas compte, mais elle méritait de connaître le monde quand ce dernier aurait changé, surtout si c'était grâce à eux. Elle n'avait pas eu l'occasion de vivre, elle avait eu à peine l'occasion de comprendre qui elle était réellement. Et ce qu'elle était, ce n'était pas une part de lui, c'était juste une personne infiniment compatible avec ce que lui-même était devenu. Nathaniel n'aurait rien eu contre le fait de laisser les choses en suspens et ne pas y réfléchir davantage. Mais pour une fois, ce n'était pas à lui qu'il pensait, mais à elle, et cela faisait une différence qu'il ne pouvait absolument pas négliger, bien loin de là, même. Très loin de là.

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Nathaniel & Eleonore

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Eleonore n’avait au fond pas réellement une idée précise de comment les choses allaient se passer avec Nathaniel et elle n’avait pas forcément envie d’y penser dans les détails. La seule chose qu’elle savait, c’était qu’elle avait besoin de lui, de sa présence et qu’ils avancent ensemble. Au final, ça ne changeait pas grand-chose à ce qu’ils avaient déjà. Mise à part… le fait qu’elle l’avait embrassé, qu’il l’avait embrassé en retour et que ça c’était reproduit et rien que d’y penser, ça avait tendance à lui faire monter le rose aux jours. Mais en tout cas oui, elle appréciait au final le fait que Nathaniel soit présent, parce que quand elle se demandait ce qui serait arrivé si jamais il n’avait pas été dans cette prison, elle ne pouvait que se rendre compte de tout ce qu’elle aurait perdu. La liberté d’ores et déjà, même si forcément il y avait plus que ça. Tout ça c’était plus que ça.

Mais quand Nathaniel répondit qu’elle ne devrait pas apprécier tant que ça sa deuxième vie, Eleonore ne savait pas si elle avait bien fait de dire ce qu’elle avait dit. Elle n’avait aucune raison de cacher ce qu’elle pensait, mais elle était quelque peu refroidie par les propos de Nathaniel. Quand bien même, elle préférait largement qu’il se montre honnête qu’autre chose. Mais est-ce qu’il prenait mal ses mots ? Elle se posait la question, jusqu’à ce qu’il reprenne la parole. Il pensait qu’elle aussi devrait avoir une deuxième vie, une avant et une après lui…

« Je n’avais pas vraiment de vie avant. » Dit-elle, sincèrement, ne sachant pas réellement comment prendre les propos de son interlocuteur.

Oh, en un sens, ça devait être quelque chose de positif, une façon de lui faire comprendre que même sans lui, une fois qu’il aura eu ce qu’il voulait, qu’il se sera sans doute perdu en se vengeant de Edgar, elle pouvait très bien continuer. Nathaniel était en quelque sorte la preuve qu’il était possible d’avoir deux vies bien distinctes, même si Eleonore n’avait pas réellement envie de penser et de s’attarder sur ce qu’il avait pu vivre autrefois, avant même qu’elle ne soit née (ce qui ne pouvait que préciser à quel point leur situation était un peu glauque). Mais Eleonore n’avait aucune envie de se dire qu’elle pouvait continuer, qu’elle pouvait avoir une nouvelle vie après tout cela. Quand bien même globalement, elle pensait vraiment qu’elle n’avait pas eu de vie avant de rencontrer Nathaniel. Ce n’était pas complètement le cas en réalité, elle avait bel et bien vécu. C’était juste qu’elle n’avait pas vécu correctement, elle ne l’avait pas fait de la bonne manière. Elle n’avait pas eu une vraie vie, juste une simili vie.

« Je n’ai pas envie d’en avoir après. » Ajouta-t-elle, sincèrement de nouveau. Elle n’avait pas besoin de mentir, en même temps, elle avait envie que Nathaniel comprenne bien que c’était ce qu’elle pensait. Elle n’en voulait pas, elle n’en voyait pas l’intérêt.

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N

athaniel ne pouvait pas vraiment contredire Eleonore quand cette dernière affirmait qu'elle n'avait pas eu de vie avant lui. Ce n'était pas qu'il cherchait à tout prix à se donner ce genre d'importance, mais c'était un constat qu'il ne pouvait que faire néanmoins. Avant de faire sa connaissance, Eleonore n'était jamais qu'un produit façonné par la société d'Edgar. Un produit, certes, mais pas totalement formaté pour autant. Il y avait déjà cette faille, cette volonté d'ailleurs, qui avait su le séduire et qui avait rendu ce moment possible. Mais elle restait ignorante, capable de croire aux mensonges dont on l'abreuvait dès la naissance. Puis elle avait croisé son chemin, et les choses avaient définitivement changé. Elle avait pris conscience de la vérité, et elle avait évolué. Sa vie existait déjà, mais elle n'avait pas eu l'occasion de la vivre vraiment, ni de comprendre les personnes qui l'entouraient, à commencer par sa propre famille, en réalité. Alors peut-être que c'était vrai qu'elle n'avait pas eu de vie avant lui, mais quand il disait cela, il pensait plutôt à une vie avant son départ, une vie après son départ...

Il sourit une nouvelle fois, avec une tendresse que seule Eleonore pourrait lui deviner, et qu'il n'avait plus du tout affiché depuis Latika, il caressa doucement sa joue du bout des doigts. Il n'avait pas vraiment envie de la dissuader, il faut dire qu'il était plutôt flatteur de l'entendre affirmer qu'elle ne voulait pas avoir de vie après lui. Etait-ce pour autant qu'il devait la laisser faire ? C'était un égoïsme tentant... Ne plus autoriser à l'avenir Eleonore d'ouvrir son coeur, lui promettre une vie courte mais quelque part intense. En même temps , ce n'était pas à lui de décider.

-Tu es libre, Eleonore, de tes choix et de tes désirs, lui assura-t-il, le regard toujours plongé dans le sien, ce qu'il ne cessait en réalité de faire depuis plusieurs minutes, déjà. Les événements risquent de s'accélérer bientôt, je te demande juste d'y réfléchir.

Et c'était sans aucun doute la preuve qu'il la tenait en grande considération. Il tenait compte de ses besoins, de son avenir, de ses souhaits, chose qu'il ne faisait jamais avec qui que ce soit. Il lui adressait une opportunité certaine. Dans tous les cas, il savait que c'était son opportunité à lui d'avoir croisé la route d'Eleonore à cette étape de sa vie. Il n'était pas convaincu que la réciproque soit vraie. Ceci dit, si cela convenait à Eleonore, il n'allait certainement pas la retenir. Il restait suffisamment égoïste pour veiller à ses intérêts quoi qu'il en soit. Et son intérêt, c'était de garder Eleonore avec lui jusqu'à la fin, même si cette fin serait sans doute prématurée pour la jeune femme.

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Messages : 2115 Date d'inscription : 21/01/2014

Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Le discourt de Eleonore pouvait sembler bien morne, mais elle disait réellement ce qu’elle pensait. Concernant le fait qu’elle n’avait pas spécialement le sentiment d’avoir eu une vie avant de croiser la route de Nathaniel, Eleonore partait du principe que personne ne pouvait la contredire. Elle avait bien eu une vie, à proprement parlé, mais c’était une vie qu’on avait fabriqué pour elle, sans lui permettre de voir la réalité. Pour ce qui était de la suite… disons que Eleonore pensait réellement qu’elle n’avait pas envie d’avoir une vie après le « jeune » homme.

Cela dit, elle devait bien avouer que c’était peut-être aussi parce qu’elle avait justement trop tendance à se raccrocher à Nathaniel. Depuis qu’elle l’avait rencontré pour la première fois, elle avait le sentiment d’avoir ouvert les yeux. Oh, ça avait commencé un peu avant, bien évidemment, mais elle avait conscience qu’elle ne serait pas ici sans lui. Il y avait tellement de chose qui se serait passé différemment sans lui. Il y avait tant de chose qu’elle n’avait pas envisagé sans lui. Elle avait conscience qu’une part d’elle était pleinement accroché à Nathaniel, pour le meilleur et peut-être pour le pire. Elle ne savait vraiment pas si elle serait capable de lui survivre. Et quand elle l’affirma à Nathaniel, Eleonore devait bien avouer qu’elle était curieuse de sa réponse. Il sourit, comme toujours, mais elle avait le sentiment qu’il y avait une différence maintenant, même si elle se doutait que c’était peut-être juste elle qui interprétait les choses différemment. Et puis, il ne manquait pas de caresser sa joue du bout de ses doigts et c’était quelque chose qu’elle devait bien avouer apprécier plus que de raison. Quand Nathaniel reprit finalement la parole, Eleonore fut quelque peu surprise. Non pas que Nathaniel soit du genre à réellement lui dire comment elle devait agir, réagir, penser… c’était juste qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il se contente de lui dire qu’elle était libre. Et encore moins ensuite l’entendre lui dire que puisque les événements allaient s’accélérer, il voulait simplement qu’elle y réfléchisse. Il y avait quelque chose encore une fois, comme s’il se montrait plus… ouvert, moins égoïste. Non pas qu’elle soit à penser qu’il était égoïste tout le temps, au contraire, il lui avait partagé tant de chose. C’était juste une impression infime, qu’elle avait envie de prendre en compte, comme si elle avait vraiment de l’importance. Parce qu’elle tenait à avoir de l’importance.

La jeune femme ne répondit pas tout de suite, se contenant de l’observer dans les yeux comme ils le faisaient depuis un long moment maintenant, avant de finalement articuler quelques mots.

« J’y réfléchirais. » Répondit-elle, comme une promesse. Elle considérait que sa décision était déjà prise, qu’elle ne changerait pas sa façon de voir. Mais elle pouvait concevoir qu’elle ne perdait rien à y réfléchir, comme le lui demandait Nathaniel. Surtout si le « jeune » homme le lui demandait d’ailleurs. Eleonore baissa son regard vers les lèvres de Nathaniel, qu’elle devait reconnaître désirer plus qu’elle n’aurait cru autrefois. « J’aime bien ce sourire. »

Ce sourire oui, parce que Nathaniel en avait une multitude. Au début, elle était incapable de les différencier, aujourd’hui c’était bien plus facile. Il souriait tout le temps oui, mais il ne souriait jamais de la même façon.

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N

athaniel ne pouvait pas réellement jauger la sincérité d'Eleonore, s'assurer qu'elle était complètement honnête à son égard et si sa promesse en était bel et bien une. C'était une chose qu'il avait réalisée très récemment. La jeune femme avait été un livre ouvert pour lui, au moment de leur rencontre... Mais ce n'était plus le cas à présent, elle avait changé, et en changeant, elle était devenue moins facile à cerner.. et l'air de rien, il préférait qu'il en soit ainsi. Au début, il avait trouvé séduisant d'avoir à ses côtés une marionnette attentive et docile, qui abandonnait toute capacité d'action et de réflexion au profit de ses propres convictions, mais aujourd'hui, il savait qu'elle n'aurait pas pris tant d'importance s'il ne l'avait pas vue changer progressivement.

Jusqu'à devenir ce qu'elle était à présent : l'incarnation même de la perfection, ou de ce que devrait être la perfection pour lui, en tout cas à ce jour, comme ça avait été le cas de Latika à l'époque. Il ne pouvait pas savoir si elle y réfléchirait ou non, mais il lui laissait le bénéfice du doute... dans une moindre mesure, en effet. Car si elle décidait de ne pas pousser plus loin sa réflexion, il l'inciterait à le faire d'une autre manière. En passant par Anthony, peut-être ? Sans oublier qu'il subsistait des variables qu'Eleonore oublierait en cet instant, comme Daphnée... qu'elle ne serait sans doute pas capable d'abandonner, où qu'elle se trouve.

Enfin, il avait évoqué l'avenir, parce qu'il estimait que c'était nécessaire, mais maintenant, que c'était fait, il n'avait plus envie que de se concentrer sur le moment présent. Et dans le moment présent, ils étaient là, tous les deux, ensemble, leurs regards mêlés, et c'était simple d'oublier tout le reste , ou presque tout le reste, à la vérité.

-C'est un de mes préférés, reconnut Nathaniel, en gardant ce sourire complimenté aux lèvres, ce qui était d'autant plus simple qu'il ne le forçait pas du tout.

C'est vrai, c'était un de ses préférés. Car quitte à sourire, Nathaniel préférait le faire sincèrement... mais ce n'était pas si souvent le cas, loin s'en faut. La situation dans son ensemble ne prêtait évidemment à sourire que si l'on s'y forçait, au bout du compte. Sauf ce moment, ici et maintenant. Qui pouvait bien durer encore longtemps, car il lui plaisait largement.

-Je le sortirai plus souvent, dans ce cas.

Même si, en vérité, tout l'intérêt de ce sourire, c'est qu'il ne le choisissait pas. Il aurait été bien incapable de le forcer. Il ne savait même pas à quoi il ressemblait précisément, d'ailleurs, mais si c'était pour attirer un tel regard de la part d'Eleonore, il pouvait bien s'y efforcer davantage.

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Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Ils venaient de parler de l’avenir, mais Eleonore n’était pas certaine d’être décidée encore sur ce qu’elle venait de dire. Oh, elle pourrait se contenter d’affirmer qu’ils verraient bien, mais elle savait bien que ce n’était pas quelque chose qui plaisait à Nathaniel. Et dans tous les cas, elle avait surtout envie de se dire que c’était quand même presque tout vu. Elle n’avait aucune envie de penser à ce qu’elle allait devoir faire, quand le destin prendrait son dû. Même si en un sens, ça avait été sans doute important qu’ils posent des mots sur tout cela. Comme le fait qu’ils posent les mots sur ce qu’il y avait entre eux, même si en un sens, Eleonore serait bien incapable de décrire avec des mots ce qu’il y avait. La seule chose qu’elle savait, c’était qu’elle avait besoin de lui, que sa vie aurait été bien différente si elle n’avait pas pu l’avoir dans sa vie.

Et maintenant, la jeune femme devait bien avouer que ne pas penser trop précisément aux détails, ce n’était pas dérangeant. Ils ne pouvaient pas juste oublier tout ce qu’il y avait autour, mais en même temps Eleonore devait bien reconnaître qu’elle aimait un peu l’idée de ne pas penser au reste juste. Pour une fois, juste penser à ce qu’il y avait ici et maintenant, en cet instant précis, en cette seconde précise. À ce qu’elle ressentait. Nathaniel affirma que le sourire qu’il portait était l’un de ses préférés, c’était le sien en tout cas. Parce qu’elle avait le sentiment qu’il souriait sincèrement, qu’il souriait pour elle. Comme elle aimerait être capable plus naturellement de sourire pour lui. Ce qui en soit, n’était pas si difficile que cela en un sens. Du moins, ce n’était pas complètement impossible. D’ailleurs, une esquisse de sourire se dessina sur ses lèvres quand il précisa qu’il sortirait son propre sourire plus souvent. Elle peinait encore un peu à comprendre comment il parvenait à sourire de cette manière constamment.

Eleonore leva sa main, se permettant de déposer le bout de ses doigts sur sa joue, frôlant doucement ses lèvres, sans rien dire tout de suite. Avant de finalement reprendre la parole.

« Pas trop souvent j’espère. » Souffla-t-il, enchaînant. « Pas pour n’importe qui. »

C’était encore… particulier pour elle de le confirmer bel et bien, de le ressentir et d’accepter le fait qu’elle le ressentait. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine possessivité vis-à-vis du jeune homme et quand elle pensait à ce qu’il avait vécu dans son autre vie, elle se sentait parfois jalouse. Comme elle n’avait pas pu s’empêcher de craindre qu’il finisse par l’abandonner pour « mieux ». Parce qu’il méritait peut-être tout autre chose, parce qu’elle peinait encore bien trop à réellement définir ce que c’était que tout ce qu’il y avait, tout ce qu’elle était capable de ressentir. Parce qu’elle se disait que ce n’était pas pour elle, ça ne l’avait jamais réellement été.

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Ce qui nous manque nous instruit.

L

e sourire de Nathaniel, ce sourire qu'Eleonore appréciait tant, donc, ne quittait pas le visage du fugitif, et de toute évidence, ce pouvait encore durer un moment, ce qui en soi n'était pas pour le déranger, loin de là, pas dans ces circonstances, du moins. Pas dans ce moment suspendu hors du temps, du moins. Ca ne durerait évidemment pas. Il faudrait bien revenir à la réalité et à tout ce que cette dernière ne pouvait qu'impliquer. Mais chaque chose en son temps. Ici et maintenant, il y avait lui, il y avait Eleonore, il y avait la douceur de sa caresser quand ses doigts effleuraient son visage, l'intensité de son regard et le ton nouveau de sa voix quand elle s'autorisait avec lui une sorte de possessivité qu'elle n'aurait jamais daigné lui adresser autrement. Et ça l'amusait.

Il ne pouvait pas dire le contraire. Il ne s'était pas vraiment attendu à se laisser prendre à ce jeu-là, mais en revanche, il devait tout de même avouer qu'il avait toujours plus ou moins désiré avoir cette sorte de pouvoir sur elle, et qu'il en avait joué autant que faire se pouvait. Pour autant, il ne serait pas capable de l'exploiter de la même manière qu'avant. Et ce n'était pas si mal, dans le fond. C'était même très bien. On pouvait même dire que c'était agréable. Et puisqu'il y avait goûté, il n'avait pas forcément l'intention de s'en priver. Jusqu'à la fin. Jusqu'à leur fin.

-Je le savais, répondit Nathaniel d'un ton mi-amusé, mi-victorieux. Tu es vraiment jalouse de Latika.

Il repensait au début de leur conversation, qui lui paraissait relativement lointain à présent, mais qui remontait à quelques dizaines de minutes seulement, pourtant. Et oui, il savait bien qu'Eleonore n'était pas insensible au passif qui existait entre lui et la belle jeune femme qui en vérité n'était pas si jeune elle non plus, mais il aimait que son interlocutrice l'assume plus ou moins malgré tout, en reconnaissant tout du moins qu'elle n'avait pas réellement l'intention de le partager avec qui que ce soit.

Là-dessus, elle n'avait pas d'inquiétude à se faire, ceci dit. Son histoire avec Latika était définitivement enterrée, et pour commencer, il n'avait eu aucune envie de s'embarrasser de ces sortes d'émotions (qui lui avaient bien mal servi par le passé), de ces sortes de relations, il avait d'autres priorités, il plaçait sa vie sur un autre plan. D'accord, Eleonore avait quelque peu bouleversé les choses, il pouvait tout de même le reconnaître une bonne fois pour toutes. Mais ce n'est pas pour autant que le jeune homme allait se permettre encore d'autres exceptions par-dessus le marché, une seule suffisait déjà et exigerait d'ores et déjà bien assez de son attention.

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Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Eleonore avait encore un peu de mal à réellement réaliser ce qu’elle était en train de faire, même si c’était arrivé au fil du temps, doucement, petit à petit. A un moment donné, elle pourrait peut-être se dire qu’au final elle faisait une erreur, mais elle ne pensait pas. Elle ne saurait réellement expliquer comment elle ressentait les choses, c’était juste... évident et apaisant. En cet instant précis, ils se trouvaient dans une situation un peu hors du temps où ils pouvaient potentiellement se permettre de ne pas trop penser au reste. Mais Eleonore savait bien que la « vie réelle » n’allait pas manquer de venir s’imposer de nouveau. Et c’était une bonne chose, bien évidemment, même si elle ne pouvait pas nier qu’elle aimait vraiment beaucoup trop cet endroit, elle aimait beaucoup cet instant avec Nathaniel. Quand elle se permettait de montrer certaine chose, comme elle n’aurait jamais pu envisager de montrer, cette possessivité qu’elle se découvrait ressentir. Parce que non, définitivement, elle n’avait aucune envie de partager le « jeune » homme, elle n’avait aucune envie d’imaginer qu’il puisse regarder d’autres filles comme il le faisait avec elle, de sourire à d’autre fille comme il le faisait. Même si elle avait conscience également de tout ce qu’il avait vécu avant, qu’elle avait conscience qu’il savait manipuler aisément les autres. Elle avait envie de croire – et elle se permettait de penser qu’elle ne se trompait pas – qu’il était sincère avec elle.

Mais Nathaniel était Nathaniel justement et si elle découvrait des choses sur lui à longueur de temps, elle avait bien vite appris sa proportion à la titiller. Il l’avait fait depuis le début, il ne manquait pas de la pousser, de la faire sortir de ses retranchements. Volontairement ou non d’ailleurs, même si bien souvent il ne se retenait pas donc de jouer avec elle. Sans que ça ne soit un souci en soit, ce n’était pas très grave, mais quand Nathaniel reprit la parole, amusé et avec cet air victorieux qu’elle lui connaissait, pour affirmer que Eleonore était jalouse de Latika, elle se senti agacée. Autant agacée par ses paroles, par la façon dont il disait les choses, que par le fait qu’il n’avait malheureusement que trop raison et qu’elle sentait d’ailleurs ses joues rosir. Elle aimerait pourtant pouvoir réellement lui donner tort, avoir les moyens de lui prouver qu’il avait tort d’ailleurs.

« Absolument pas. » Répliqua-t-elle, comme elle le faisait souvent, cherchant à se défendre. Comme elle l’avait déjà fait au sujet de ce sujet précisément d’ailleurs, parce que ce n’était pas la première fois qu’il soulignait ce détail. Évidemment, la jeune femme se doutait qu’elle n’était pas vraiment la personne la plus crédible en cet instant précis, mais elle n’avait pas l’intention de trop lui donner raison et d’aller dans son sens. Même si oui... elle ne pouvait pas entièrement le nier, elle était jalouse de Latika.

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N

athaniel n'allait pas s'en cacher (et ça ne le dérangeait pas que cela puisse déranger son interlocutrice... pour tout dire, c'était même tout l'inverse, au final), il appréciait titiller ainsi don interlocutrice et constater qu'il y avait bel et bien de la jalousie dans son comportement. Il ne devrait pas en jouer, mais en même temps, le "jeune" homme avait toujours eu tendance à se jouer de tout dans la vie, y compris auprès des personnes auxquelles il tenait. Surtout auprès des personnes auxquelles il tenait. Anthony en avait fait les frais, Latika aussi.

Il y avait fort à parier qu'Edgar et Eleonore ne seraient pas épargnés non plus dans un futur proche. Cela voulait-il dire que le jeune homme devait changer, adopter une autre ligne de conduite ? Peut-être, mais il n'en avait aucune intention pour autant. Parce que la situation telle qu'elle se présentait ici et maintenant lui plaisait beaucoup trop pour qu'il puisse réellement envisager de modifier quoi que ce soit à tout cela. Ce serait même contraire à tout ce qu'il avait l'habitude de dire ou de faire. Et même si Eleonore constituait une entorse à ses plans, à ses habitudes et à ses projets, ce n'est pas pour autant que le fugitif comptait adopter une ligne de conduite totalement différente. Si Eleonore n'appréciait pas d'être chariée constamment, poussée sans cesse dans ses retranchements, il n'estimait pas que, pour commencer, il aurait nourri à son égard les sentiments qu'elle semblait éprouver pour lui, peu importe leur nature réelle, feu de paille ou quelque chose de plus fort et puissant.

-Eh bien tant mieux, dans ce cas, parce que je n'en ai pas fini avec elle encore, répondit-il alors avec décontraction, une fois encore dans le but de la titiller.

Il pourrait, à la place, se charger de la rassurer. Les sentiments que Nathaniel avait eu pour Latika avaient été sincères, et il n'avait aucune intention ou envie de s'en cacher. Et quand il l'avait revue, certains sentiments étaient remontés à la surface; Il avait planifié une grande partie de sa vengeance, quand il espérait quitter sa cellule bien plus tôt que ce qui avait été le cas en réalité. Mais aujourd'hui, la nature de leur relation était bien différente. Il pourrait le dire à Eleonore, que c'était une autre partie de ses plans qu'elle avait concrètement bouleversé, et que sa présence avait agi inconsciemment et permis d'estomper dans son esprit le souvenir de Latika. Mais non, il n'allait quand même pas se contenter de ça quand il pouvait modeler les faits à sa sauce comme c'était bien bien souvent le cas.

En même temps, c'était la vérité. Elle tenait encore un rôle crucial dans ses plans, et pour la peine, Eleonore devrait l'accepter dans son sillage pour un petit moment encore. Que cela lui plaise ou non, c'était ainsi.

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Messages : 2115 Date d'inscription : 21/01/2014

Nathaniel & Eleonore

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Eleonore avait l’habitude d’être constamment charriée par Nathaniel, de devoir se défendre sur ce qu’elle pensait, ressentait. C’était comme ça depuis la prison, depuis leurs premières conversations. Il la bousculait et souvent, c’était pour qu’elle réalise certaine chose par elle-même, qu’elle soit capable d’ouvrir les yeux. Et c’était ce qu’elle avait fait. Quand elle repensait à la manière dont elle voyait le monde autrefois, il y avait tout un univers qui séparait sa vision d’aujourd’hui. Eleonore savait bien qu’elle avait changé, même si elle osait croire qu’elle n’était pas non plus complètement différente et que dans le fond elle restait la même personne. C’était juste qu’elle avait une vision différente des événements, des convictions différentes aussi. Si avec Anna, elles avaient été toujours différente, Eleonore n’aurait jamais cru par exemple nourrir à ce point un besoin de vengeance à son encontre et pourtant, elle considérait qu’elle devait se venger et surtout elle souhaitait plus que tout y arriver. Même si elle se doutait également que ça n’allait pas être évident du tout.

Concernant Latika, le « jeune » homme devait sans aucun doute savoir parfaitement qu’il la touchait un peu en parlant d’elle. Eleonore s’en défendait, mais elle aimerait être bien plus sincère concernant sa jalousie. Au fond… oui, elle était un peu jalouse de la femme, même si elle ne se posait pas non plus des questions concernant ce qu’il y avait entre elle et Nathaniel aujourd’hui. Elle n’était pas idiote, elle avait bien compris qu’autrefois il y avait quelque chose, mais c’était il y avait si longtemps après tout. Ce qu’elle ne s’expliquait toujours pas, c’était comment Nathaniel qui était pourtant si âgé au vieux de ses déductions (mais elle préférait ne pas réellement penser à son âge), ainsi que Latika qu’il avait connu à cette époque puisse être encore si… jeune. Elle se disait qu’un jour elle connaîtrait aussi cette partie de l’histoire, mais en même temps elle savait aussi que ce n’était pas forcément la priorité. Elle en savait déjà plus que beaucoup, à force.

« Je m’en doute bien, tu ne t’infliges pas volontairement la présence d’indésirables. » Répondit-elle, d’un ton neutre, même si ce n’était pas complètement exact. Eleonore se doutait que les rebelles n’étaient pas forcément tout indispensable à Nathaniel. Cela dit, elle avait bien conscience que l’homme avait des projets concernant le royaume du bout de l’océan, concernant Edgar, qui touchaient forcément Latika. Elle l’avait compris dès qu’elle avait rencontrer la sulfureuse jeune femme et elle faisait avec, ce n’était pas comme si elle avait le choix en un sens, mais elle faisait dans tous les cas avec. « Tu… » Elle hésita avant de continuer, mais le fit quand même. « Tu l’aimais… autrefois ? »

Elle savait bien qu’il y avait eu quelque chose entre eux – et quand on voyait Nathaniel et Latika, au fond on ne pouvait que se dire qu’il devait forcément se passer quelque chose, tant ils semblaient coller l’un avec l’autre… sans que Eleonore ne se doute que Dorian avait eu sa place dans cette équation également –, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de poser la question.

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athaniel n'essaya même pas de répondre à la première remarque d'Eleonore. Même s'il lui restait des choses à découvrir à son sujet, elle avait fini par très bien le connaître. Suffisamment, en tout cas, pour ne pas être à même de croire en ses propres propos. S'embarrasser de la présence d'indésirables pour parvenir à ses fins ? Bien sûr qu'il en était capable. Et bien sûr qu'il considérait nombre de ses alliés comme des pions dispensables et interchangeables. Ce n'était pas pour rien qu'il avait promis à la sorcière la chair fraîche de Daphnée. Puisque la bonne marche de ses plans devait en dépendre, elle devenait sacrifiable. Tout le monde était sacrifiable, d'ailleurs. Même Anthony, même Eleonore, si ces deux derniers devaient devenir un frein à ses projets de vengeance. Evidemment, dans ces deux derniers cas, il aurait davantage de scrupules tout de même. Mais Nathaniel ne reculait jamais devant rien ni personne. Il était prêt à négliger le peu qu'il avait de sentiments humains pour assouvir ses ambitions. Et Eleonore en ferait peut-être les frais un jour. Comm ça avait été le cas de Latika autrefois.

Le sourire de Nathaniel s'agrandit quand Eleonore demanda au fugitif s'il avait aimé la jolie brune. Il n'avait pas eu besoin de cette question pour lui confirmer le fait que la jeune femme était définitivement jalouse, il n'empêche que c'était un constat qui lui plaisait réellement beaucoup, et dont il avait l'intention de jouer plus que nécessaire à l'avenir, au passage. En même temps, tout n'était jamais qu'un jeu pour lui. Ca l'avait toujours été, ça le serait toujours. Il laissa passer volontairement un petit temps de silence, se plaisant à faire cogiter Eleonore, avant de lui répondre. Honnêtement.

-Oui.

Une réponse brêve mais assurée, certaine, dont il ne se justifia pas davantage. C'était vrai, dans la mesure où l'on admettait que Nathaniel soit capable d'amour, il avait profondément aimé Latika autrefois. Aujourd'hui, la dynamique entre eux était différente. Trop de temps avait passé, trop de rancoeur s'était accumulé. Resterait toujours cette attirance du tout premier jour, malgré tout, quand son regard s'était posé pour la première fois sur cette jeune femme dont le caractère était alors bien différent de celui qu'elle avait aujourd'hui, et c'était grâce à lui.

Pas un mot de plus que celui-là, donc, il savait que cette affirmative serait bien suffisante pour faire cogiter la jeune femme. Cet aveu serait sans doute plus simple à assimiler dans tous les cas que celui de son amitié fraternelle passée avec Edgar. Oui, le Nathaniel de l'autre vie avait aimé, pas forcément sainement, ne nous en cachons pas, mais il avait aimé malgré tout, qu'Eleonore s'en rassure ou s'en inquiète était son choix. Dans tous les cas, c'était un fait réel, et qu'il ne niait pas. Pas avec elle.

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Nathaniel & Eleonore

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Sa question était sans aucun doute idiote, la jeune femme regrettait même de l’avoir posé. D’autant plus que Nathaniel ne répondit pas tout de suite, se contentant de laisser un silence entre eux avant d’enfin répondre à cette question. Est-ce que c’était parce qu’il avait besoin de réfléchir pour lui répondre honnêtement, ne sachant pas s’il avait réellement aimé la belle brune de l’autre côté de l’océan ? Ou bien, c’était parce qu’il cherchait une solution pour se dédouaner et ne pas lui dire la vérité ? La jeune femme ne pouvait pas le savoir et sans doute qu’il valait quand même mieux qu’elle ne sache rien du tout. Il valait bien qu’elle ignore ce qui se trouvait dans la tête de l’homme sous ses yeux, tout comme il faudrait sans doute qu’il ignore la réponse à cette question.

Parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle avait envie d’entendre. Eleonore savait bien qu’il y avait eu quelque chose entre Nathaniel et Latika. Elle l’avait rapidement compris en même temps, dès l’instant où elle avait eu la possibilité de rencontrer la femme en question, qu’elle ne pouvait qu’objectivement trouver magnifique. Bien plus belle qu’elle donc… en même temps, ce n’était pas bien difficile d’être plus belle qu’elle ces derniers temps et même depuis toujours, parce que Eleonore portait une attention peu attentionné justement à son physique.

Finalement, il répondit… un simple oui. Un oui confirmant bien à la jeune femme que Nathaniel avait aimé Latika autrefois, dans son autre vie. Il ne dit rien de plus, sans doute encore un fois parce qu’il ménageait un certain suspense. Ou alors parce qu’il n’avait pas envie de continuer, parce que tout cela était terminé ? Ou au contraire pas si terminé que cela. Eleonore détestait d’être à ce point dans le doute et surtout pour une situation comme celle-là. Elle ne supportait pas le fait d’être jalouse. Latika avait tout pour rendre jalouses les personnes autour d’elle, mais Eleonore n’avait vraiment aucune envie de l’être. Sauf qu’on ne faisait pas toujours ce qu’on avait envie, ce n’était pas le genre de sentiment qu’on pouvait facilement contrôler malheureusement.

« Et tu… l’aimes toujours ? » Demanda-t-elle alors, en aillant ce fichu sentiment de s’enfoncer un peu plus.

Elle s’en voulait déjà de se retrouver dans une telle situation, elle s’en voulait de poser de telles question et en prime, elle en rajoutait encore et encore… c’était tout bonnement insupportable. Mais en même temps, elle ne pouvait pas s’empêcher de poser cette question et elle ne pouvait pas encore plus s’empêcher d’avoir envie d’obtenir la réponse à cette question. En se doutant que ce n’était pas du tout une bonne ide et qu’il vaudrait sans doute mieux qu’elle garde cette curiosité pour elle, qu’elle arrête de poser ce genre de question. Elle se sentait tellement ridicule… Surtout que ça ne servait sans doute à rien et que ça ne risquait pas de servir à quelque chose.

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athaniel se trompait peut-être, mais il avait le sentiment de lire de la contrariété dans le regard d'Eleonore, et cette perspective l'amusait beaucoup trop pour qu'il ne choisisse pas d'en jouer en la faisant mariner un peu. Même si la jeune femme avait beaucoup évolué, et de façon phénoménale, depuis le jour de leur rencontre, il devait toujours tester l'influence qu'il avait sur elle, en lui tendant régulièrement de ces pièges dans lesquels il aimait la voir invariablement tomber. Son sourire se fit presque moqueur quand elle lui demanda si il aimait toujours Latika.

Au fond, la question pouvait peut-être se poser, en effet. Et Nathaniel aurait pu prétendre ne pas avoir la réponse. Il s'était parfois raccroché au souvenir de Latika, durant le temps qu'il avait passé en prison, au souvenir de son parfum, de ses lèvres, de son corps... ça lui avait fait du bien, mais au fond, et même s'il avait prétendu le contraire, il avait cessé de l'espérer dès l'instant où il l'avait trahie. Ce qui ne voulait pas dire qu'il avait cessé de l'aimer... Mais un autre sentiment, plus viscéral, occultait tous les autres : la haine, l'esprit de vengeance. Et encore aujourd'hui, c'était ce qui l'animait au-delà de tout le reste. Nathaniel n'avait sans doute jamais été capable d'aimer convenablement. Ce qui ne voulait pas dire que certaines personnes ne comptaient pas ou n'avaient pas compté... mais cela voulait dire qu'à ce genre de question, la réponse la plus évidente n'était pas forcément celle qui lui conviendrait. Mais même maintenant, même après le baiser, même après tout ce qui venait de s'être dit, il ne comptait pas non plus cesser de la traiter comme il en avait l'habitude.

-Tu es trop jeune, tu ne sais même pas vraiment ce qu'est l'amour ou ce que l'amour implique, décréta-t-il simplement.

Elle trouverait sans doute cela parfaitement gratuit, mais qu'importe. Il le pensait malgré tout. Ce qu'Eleonore éprouvait pour lui, c'était un élan insoupçonné du coeur, démesuré sans doute, et inconscient certainement, parce qu'il était le seul homme de son entourage sur lequel elle savait se reposer, parce que les épreuves et leurs nombreuses conversations les avaient rapprochés. Mais il fallait subir l'amour pour vraiment le comprendre. Bon, d'accord, il ne répondait pas du tout à la question qu'Eleonore lui avait posée, mais on n'ôterait jamais à Nathaniel l'envie de régresser, c'était, à la vérité, son activité préférée.

-Mais pour répondre à ta question, non, plus vraiment.

Il aimait Latika comme il avait continué à la fantasmer. Mais elle avait changé. Lui aussi, d'ailleurs, avait changé. Il ne cesserait jamais de la trouver attirante, c'est un fait. Mais ses sentiments, eux, s'ils avaient un jour été réels, s'étaient dissipés de longue date, et leurs retrouvailles n'avait rien ravivé.

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Nathaniel & Eleonore

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Eleonore avait bien conscience qu’elle devait arrêter les frais maintenant, qu’elle ne pose plus de question sur la belle Latika. Mais c’était plus fort qu’elle. La jeune femme avait un peu trop l’habitude de poser une tonne de question depuis que… eh bien, depuis que sa route avait croisé celle de Nathaniel. Il y avait tellement de chose que la jeune femme avait ignoré de la vie, et il lui avait appris tant. Oh, elle avait conscience qu’elle ne pouvait pas toujours se fier à son jugement, que son avis pouvait potentiellement être biaisé. Elle ne devait pas toujours prendre son avis en compte non, mais en même temps ça n’enlevait pas le fait que sans lui, elle vivrait encore dans l’ignorance sur beaucoup de chose. Même s’il n’avait pas toujours été celui qui lui avait révélé toutes les vérités, ça n’enlevait pas le fait que c’était quand même lui qui lui en avait appris le plus.

Alors, elle avait cette fâcheuse manie de vouloir constamment poser des questions, même quand elle savait que la réponse n’allait pas forcément lui plaire. Elle avait compris que Nathaniel avait ressentit quelque chose pour Latika, elle s’était doutée de la réponse. Et maintenant, elle ne devrait peut-être pas pousser le bouchon trop loin en lui demandant s’il l’aimait toujours, parce qu’elle n’était pas sûre de ce qu’elle avait envie d’entendre. Enfin, si, bien sûr, elle savait ce qu’elle n’avait pas envie d’entendre, mais ça risquait d’être difficile. L’homme ne commença évidemment pas en répondant à sa question, lui affirmant d’abord qu’elle était trop jeune pour savoir même ce que c’était que l’amour et ce que ce dernier impliquait.

Eleonore se senti vexée, comme ça arrivait bien souvent. Elle savait bien qu’elle ne devait pas vraiment prendre mal les paroles du « jeune » homme, parce qu’il avait l’habitude de la piquer, c’était quelque chose qu’il ne se retenait jamais de faire. Même si ce n’était pas toujours agréable à supporter. Sauf que voilà, Eleonore ne pouvait pas s’en empêcher. En un sens, elle voulait bien reconnaître qu’elle ne savait rien de l’amour – et elle n’était pas sûre d’avoir envie de trop se pencher sur la question en réalité –, mais l’entendre lui affirmer qu’elle était trop jeune c’était désagréable. Elle était jeune bien sûr, mais elle commençait à avoir vécu beaucoup de chose. Elle ne répondit rien à sa première remarque et de toute façon, il reprit la parole pour répondre réellement à sa question. Enfin, il lui affirma que non « pas vraiment », mais elle prendre ça pour une réponse.

« D’accord. » Se contenta-t-elle de répondre. Elle n’avait pas grand-chose à dire au final sur la réponse de Nathaniel. Elle ne savait pas si elle était au final satisfaite de l’entendre lui dire ça, ou non. Cela dit, elle ne savait pas non plus vraiment ce qu’elle attendait à la base, en posant cette question. « Mais je ne suis pas si jeune que ça. » Ne put-elle pas s’empêcher de dire.

Bon, elle était jeune bien sûr, mais… bref, pas tant que ça non plus.

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N

athaniel savait très bien que sa réponse n'allait pas plaire à Eleonore, en même temps, elle n'était pas destinée à lui plaire. Dans le cas contraire, il se serait très évidemment contenté de répondre un non catégorique à sa question, dans le seul but de la rassurer. Cela aurait pu être stratégique, pour conférer à Eleonore le sentiment d'être unique, exceptionnelle, et avoir une place de choix dans son coeur. Mais ce n'était pas le but de la manoeuvre. Quand bien même Nathaniel trouvait bel et bien Eleonore unique, exceptionnelle, et elle tenait en effet une place à part dans sa vie (pour ce qui était de son coeur, il fallait toujours s'interroger sur le fait qu'il en ait un ou non, donc cette question restait évidemment en suspens). Il ne cesserait jamais de vouloir la malmener, de faire qu'elle se questionne. Elle répondit par un simple "d'accord", il avait très envie d'insister, de la pousser à en dire plus, mais il allait la laisser tranquille, pour le moment.

D'autant plus que la jeune femme n'avait pas manqué de rétorquer qu'elle n'était pas si jeune que ça. Oh si, elle était terriblement jeune, beaucoup trop jeune pour tout ce qu'elle vivait, et qu'elle veuille se convaincre du contraire n'y changeait rien. La jeunesse d'Eleonore était une des choses qui l'attiraient chez elle, et en même temps le retenait. Pas parce qu'il aurait gagné un certain sens moral tout à coup irréprochable, mais parce qu'il y avait des cordes sur lesquelles il devait éviter de tirer, c'est assez évident, car elles pourraient en effet poser problème plus tard. Un sourire s'afficha au coin de ses lèvres malgré tout, il aimait voir la manière avec laquelle elle se défendait d'être qui elle était. Peut-être pour lui plaire ? Il n'en serait pas forcément surpris.

-Ton âme n'est plus si jeune, tu as raison, se contenta de répondre Nathaniel, lui accordant ce crédit-là, sans pour autant envisager de reconsidérer sa position. Il la considérerait toujours comme trop jeune quoi qu'il en soit. Et ce pourrait difficilement changer, évidemment. Le fugitif approcha sa main de la joue d'Eleonore et la caressa doucement, en ne la lâchant pas des yeux. La question était trop tentante. Tu aurais voulu que je te dise que je ne l'aimais plus, que c'est toi que j'aime, pas vrai ? dit-il sans perdre son sourire sybillin. Il ne la ménageait pas, mais peu importe, il n'était pas dans sa nature de ménager qui que ce soit. Dans le cas contraire, il cesserait tout simplement d'être lui-même. Et toi, Eleonore, est-ce que tu m'aimes ? dit-il sans la lâcher une seule seconde des yeux, et si ce regard pouvait la troubler et la déranger, alors il n'en était que plus ravi.

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Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Eleonore ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de contredire Nathaniel, même si en réalité, elle voulait bien reconnaître qu’elle était jeune. Comparé à Nathaniel – même si elle connaissait pas son âge réel, elle avait bien compris qu’il était bien plus vieux qu’il n’en donnait l’air –, la jeune femme était bien sûr plus jeune, bien plus jeune. Mais elle considérait quand même qu’elle avait vécu beaucoup de chose, lui permettant de considérer donc qu’elle n’était pas aussi jeune que toutes les jeunes femmes de son âge. Elle appréciait que Nathaniel lui affirme que son âme n’était plus si jeune que cela effectivement. Forcément, Eleonore ne pouvait pas s’empêcher d’apprécier ces propos, quand il allait dans son sens, même si ça ne changeait rien.

Elle ne dit rien dans tous les cas, le « jeune » homme approcha sa main de la joue de la jeune femme, la caressant. Ce geste avait le don de la faire frissonner. Mais ce ne fut rien en comparaison de ce qu’il lui affirma ensuite, en lui disant qu’elle aurait aimé qu’il lui affirme qu’il n’aimait plus Latika, et que c’était elle qu’il aimait. Elle se sentait évidemment mal à l’aise par la remarque du « jeune » homme, en grande partie parce qu’il touchait un point sensible, sans aucun doute ce qu’elle aurait vraiment aimé qu’il lui dise, même si ce n’était pas ce qu’elle avait envie d’avouer. Cela voulait dire qu’il l’aimait ? Elle n’en était pas sûr non, parce que sa phrase pouvait prêter à confusion. Il affirmait qu’elle avait envie qu’il dise ça, mais justement ça pouvait signifier le contraire donc. Et quand il lui demanda ensuite, si elle l’aimait, Eleonore ne put s’empêcher de sentir ses joues se rosir. Elle ne savait évidemment pas ce qu’elle pouvait répondre à cette question. Il y avait bien potentiellement une chose que la jeune femme pouvait répondre, mais elle serait bien incapable d’oser le faire en réalité.

« Tu l’as dit toi-même. » Dit-elle en levant les épaules, en tentant surtout de se donner une contenance. « Je suis beaucoup trop jeune pour savoir ce que c’est. »

Eleonore ne répondait donc clairement pas à la question de l’homme, mais elle ne se voyait pas capable de répondre. Elle pourrait se contenter de dire que non, elle ne l’aimait pas, mais en même temps elle savait bien que ce n’était pas entièrement vrai. Cela dit, est-ce qu’elle l’aimait ? La jeune femme n’en était pas si sûre que cela non plus. Il l’avait souvent mis hors d’elle, elle avait été souvent touchée parce qu’il pouvait bien lui dire. Il était évident qu’il y avait une connexion forte entre eux, il y avait forcément quelque chose, mais en même temps, Eleonore n’était pas entièrement capable de définir si c’était bel et bien de l’amour ou non. Au final, elle donnait raison à Nathaniel en lui répondant comme ça, mais elle n’avait surtout pas envie de lui donner satisfaction non plus.

« Mais toi qui sait tout. » Reprit-elle, parce qu’elle n’avait pas envie de laisser cette conversation aller que dans un seul sens. « Est-ce que tu m’aimes ? »

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Ce qui nous manque nous instruit.

L

e sourire de Nathaniel s'agrandit en entendant la réponse de sa jeune interlocutrice. Il n'en attendait pas moins de sa part, en réalité. Et elle avait raison. Sans doute ne savait-elle que répondre, en vérité, et pour une bonne raison. C'était vrai qu'elle était trop jeune. Elle était à cet âge où l'on se croit amoureux pour un rien et où on ne sait pourtant rien de l'amour, aux yeux du fugitif, c'était l'évidence. Elle s'était profondément attachée à lui, parce qu'il avait été son ancre dans un océan tourmenté, elle était qui elle avait choisi de croire, d'écouter et de suivre quand son monde n'était plus gouverné que par l'incertitude.

Elle avait peut-être un fond d'illusion d'amour pour lui, mais sans doute qu'elle ne l'aimait pas. Elle confondait fascination, peur, admiration, confiance, désir... des sentiments d'une puissance telle que, mêlés, ils pouvaient prêter à confusion. Peu importe ce qu'il y avait entre eux, c'était de toute évidence quelque chose de fort, mais surtout d'imprévisible. Qui n'avait pas pris qu'Eleonore de court, mais Nathaniel également. Ce n'était sans doute pas de l'amour, mais c'était quelque chose, malgré tout. Quelque chose qui mériterait sans doute de porter un tout autre nom. Nathaniel se doutait qu'il avait sans doute un peu vexé Eleonore, mais ce n'était ni la première, ni la dernière fois que cela arriverait. Et justement, ce lien, entre eux, ne serait pas tout à fait le même, sinon.

-Je suis flatté que tu puisses t'imaginer que je sais tout, répondit l'ancien prisonnier quand Eleonore lui retourna - bien évidemment et à juste titre sa question. Avec le temps, tu aurais du comprendre que c'est tout sauf le cas. En revanche, c'est vrai qu'il aimait en donner l'air. Jouer les savants lorsqu'on n'était jamais qu'un sot, cela pouvait bien souvent vous mettre en position de force. Nathaniel n'était pas un savant, il était juste main. Il la considéra un instant, prit un ton plus sérieux. Tu es différente. Et tout ce qui te concerne est différent. J'aime cette différence, profondément.

Ce qui n'était donc absolument pas une manière de lui répondre. Mais il ne pouvait pas dire à Eleonore qu'il l'aimait. Il était attaché à elle comme très peu d'autres pouvaient se targuer de bénéficier de la même affection, c'était vrai. Mais son ressenti était une affaire de circonstances, une affaire égoïste, également, car ce qu'il aimait d'elle, bien souvent, était ce qu'il apercevait de lui en elle. Alors même s'il était convaincu qu'elle trouverait sa réponse insatisfaisante, il ne pourrait pas lui en donner d'autre. C'était ainsi qu'il le voyait. Et c'était ainsi qu'il pensait. Au moins c'était relativement honnête.

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Nathaniel & Eleonore

Ce qui nous manque nous instruit.

Eleonore posait cette question, mais elle savait d’avance que Nathaniel ne prendrait pas la peine de répondre clairement à celle-ci. Il ne le faisait jamais. Elle posait beaucoup de question et lui répondait à sa manière, l’invitant à réfléchir par elle-même parfois, se contentant de lui retourner une question, répondant à côté. Elle était habituée à ne pas réellement obtenir de réponse à ses questions, mais en même temps ce n’était pas plus mal. Parce que la jeune femme n’était pas sûre de ce qu’elle avait envie d’entendre. Elle était incapable de comprendre ce qu’il y avait entre eux. Il y avait quelque chose de fort, elle ne pouvait pas le nier et au vu de la conversation qu’ils avaient depuis tout à l’heure, c’était encore plus évident. Leurs discussions, leurs gestes, leurs attitudes, tout ne faisait que prouver qu’il y avait bien un lien fort entre eux.

De l’amour pour autant ? En réalité, Eleonore avait une envie naïve de dire oui. Mais en réalité, elle ne savait même pas si c’était bel et bien ce qu’elle ressentait. Elle savait que si Nathaniel devait la trahir, l’abandonner, disparaître tout d’un coup, quelque chose se briserait en elle. Avant, elle aurait pu croire qu’elle l’aimait. Maintenant elle se disait qu’il y avait quelque chose, sans oser se dire qu’elle l’aimait réellement. Et elle ne savait pas si elle avait envie de l’entendre lui dire qu’elle l’aimait, comme il avait affirmé qu’il avait aimé Latika. Eleonore leva les yeux au ciel quand Nathaniel affirma qu’il était flatté qu’elle pense qu’il savait tout, mais qu’elle devrait savoir que ce n’était pas le cas. Ce qui était certain, c’était que tout ce qu’elle avait appris ces derniers temps, cela venait de lui. Ce qui devrait normalement lui faire peur, parce qu’il avait eu tendance à la façonner à son image, mais elle avait besoin de cette ancre qu’il était devenu pour elle.

Il lui répondit qu’elle était différente, que tout ce qui la concernait était différent et que c’était cette différence qu’il aimait. Qu’il aimait même cette différence profondément. Elle n’était pas étonnée de sa réponse, il répondait sans répondre donc, mais elle devait bien avouer que c’était ce qu’elle avait eu envie d’entendre au final. Même si ce n’était pas forcément très clair. Cependant, c’était quelque chose dont elle avait l’habitude et elle savait que faire dans ces moments-là.

« Différente de quoi ? De qui ? » Demanda-t-elle alors, en croisant les bras. C’était une bonne chose qu’elle soit différente, il devait bien l’avouer, elle préférait ça. Elle n’avait aucune envie d’être comme tout ce qu’elle avait découvert depuis que la vérité avait commencé à sauter à son visage. « Comment je suis différente ? Qu’est-ce qui est différent avec moi ? »

Avait-elle réellement besoin de ses réponses ? Pas forcément, mais c’était sa manière de réagir à la façon dont il lui répondait. Elle ne partait pas vraiment à la pêche au compliment, ce n’était pas ce qu’elle attendait. Elle aimait juste… voir à travers les yeux de Nathaniel.

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